Cours du 21 juin 02 Le savoir de lâauteur, câest le savoir de la vĂ©ritĂ© La sĂ©ance dâaujourdâhui est la derniĂšre de lâannĂ©e ; je vais essayer de rĂ©pondre au moins implicitement aux questions qui sont restĂ©es en suspens, et de conclure avant que nous repartions Ă la rentrĂ©e vers de nouvelles aventures. Il nây a dâautoritĂ© quâĂ ce que le savoir ne compte pas lĂ oĂč on lâon a des raisons dâobtempĂ©rer ou dâapprĂ©cier, on ne reconnaĂźt personne mais uniquement lesdites raisons on reconnaĂźt un savoir qui est sujet Ă la place du sujet. Autrement dit on reconnaĂźt le sujet dâun choix, alors que le sujet de lâautoritĂ© est toujours celui dâune dĂ©cision. Car elle est toujours autoritĂ© de celui qui compte, et il nây a pas de diffĂ©rence entre reconnaĂźtre que quelquâun compte et reconnaĂźtre quâil sâest autorisĂ© de lui-mĂȘme, quâil est sa propre autoritĂ© â celle-lĂ mĂȘme qui dĂ©finit la dĂ©cision de nâavoir jamais lieu au prĂ©sent. La question de lâauteur est celle de cette impossibilitĂ© le vrai sujet ne peut pas ĂȘtre contemporain de son propre gĂ©nie et câest de cela quâil sâagit dans la notion du gĂ©nie, câest-Ă -dire de lâĂ©thique dâĂȘtre soi. En quoi nous retrouvons la paradoxale antĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme â et certes, il ne pouvait de toute façon pas sâagir dâautre chose pour finir notre annĂ©e. Or lâantĂ©rioritĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme ne peut par principe correspondre Ă rien pour quâil en soit ainsi non seulement il faudrait faire de la vĂ©ritĂ© une sorte de rĂ©alitĂ©, mais encore il faudrait que cette rĂ©alitĂ© fĂ»t prĂ©cĂ©dĂ©e dâune autre rĂ©alitĂ© plus originelle qui ne serait jamais , comme telle, quâune stupiditĂ© placĂ©e avant les autres un fait, prĂ©cisĂ©ment. LâexclusivitĂ© sâentend dâabord comme celle du fait et du droit, et elle est constitutive de la notion de lâauteur puisque celui-ci, nâest pas celui qui sâexprime mais celui qui signe autrement dit nâest pas la cause du texte mais, prĂ©cisĂ©ment, son autoritĂ©. Ensuite lâexclusivitĂ© du droit Ă son propre fait si câest un fait quâil y a le droit, ce fait ne fait pas droit donc il nây a pas de droit autrement dit de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme on sait quâ » il nây a pas de vĂ©ritĂ© de la vĂ©ritĂ© , cette double exclusivitĂ©, dis-je, on la rĂ©flĂ©chira forcĂ©ment comme une aberration. DâoĂč ma derniĂšre thĂšse pour cette annĂ©e câest lâaberration qui fait lâautoritĂ©, autrement dit lâexclusivitĂ© Ă la mĂ©taphysique, si lâon nomme ainsi la raison comme discours. Partout oĂč la mĂ©taphysique est rĂ©cusĂ©e, autrement dit partout oĂč la rĂ©flexion a perdu son droit, il y a autoritĂ© et pour cette seule raison. En quoi je reviens paradoxalement Ă ce que jâai dit de la mĂ©taphore, qui nâest pas une maniĂšre de signifier mais une folie. Non pas que toute folie soit mĂ©taphore, mais en ceci quâil nous est impossible de ne pas faire de la folie une mĂ©taphore. Et quand nous avons opĂ©rĂ© cette conversion, nous avons reconnu lâautoritĂ©. Câest pourquoi il est impossible de sĂ©parer lâautoritĂ© de sa reconnaissance une autoritĂ© que nul ne reconnaĂźt nâen est tout simplement pas une. MĂ©taphysique et autoritĂ© LâautoritĂ© est, entendue comme Ă©thique, lâantĂ©rioritĂ© mĂȘme de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme et câest ce que signifie lâexpression » sâautoriser de soi , puisquâil est impossible dâen donner une comprĂ©hension mĂ©taphysique on sâautoriserait alors ou de son savoir, ou de sa place. La notion dâautoritĂ© sâentend en exclusivitĂ© Ă la mĂ©taphysique, puisquâelle sâentend en exclusivitĂ© Ă la question des biens, comme on le voit non seulement dans le paradoxe des mauvais textes ce sont eux qui font lâauteur, puisque lâacceptation des bons va de soi, mais encore dans lâimpossibilitĂ© quâaucune dĂ©cision soit jamais justifiable. LâexclusivitĂ© de lâautoritĂ© et de la mĂ©taphysique entendue comme le discours du maĂźtre sera par consĂ©quent traduite par lâimpossibilitĂ© que lâautoritĂ© concerne jamais le service des biens, dans lequel prĂ©cisĂ©ment le maĂźtre sâimpose ce qui est une maniĂšre de dire que seul quelquâun qui ne compte pas peut valoir comme maĂźtre. Or la mĂ©taphysique, câest le discours de la raison celui de la lĂ©gitimitĂ© et de la reconnaissance rĂ©ciproque. Rien de moins lĂ©gitime que lâauteur, lui qui nous impose la vĂ©nĂ©ration de mauvais textes, et aussi rien de moins rĂ©ciproque le respect quâil inspire est justement le sentiment que nous Ă©prouvons de ne pas compter, en face de lui. LâexclusivitĂ© de lâautoritĂ© et de la mĂ©taphysique impose dâadmettre lâaberration originelle et ultime de toute autoritĂ© câest le mĂȘme de fonder une autoritĂ© et de la supprimer comme autoritĂ©. On ne sâautorise donc jamais que de sa propre folie. ConcrĂštement, on nâest un auteur quâĂ la condition de ne pas comprendre de ne pas pouvoir expliquer pourquoi on fait ceci plutĂŽt que cela, câest-Ă -dire quâĂ la condition de nâavoir jamais choisi ce que lâon fait. Et si lâacte de choisir consiste Ă dĂ©missionner de soi au profit du savoir, on peut dire que toute dĂ©cision est folle non seulement au sens oĂč elle a forcĂ©ment lieu sans le savoir injustifiable et prise en nous bien avant quâon puisse savoir quâelle a Ă©tĂ© prise mais encore oĂč lâon agit sans jamais avoir choisi dâagir ni dâagir comme on agit, et enfin au sens oĂč lâon agit forcĂ©ment en exclusivitĂ© du service des biens, qui est lâordre des choix. Rien lĂ que de trĂšs banal lâidĂ©e dâune bonne ou dâune mauvaise dĂ©cision est une contradiction dans les termes, et câest seulement par une opĂ©ration rĂ©flexive de conversion quâon pourra traiter une dĂ©cision comme si elle avait Ă©tĂ© un choix. Câest ce qui rend compte du paradoxe des mauvais textes qui sont ceux oĂč lâauteur apparaĂźt bien comme tel on les dit mauvais comme si lâon pouvait choisir selon des critĂšres alors que toute cette problĂ©matique ne compte pas, et que câest justement par cela que les textes en question font autoritĂ©. DâoĂč ce dernier paradoxe dâune part les auteurs produisent un savoir dont on ne peut rĂ©cuser la rĂ©alitĂ© Kant nous apprend ce quâil en est de la morale, par exemple et dâautre part, ils ne le font quâautorisĂ©s dâeux-mĂȘmes, dans la folie dâune position subjective quâon a suffisamment dĂ©finie en disant que le savoir ne compte pas le penseur pense, justement il ne compile pas des lectures. LâunitĂ© du savoir et de la folie dĂ©finissent donc la production de lâauteur. Il nây a dâautoritĂ© que folle et que violente, je le maintiens, mais de mĂȘme que toute dĂ©cision dĂ©cide forcĂ©ment de quelque chose par exemple dâune politique, de mĂȘme tout auteur dit forcĂ©ment quelque chose, ne serait-ce que son autoritĂ© par exemple une peinture qui ne reprĂ©sente rien et qui sâimpose dâelle-mĂȘme prĂ©cisĂ©ment comme acte pur de peindre. Folie et savoir sont donc insĂ©parables quand on pose la question de lâautoritĂ©. Evidemment, toute la question est de savoir de quoi on parle aussi bien Ă travers le premier terme que le second. Un savoir en exclusivitĂ© Ă lâenseignement. Le savoir des auteurs ne sâenseigne pas, au sens classique du terme, parce quâon nâenseigne seulement le savoir des autres. Je le dis plus simplement on nâenseigne jamais un savoir mais uniquement lâhistoire dâun savoir â y compris bien sĂ»r lâhistoire contemporaine de celui qui parle le professeur peut faire cours sur le dernier livre dâun penseur dont il est par ailleurs le contemporain. LâexclusivitĂ© du savoir et de lâenseignement nâest un paradoxe quâen apparence. Car si le » bon sens » pose quâon ne peut rien enseigner quand on ne sait pas, il le fait Ă lâencontre de toute lâhistoire de la pensĂ©e qui Ă©tait Ă chaque fois lâenseignement de gens qui ne savaient pas, puisquâils parlaient ou Ă©crivaient et ne rĂ©pĂ©taient pas. Ce nâest en effet pas du tout le mĂȘme dâĂȘtre un enseignant et dâavoir un enseignement Socrate ou Lacan avaient un enseignement, mais ils nâĂ©tait certes pas des enseignants. Inversement, on nâest un enseignement quâĂ nâavoir soi-mĂȘme strictement rien Ă enseigner. On ne peut donc pas ĂȘtre surpris de lâopposition que je prĂ©sente en disant quâil appartient Ă tout auteur de faire autoritĂ© câest-Ă -dire dâavoir un enseignement. En quoi je nâen fais pas une sorte de professeur mais Ă chaque fois le sujet paradoxal dâun savoir. Ce savoir, nous lâavons dĂ©jĂ pensĂ© Ă travers la question des » natures , dont le principe est quâelles procĂšdent du nom propre, lequel ne veut rien dire â nâest la position dâaucun savoir. le savoir de lâauteur est un savoir de pure nomination et en ce sens il ne dit absolument rien. Que la morale soit finalement de » nature » kantienne, ainsi que chacun lâadmet dĂšs quâil fait lâeffort de ne plus confondre la morale et lâĂ©thique, mais dâautre part câest une vĂ©ritĂ© qui ne veut rien dire. La derniĂšre vĂ©ritĂ©, ce quâil fallait finalement savoir, câĂ©tait le nom propre qui constitue le savoir prĂ©cisĂ©ment comme vĂ©ritĂ© et pas simplement comme savoir. VoilĂ lâautoritĂ© que le savoir sâentende selon le nom propre qui, comme tel, exclut le savoir. La violence et la folie dont je parlais pour opposer lâautoritĂ© Ă la mĂ©taphysique, on les trouve donc dans ce paradoxe du savoir qui en soit vraiment un autrement dit qui ne soit pas le savoir dâun maĂźtre â mais tout au contraire dâun auteur, de quelquâun qui est sa propre Ă©trangetĂ© et nâexiste que dans la surprise dâĂȘtre soi alors que, comme on sait, le maĂźtre est dâabord celui qui se maĂźtrise lui-mĂȘme La question de lâautoritĂ© est donc aussi bien celle dâun savoir qui est un savoir sans savoir et que pour cette raison jâappellerai le vrai savoir. On peut dire aussi le » gai » savoir. Le vrai savoir est le savoir dispensĂ© par lâauteur, par opposition au savoir rĂ©el dispensĂ© par lâenseignant, toujours asservi au domaine des biens. Avoir un enseignement et profĂ©rer le vrai savoir, câest par consĂ©quent la mĂȘme chose. Tout le contraire du fait dâĂȘtre un enseignant qui, lui, entend bien nous faire admettre comme rĂ©el cela dont il a le savoir. Le vrai savoir ne dit rien, ne sait rien, ne fait rien savoir, bien quâil soit indubitablement un savoir. Câest ce paradoxe qui a pu faire confondre lâauteur qui est toujours un gĂ©nie terme qui renvoie non pas Ă quelque » don » irresponsable mais Ă la seule Ă©thique dâĂȘtre soi avec le maĂźtre qui est toujours un mĂ©diocre, puisque câest de sa place quâil sâautorise pour parler ou pour agir. Le vrai savoir est le savoir ultime, celui des » natures » et câest de lui quâil sâagit quand nous rĂ©flĂ©chissons notre lecture dâun auteur. Câest le savoir de la reconnaissance personnelle dans une aberration qui se trouve prĂ©cisĂ©ment constituĂ©e par le savoir comme rĂ©ponse Ă la question qui. Car câest bien du seul nom propre que sâentend ce savoir â nom qui a, justement de ne rien vouloir dire, la capacitĂ© de rĂ©pondre Ă la question de savoir qui lâon est. Tout savoir â sauf justement le savoir de lâauteur â rĂ©pond Ă la question quoi. Par exemple exposer les variations du cours du blĂ© dans la seconde partie du dix-huitiĂšme siĂšcle, câest pour celui qui le fait rĂ©pondre Ă la question de ce quâil est un historien. Que Kant nous parle de la morale rĂ©pondrait pareillement Ă la question quoi câest un philosophe. Mais, au-delĂ de ce que nâimporte quel professeur peut nous en dire, il nâa, lui et en vĂ©ritĂ© et non plus en rĂ©alitĂ©, quâune seule chose Ă nous dire de la morale prĂ©cisĂ©ment quâil ne peut pas nous en dire la vĂ©ritĂ© et que par lĂ mĂȘme il est en train de nous la dire. Bref, la distinction du savoir rĂ©el et du savoir vrai est celle de lâimpossibilitĂ© subjective dont la notion de » nature » est le pendant en quelque sorte objectif. LâimpossibilitĂ© dans laquelle il se trouve de dire ce quâil doit finalement ou originellement dire, nous savons que câest le statut de lâauteur. De sorte que le savoir dont, comme auteur et non pas comme enseignant, il est la garantie, câest un savoir non pas sur mais de lâimpossibilitĂ© dâĂȘtre soi. Or soi, dans cet exemple, cela signifie simplement ĂȘtre Kant. Il Ă©tait Kant justement de ne pas pouvoir lâĂȘtre contrairement Ă un fou qui se serait pris pour Kant et câest par cette impossibilitĂ© sur laquelle il nâa pas cĂ©dĂ© que dĂšs lors il est un auteur. LâimpossibilitĂ© dâĂȘtre Kant Ă©tait sa pensĂ©e mĂȘme. Etre sa propre impossibilitĂ© sâappelle tout simplement la pensĂ©e, dont le corrĂ©lat est le vrai il peut bien nous dire ce que la morale est rĂ©ellement et cela est trĂšs important ; mais ce nâest pas cela qui compte, Ă propos de la morale nous voulons savoir ce quâelle est vraiment. Et nous le savons, dĂ©sormais elle est kantienne. Que par exemple un anthropologue montre la nĂ©cessitĂ© structurale de chacun des moments dont le philosophe aura montrĂ© la rĂ©alitĂ©, et nous saurons bien que ce nâest pas vraiment de la morale quâil parlera, bien quâen rĂ©alitĂ© il ne parlera pas dâautre chose Pas de vĂ©ritĂ© dans lâĂ©noncĂ©, puisque la vĂ©ritĂ© sâentend Ă lâencontre de la rĂ©alitĂ© sans quâil y ait pour autant rien Ă en ajouter ou Ă en retirer â de sorte que seul le nom impossible peut nous faire reconnaĂźtre pour vrai un Ă©noncĂ© dont par ailleurs lĂ oĂč ça ne compte pas un anthropologue peut nous montrer quâil correspond Ă la rĂ©alitĂ©. Pas de vĂ©ritĂ© non plus au niveau de lâĂ©nonciation lâanthropologue en question parlera depuis son savoir, câest-Ă -dire installĂ© dans la possibilitĂ© que lui confĂšre celui-ci dâĂȘtre un locuteur autorisĂ©. Lui ou personne, câest donc pareil, sauf quâil faut bien un vĂ©hicule, un truchement pour actualiser le savoir qui ne parle pas tout seul. Lâanthropologue est un enseignant mais Kant a un enseignement, pour reprendre la distinction dont je suis parti. LâexclusivitĂ© de la vĂ©ritĂ© et de lâexactitude dont nous avions parlĂ© il y a quelques semaines permet de penser le savoir de lâauteur, dans son opposition Ă tout autre savoir quâon imaginerait pouvoir lui substituer il faut que la rĂ©alitĂ© ne compte pas â ce qui implique Ă©videmment quâelle importe, tout savoir Ă©tant savoir de quelque chose. Ce que nous dit Kant de la morale importe au plus haut point, nous le savons tous, mais ce nâest pas ce qui compte pour que nous ayons le devoir de le lire ; car lâimportance de son savoir ne concerne que nous, notre curiositĂ© que nous avons Ă satisfaire ou la besogne professorale que nous devons assurer. Kant ne compte pas, dans ces misĂšres. Et sâil ne compte pas, on ne voit pas en quoi on pourrait le considĂ©rer comme un auteur, comme faisant autoritĂ©. Eh bien câest justement de le savoir que nous nous reconnaissons obligĂ©s Ă le lire, dâun savoir qui nâest donc pas le service de nos biens mais au contraire la reconnaissance dâune vĂ©ritĂ© dont ce service lui-mĂȘme aura ensuite Ă relever les importances irrĂ©cusables sont forcĂ©ment ordonnĂ©es Ă ce qui compte et devant quoi nous, nous ne comptons pas. Alors que câest lâĂ©tudiant qui compte dans le savoir du professeur ni les ouvrages quâil a lus, ni lui-mĂȘme comme somme subjective de ses lectures ou le lecteur dans celui de lâessayiste, nous savons, nous, quenous ne comptons pas quand nous lisons un auteur. Si aucun Ă©tudiant ne profite du cours dâun professeur, si satisfait que celui-ci ait pu ĂȘtre en le prĂ©parant, eh bien le cours est mauvais. Mais quâon ne soit pas marquĂ© par un auteur, cela ne concerne que nous, que notre mĂ©diocritĂ©. Ainsi apercevons-nous clairement en quel sens il faut opposer le savoir Ă lâenseignement, du moins dans son sens habituel qui consiste Ă faire de lâenseignĂ© lâinstance dĂ©cisive de ce qui aura Ă©tĂ© dit et par consĂ©quent aussi du sujet qui lâaura dit. Ce quâil faut retenir en somme de cette idĂ©e dâun savoir propre Ă lâauteur, câest son vide absolu le savoir des » natures , lesquelles sont des identifications ontologiques par un nom qui a pour dĂ©finition de nâapporter aucun savoir. Un savoir qui nâenseigne rien mais qui est vrai. Tel est le savoir de lâauteur. Lâauteur nâa jamais rien Ă dire, sinon justement ce qui ne peut pas ĂȘtre dit par lui mais par nâimporte qui dâautre. LâunicitĂ© de lâauteur est par consĂ©quent toute nĂ©gative on lâimagine dotĂ© dâune capacitĂ© extraordinaire alors que câest exactement le contraire qui est vrai il est le seul Ă ne pas pouvoir dire une certaine chose et par lĂ mĂȘme, pour nous tous qui le lisons et qui ne comptons pas devant lui, il est lâunique. Le paradoxe extrĂȘme dâune constitution par la vĂ©ritĂ© Lâunique, câest celui qui nâa pas de semblable celui dont la semblance nâest pas lâordre naturel. Il est bien un semblable un humain, pĂšre de famille, automobiliste, contribuable et tout ce quâon voudra dâautre, mais ça ne compte pas, de sorte que câest aussi bien relativement Ă lui-mĂȘme, en exclusivitĂ© de soi, quâil est lâunique. Un sujet semblable et donc comprĂ©hensible â et par ailleurs un vrai sujet, Ă©tranger Ă nous autant quâil lâest Ă lui-mĂȘme. Devant lui nous ne comptons mais, mais lui non plus. Ne pas compter quand il sâagit vraiment de soi, tel est le paradoxe subjectif de lâautoritĂ© par exemple, il nây avait pas de Charles en De Gaulle â dâaprĂšs Malraux. On pourrait parler de sacrifice de la vie Ă la vĂ©ritĂ©, ou encore de lâinstallation dâune diffĂ©rence entre le sujet pur et le sujet empirique, mais il ne sâagit pas de cela seulement de lâimpossibilitĂ©, telle quâon lâexprime en termes positifs quand nous disons quâil appartient Ă la vĂ©ritĂ© de ne lâĂȘtre quâen vĂ©ritĂ©, câest-Ă -dire quâen impossible antĂ©rioritĂ© Ă elle-mĂȘme. Depuis toujours un mot manquait pour que la signification soit totale ou, si lâon prĂ©fĂšre user dâun langage lacanien, pour que lâAutre assure le sens. Lâauteur est celui qui sâest installĂ© dans ce manque, et qui ne se paiera pas de mots notamment quand le nom qui est commun Ă toute sa famille aura la prĂ©tention dây rĂ©pondre. La propriĂ©tĂ© du nom est lâimpossibilitĂ© de la rĂ©ponse qui assurerait la signification ou, dirais-je plutĂŽt, qui rĂ©pondrait enfin Ă la question de savoir qui lâon est parce que la rĂ©ponse quâelle donnerait, dâĂȘtre commune, dirait seulement ce que lâon est ou la place quâon occupe. Jâinsiste sur le paradoxe de cette question, celle qui renvoie au savoir dont je viens de parler et qui est en propre le savoir de lâauteur â celui de son enseignement parce quâil ne peut pas ĂȘtre celui dont il serait lâenseignant. Lâunique ne peut pas relever, quant au savoir dont sa question est lâexigence, dâune rĂ©ponse commune bien que par ailleurs il appartienne Ă toute rĂ©ponse dâĂȘtre commune. Parler dâun savoir rĂ©pondant Ă la question qui paraĂźt bien une contradiction dans les termes, puisquâil nây a de savoir que de quelque chose et non pas de quelquâun, par exemple un sujet. Le nom propre et sa vacuitĂ© lĂšvent la difficultĂ©. Dâun autre cĂŽtĂ©, la question de savoir qui lâon est insiste toujours, et par consĂ©quent aussi lâĂ©ventualitĂ© du savoir dont elle est par dĂ©finition lâexigence. Ce paradoxe ouvre alors sur cette solution inouĂŻe dont je parle celle dâun savoir qui, comme savoir de quelque chose, ne compte pas et qui, comme savoir de quelquâun, ne soit savoir de rien. Câest ce paradoxe que jâindiquais dĂ©jĂ en disant que lâauteur pouvait bien ĂȘtre sujet comme tout le monde mais que par lĂ mĂȘme sa rĂ©alitĂ© de sujet ne comptait pas Ă lâunique il nâappartient pas dâĂȘtre rĂ©ellementsujet, mais de lâĂȘtre vraiment. DâoĂč cette nĂ©cessitĂ© que le savoir le concernant soit savoir de la diffĂ©rence vĂ©ritative. Dans le savoir de lâauteur, il est forcĂ©ment question de lâimpossibilitĂ© de jamais rĂ©duire la vĂ©ritĂ© Ă la rĂ©alitĂ© et câest de cette impossibilitĂ© quâil sâagit expressĂ©ment quand on parle dâautoritĂ©. Le savoir donc je viens de parler et qui nâest littĂ©ralement savoir de rien parce que les natures effectuent le nom propre dont la dĂ©finition est justement dâexclure toute signification, est-ce quâil nâest pas par lĂ mĂȘmežcâest-Ă -dire dans son paradoxe de ne pas ĂȘtre savoir de quelque chose, le savoir de la vĂ©ritĂ© ? Et cela, je le rapporte Ă ce que nous savons depuis longtemps que la diffĂ©rence entre quelque chose notamment un sujet et quelquâun, câest la vĂ©ritĂ© ! La vĂ©ritĂ© qui nâest la vĂ©ritĂ© quâen vĂ©ritĂ©, dont il nây a pas de vĂ©ritĂ©. Bref, lâimpossibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© cause la vĂ©ritĂ© prĂ©cisĂ©ment comme telle câest-Ă -dire comme autorisĂ©e â dĂšs lors dâun nom propre, dâun nom qui ne peut en aucune maniĂšre constituer une raison sur laquelle la vĂ©ritĂ© pourrait tabler dâune maniĂšre mĂ©taphysique pour ĂȘtre rĂ©ellement la vĂ©ritĂ©. Car il nây a de vĂ©ritĂ© que vraiment â ce qui revient aussi bien Ă dire quâil nây en a en fait pas du tout, ainsi quâen tĂ©moigne le scandale mĂ©taphysique des mauvais textes lâautoritĂ© nâest pas une sorte de force. Cela dit la nĂ©cessitĂ© pour la vraie parole de ne pas ĂȘtre sans objet de mĂȘme quâil faut distinguer entre ignorer et nâĂȘtre pas sans savoir, il faut distinguer entre avoir un objet et nâĂȘtre pas sans objet impose quâon reconnaisse Ă celui-ci une constitution dont le paradoxe est quâelle soit constitution par la vĂ©ritĂ© alors que la notion de constitution est habituellement rĂ©servĂ©e Ă la dĂ©possession subjective. Cette constitution est paradoxale Ă lâextrĂȘme, puisque les notions de constitution et de vĂ©ritĂ© se dĂ©finissent quasiment dâĂȘtre en exclusivitĂ© lâune de lâautre lâobjet oĂč mon savoir se rĂ©alise littĂ©ralement nâest pas la » chose en soi » de sorte que sa rĂ©alitĂ© nâest finalement rien dâautre, comme on le voit dans lâidĂ©alisme rĂ©flexif dont nous sommes tous structurellement partisans puisquâil est la rĂ©flexivitĂ© mĂȘme, que la rĂ©alisation du sujet dĂ©fini par le savoir. Ce sujet, moi je dis que câest le sujet de la trahison câest le sujet du choix dont le savoir est le vĂ©ritable sujet, Ă la place de celui qui sâimagine poser un acte. Le sujet de la dĂ©cision, tout au contraire, ne sâentend quâĂ ce que le savoir ne compte pas lâimpĂ©ratif » dĂ©cidez-vous ! » signifie concrĂštement » laissez en arriĂšre le savoir et prenez enfin vos responsabilitĂ©s ! . Bref, on peut dire que câest le mĂ©diocre celui que nâimporte qui aurait Ă©tĂ© Ă la mĂȘme place ou encore lâ » en tant que . Lâordre du transcendantal est celui de cette mĂ©diocritĂ© dont lâaspect en quelque sorte objectif a dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par nous quand nous nous sommes aperçus que la morale, qui en est lâeffectuation impossible de nâĂȘtre pas kantien sur ce point pouvait se ramener Ă cette idĂ©e que lâautre humain, animal, rĂ©el ne comptait pas puisquâen lâautre homme, câest lâhumanitĂ© qui compte et donc pas lui, dans lâaberration originelle de son irrĂ©ductible altĂ©ritĂ© Ă lâhumain. Nous savons aussi que cette » mĂ©diocritĂ© » câest mon terme est intenable, et jâinterprĂšte la troisiĂšme critique de Kant Ă partir de ce caractĂšre. Mais peu importe ici retenons simplement que » constituer , au sens transcendantal, signifie dĂ©possĂ©der du statut de sujet et par consĂ©quent exclure toute Ă©ventualitĂ© dâavoir jamais affaire au vrai â puisquâil nây a rien dâautre Ă en dire que ceci il est le sujet de la vĂ©ritĂ©. Quand donc on parle dâune constitution par la vĂ©ritĂ©, il semble quâon pose tout simplement une contradiction dans les termes. Sauf, peut-ĂȘtre, Ă lâissue dâune rĂ©flexion assez longue sur cette notion de vĂ©ritĂ©, dont nous avons reconnu quâelle renvoyait toujours Ă lâautoritĂ© â si lâon nomme vrai cela qui est autorisĂ© Ă ĂȘtre lui-mĂȘme le sujet de la vĂ©ritĂ© ce que jâappelle lâantĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme. Eh bien cette constitution par la vĂ©ritĂ©, câest tout simplement le savoir de lâauteur celui dâun sujet parlant qui a un enseignement dont seul le nom de celui qui parle est la garantie. Bref, on a compris que le vrai savoir, câest le savoir des » natures » dans lâimpossibilitĂ© quâil soit jamais admis comme tel par celui qui le pose. Kant, lui, peut seulementparler de la morale dans lâimpossibilitĂ© originelle dâen dire Ă la fois le dernier mot et la vĂ©ritĂ© â Ă savoir prĂ©cisĂ©ment quâelle est kantienne. Et câest de cette impossibilitĂ© du dernier mot que sa parole est vraie. Eh bien cette parole vraie, quand elle porte sur la morale, elle la dit en vĂ©ritĂ© ! Le savoir que Kant nous dispense sur la morale est un vrai savoir et concerne vraiment la morale â alors que le savoir anonyme dâun professeur nâest quâun savoir rĂ©el qui ne concerne rien de vrai, toujours dĂ©jĂ supplantĂ© quâil est par le nouveau savoir dĂ©jĂ en train de sâĂ©laborer par ailleurs. Le savoir de lâauteur qui tient au dernier mot alors que le savoir habituel sâentend dâexclure le dernier mot lequel fait toute la diffĂ©rence entre savoir qui est possible et tout savoir qui est impossible est pour cette raison constituant dâun objet dĂšs lors lui-mĂȘme vrai. Vrai, cela signifie sujet de sa propre vĂ©ritĂ© et non pas constituĂ©. Bref, pour penser le savoir de lâauteur il suffit de dire, par exemple, que Kant a autorisĂ© la morale Ă ĂȘtre enfin sujet de sa vĂ©ritĂ©. La morale antique de recherche du bien nâest pas la vraie morale, celle quâon appelle kantienne, oui. VoilĂ , câest trĂšs simplement quâon rĂ©sout le paradoxe de la constitution de lâobjet par la vĂ©ritĂ© en posant lâantĂ©rioritĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme sous le nom dâautorisation. Et celui qui autorise, forcĂ©ment, câest lâauteur. Ce que nous devons aux auteurs MĂ©taphysiquement , on peut sâinterroger quâavons-nous besoin des auteurs ? En fait, câest-Ă -dire touchant la rĂ©alitĂ© des choses et les raisons dâadmettre les discours, nous nâen avons aucun besoin ! Les » derniers hommes » le savent, qui ne respectent rien et plaignent la rĂ©vĂ©rence dont on faisait preuve, dans le passĂ© eux, au moins, ils ne sont plus dupes de rien ils ne cessent de » cligner de lâĆil ; je dirai quâils ne le sont notamment pas dâun nom qui, par sa seule invocation, imposait la conservation de mauvais textes ! Aux Ă©poques dâignorance lointaine, on rĂ©vĂ©rait, on craignait, on respectait. Et Ă quoi tout cela correspond-il ? A rien, câest Ă©vident. Ils en ont pris conscience et se sont ainsi libĂ©rĂ©s, dĂ©sormais disponibles pour une vie qui ne soit plus que le service des biens parce quâen effet il nây a rien dâautre qui puisse importer. En quoi ils sont bien les derniers hommes, si lâhomme est lâanimal mĂ©taphysique la mĂ©taphysique enfin rĂ©elle, câest tout bonnement la vie qui est Ă elle-mĂȘme sa propre norme et sa propre nĂ©cessitĂ©. Ils ont donc bien » inventĂ© le bonheur . LâĂ©poque des derniers hommes, celle du tourisme gĂ©nĂ©ralisĂ©, celle de la santĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e et du corps toujours » performant , celle de la » guerre zĂ©ro mort » y compris chez lâennemi auquel on dĂ©pĂȘche des Ă©quipes humanitaires on pourrait trouver une multitude dâautres exemples â dont nul nâa le droit de dire quâils sont malheureux, câest lâĂ©poque oĂč la notion mĂȘme dâauteur dâautoritĂ© nâa plus de sens, et oĂč lâon considĂšre avec une commisĂ©ration amusĂ©e les gens des Ă©poques antĂ©rieures qui nâĂ©taient pas des Ă©poques dâĂ©galitĂ© entre les hommes et de disponibilitĂ© gĂ©nĂ©rale de toutes les choses câest dâune notion, celle dâautoritĂ©, quâils Ă©taient dupes ! Dâun simple mot, en somme. Si lâunitĂ© que la vie est finalement avec elle-mĂȘme est le critĂšre rĂ©el la vie se doit de nâĂȘtre pas souffrance, de nâĂȘtre pas douleur, dâĂ©radiquer jusquâĂ lâidĂ©e de la mort, autrement dit si lâon est enfin parvenu Ă une notion immanente de lâaccomplissement, alors il est Ă©vident quâil ne peut plus y avoir dâauteurs. Et de fait, lâĂąge de lâĂ©galitĂ© dĂ©mocratique et de lâuniverselle dignitĂ© des expressions impose quâon ne fasse pas de hiĂ©rarchie, et que les bavardages journalistiques, les graffitis muraux ou les vers de Racine soient mis sur le mĂȘme plan chacune dans son ordre, ces expressions sont authentiques et par lĂ mĂȘme Ă©galement dignes de considĂ©ration. LâidĂ©e dâauteur est celle dâune imposture â thĂšse qui suffirait peut-ĂȘtre Ă cerner la notion nietzschĂ©enne des derniers hommes. En quoi jâai peut-ĂȘtre rĂ©pondu Ă la question de savoir ce que nous devons aux auteurs ils nous donnent lâabsolue irrĂ©ductibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă lâauthenticitĂ©. IrrĂ©ductibilitĂ© qui rendraient les derniers hommes fous de rage si elle ne leur inspirait, par commisĂ©ration envers nous, le dĂ©sir humanitaire de nous guĂ©rir. Ma vĂ©ritĂ© nâest pas mon authenticitĂ© et ce nâest pas Ă mâexprimer sincĂšrement ni Ă me tenir au plus prĂšs de mes » racines » que jâaurai la plus petite chance dâĂȘtre moins mĂ©diocre que moi-mĂȘme. Bien au contraire, puisquâen dĂ©cidant ainsi dâĂȘtre ma propre familiaritĂ© mes sentiments » profonds , mon histoire nationale, rĂ©gionale, familiale, etc. je mâinterdirai expressĂ©ment de me chercher dans ma propre Ă©trangetĂ©, câest-Ă -dire lĂ oĂč il est pour toujours impossible que je me comprenne⊠Et pourtant je sais bien que les seuls moments qui ont comptĂ© dans ma vie, ceux qui font quâelle est vraiment la mienne, se sont en quelque sorte passĂ©s sans moi. Or comment reconnaĂźtrais-je pour moi-mĂȘme une vĂ©ritĂ© de cet ordre, si lâĂ©trangetĂ© ne mâavait pas Ă©tĂ© donnĂ©e sous la forme de lâimpossibilitĂ© de la semblance ? Je le dis plus concrĂštement il ne peut pas y avoir de promesse ou de pardon venant dâun autre qui soit mon semblable, parce que je sais bien, moi qui suis le semblable de tous mes semblables, quâil mâest aussi impossible quâĂ eux de promettre que de pardonner ! Je peux juste mâengager et passer lâĂ©ponge, comme on dit familiĂšrement. Quâen serait-il en effet dans lâun et lâautre cas, sinon de la mĂȘme absurditĂ© que la rĂ©alitĂ© ne compte pas ! Il nây a de promesse, je lâai souvent dit, que dans le rejet des raisons de ne pas tenir parole qui tissent la rĂ©alitĂ© et, Ă©minemment, que dans le rejet de la meilleure de raisons quâon soit mort le moment venu. Celui qui aime, si lâon mâaccorde quâaimer câest promettre dâaimer, aimera encore quand il sera mort. Les situations changent, les sentiments changent, mais la parole donnĂ©e a Ă©tĂ© donnĂ©e et cela, on ne peut pas le changer. Les derniers hommes sâesclaffent fou qui sâen tient Ă cette nĂ©cessitĂ© ! Quâest-ce que câest que cette histoire dâaimer encore une fois quâon est mort, si câest bien de la mort quâon parle et non pas dâune quelconque Ă©ternitĂ© ou immortalitĂ© religieusement consolatrice ? On voit bien que si une personne peut promettre, par opposition Ă sâengager oĂč câest toujours la rĂ©alitĂ© qui dĂ©cide je mâengage Ă faire telle action demain, sauf Ă©videmment si la rĂ©alitĂ© me met dans lâincapacitĂ© de faire ce que jâai dit, câest quâelle a quelque jour rencontrĂ© quelquâun pour qui la rĂ©alitĂ©, pour importante quâelle soit, ne comptait pas. Et comment dĂ©signer cette position, sinon en mentionnant une autoritĂ© ? Il a bien fallu que quelquâun sâautorise de lui-mĂȘme et non pas des possibilitĂ©s que la rĂ©alitĂ© continuait ou non de lui offrir, et quâil opĂšre ainsi une rupture littĂ©ralement dĂ©cisive entre la rĂ©alitĂ© de ce qui importe et la vĂ©ritĂ© de ce qui compte. Une sociĂ©tĂ© sans autoritĂ©, câest-Ă -dire dĂ©mocratique au sens nietzschĂ©en du terme lâindĂ©finie multiplicitĂ© des nâimporte qui, câest une sociĂ©tĂ© oĂč les idĂ©es de promesse ou de pardon sont simplement grotesques on ne promet pas mais on sâengage dans des Ă©changes, on ne pardonne pas le mal qui a Ă©tĂ© fait, on le » thĂ©rapeute » je reprends lâexpression Ă Lacan, pour qui » lâinconscient ne se thĂ©rapeute pas . Aux auteurs, câest donc indistinctement la vĂ©ritĂ© contre la rĂ©alitĂ© que nous devons, et le mal contre le malheur Ă commencer bien sĂ»r par celui dâĂȘtre mĂ©chant, qui relĂšve comme chacun sait depuis Rousseau â par lĂ prĂ©curseur des » derniers hommes » â dâune causalitĂ© politique et qui se thĂ©rapeute dans une multitude de dispositifs sociaux et mĂ©dicaux. On peut reconnaĂźtre des auteurs dans tous les domaines oĂč une chose soit expressĂ©ment lâacte dâun sujet dont lâimpossibilitĂ© Ă soi implique, pour cette chose, quâelle nâait pas pour vĂ©ritĂ© dâen ĂȘtre lâexpression mais â Ă nommer ainsi lâextĂ©rioritĂ© Ă tout savoir â dâexister. Bref, avec le mal et la vĂ©ritĂ©, câest lâexistence que nous devons aux auteurs. Non pas que les choses nâexistent pas sans eux, mais leur existence importe et ne compte pas. Si je veux dessiner, il est par exemple certain que le papier et le crayon doivent exister ! ou plus exactement il faut bien quâils existent ce qui, comme on sait, devient de moins en moins nĂ©cessaire. Lâexistence ne compte pas mais elle importe parce quâelle est une condition et, si lâon veut entendre la question dâune maniĂšre mĂ©taphysique, la premiĂšre des conditions avant tout, il faut bien que quelque chose existe en gĂ©nĂ©ral. Or ce nâest pas Ă titre de condition que nous reconnaissons lâexistence de la Joconde, par exemple la reconnaĂźtre comme Ćuvre, câest prĂ©cisĂ©ment ne pas admettre son existence comme une condition Ă la fois mĂ©taphysique et triviale pour que nous puissions profiter dâune belle image et dâun document historique intĂ©ressant. Non, dans la Joconde, au-delĂ de tout le savoir quâon peut produire sur elle, ce qui compte câest quâelle existe ! VoilĂ ce que LĂ©onard nous a donnĂ©, et il lâa fait trĂšs concrĂštement, en ce sens que ce nâest pas de lâexistence en gĂ©nĂ©ral quâil sâagit dans cette finalitĂ© de notre jugement qui nâen est dĂšs lors plus un⊠mais bien de lâexistence propre câest bien de lâexistence dont elle est le sujet et non pas dont elle serait un moment comme nâimporte quoi est un moment de lâexistence en gĂ©nĂ©ral quâil sâagit. Car donner lâexistence, câest la donner non pas comme un Ă©tat gĂ©nĂ©ral supposĂ© par tous les autres, mais prĂ©cisĂ©ment comme lâacte de son sujet, lâacte de lâexistant lui-mĂȘme que dĂšs lors on dira vrai. Pas de diffĂ©rence, pour la Joconde, entre exister, ĂȘtre sujet de sa propre existence et sâoffrir Ă la rĂ©flexion comme la rĂ©solution de la question de lâexistence. LĂ©onard est son auteur parce quâil a autorisĂ© ce tableau Ă ĂȘtre le sujet de sa vĂ©ritĂ© dĂšs lors propre â lâautoritĂ© nâĂ©tant rien dâautre, je le rĂ©pĂšte en ce dernier cours, que lâimpossible antĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă elle-mĂȘme il faut que le vrai soit autorisĂ© Ă ĂȘtre le sujet de la vĂ©ritĂ©, laquelle lâest dĂšs lors vraiment. Et comment pourrions-nous opposer notre vie Ă notre existence, lâanonymat de vivre et la butĂ©e dâexister, si rien ne nous avait appris Ă distinguer celle-ci de celle-lĂ , et si personne nâavait, dâautoritĂ©, imposĂ© cette distinction ? On appelle auteur le sujet qui est vrai et non pas authentique ! et qui, Ă lâinstar dâĆdipe, nâa pas reculĂ© devant la question quâil Ă©tait pour lui-mĂȘme. Cette question, une fois admise la dĂ©finition de lâautoritĂ© comme vĂ©ritĂ© et donc Ă©trangetĂ© du sujet, câest forcĂ©ment la question de la vĂ©ritĂ©. DâoĂč cette dĂ©finition toute simple on appelle auteur celui qui nâa pas reculĂ© devant la question de la vĂ©ritĂ©, qui accĂšde immĂ©diatement Ă sa dimension philosophique dĂšs lors que nous reconnaissons ce truisme que toute question est une exigence de rĂ©ponse. Ne pas reculer devant la question de la vĂ©ritĂ©, câest ne pas reculer devant la nĂ©cessitĂ© dây rĂ©pondre. VoilĂ ce que câest quâun auteur, concrĂštement. Le savoir des auteurs, câest la rĂ©ponse quâils donnent Ă une question qui nâest finalement pas celle de la rĂ©alitĂ© ils le font par ailleurs, lĂ oĂč ça ne compte pas mais bien celle de vĂ©ritĂ© le dernier mot du vrai savoir, câest le fin mot de lâĂ©nigme que lâauteur est dĂ©finitivement pour lui-mĂȘme. Il y a une nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre ; la plupart des humains lâesquivent â parfois dans la dĂ©sinvolture, souvent dans la haine. On appelle auteur celui qui ne lâesquive pas. Câest pourquoi la question est exclusivement Ă©thique. RĂ©pondre de quoi ? De la vĂ©ritĂ© dont il sâagit de produire le savoir. Il me semble possible dâarrĂȘter sur ce mot cette trĂšs longue sĂ©rie sur lâauteur et sur lâautoritĂ©. La prochaine annĂ©e, que jâenvisage trĂšs diffĂ©rente dans son organisation, commencera dans la seconde partie du mois dâoctobre. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite de bonnes vacances.
55ans aprÚs la guerre d'Algérie, la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Afrique du Nord honore toujours les soldats tombés.
Voici le texte intĂ©gral du document des Ă©vĂȘques du Conseil permanent. Nous vous invitons Ă lire la prĂ©face de Monseigneur Michel Aupetit, archevĂȘque de Paris, lâintroduction rĂ©digĂ©e par les membres du Conseil permanent, enfin la postface de Monseigneur Jean-Pierre Batut, Ă©vĂȘque de Blois. PrĂ©face de Mgr Aupetit LâĂglise a-t-elle quelque chose Ă dire aux hommes ? » Que faut-il dire aux hommes ? » Câest par le titre de Saint-ExupĂ©ry dans sa Lettre au gĂ©nĂ©ral X [1]que je voudrais ouvrir lâouvrage que les Ă©vĂȘques de France proposent Ă la rĂ©flexion de tous. La question en entraĂźne une autre Quâest-ce que lâhomme ? ». Le psalmiste oscille entre le sentiment de lâextrĂȘme fragilitĂ© de la vie de lâhomme et celui de lâĂ©merveillement devant lâinaliĂ©nable grandeur de sa vie Lâhomme nâest quâun souffle, les fils des hommes, un mensonge »[2] ; Tu lâas fait un peu moindre quâun dieu, le couronnant de gloire et dâhonneur »[3] Lâhomme est un mystĂšre de faiblesse et de splendeur, tour Ă tour misĂ©rable esclave et capable de la libertĂ© suprĂȘme, celle dâaimer jusquâau don total de sa vie. Adam nâest que terre, mais il a reçu le souffle de Dieu. En tout homme, fĂ»t-il le plus obscur, brille le don dâune Ăąme immortelle. Une autre question se pose lâĂglise a-t-elle quelque chose Ă dire aux hommes ? On accuse souvent les religions dâĂȘtre indistinctement facteur de violence. Toute lĂ©gitimation de la violence au nom de la foi chrĂ©tienne est en radicale contradiction avec lâĂvangile Nous proclamons un Messie crucifiĂ©, scandale pour les juifs et folie pour les paĂŻens, mais pour ceux que Dieu appelle ⊠il est puissance de Dieu et sagesse de Dieu »[4]. Le Seigneur a assumĂ© comme prĂȘtre et victime la puissance du Mal et de la mort pour tout vaincre dans la lumiĂšre de sa rĂ©surrection. Notre foi en JĂ©sus ressuscitĂ© est solide, attestĂ©e par les apĂŽtres qui ont vu, entendu et touchĂ© » le Verbe de Vie[5]. Elle est proclamĂ©e par le peuple immense des tĂ©moins qui ont engagĂ© leur vie par fidĂ©litĂ© au Christ, souvent jusquâĂ la mort. Pour qui en reste Ă un regard extĂ©rieur, lâĂglise apparaĂźt en Occident comme une institution vieillie et secouĂ©e de scandales, qui entrave le mythe dâun progrĂšs que lâon invoque sans trop savoir oĂč il mĂšne. Mais lâĂglise est belle pourtant dans le visage de ses saints, dans lâimmense manteau de tendresse quâelle Ă©tend sur le monde, particuliĂšrement sur les plus dĂ©laissĂ©s des hommes. Elle est experte en humanitĂ© »[6] car sa foi repose sur lâAlliance de Dieu avec son peuple, accomplie dans lâIncarnation du Christ et le Salut par la Croix, ouvert Ă la multitude des hommes de toute race, langue, peuple et nation ».[7] Lâoubli de Dieu, lâestompement de la conscience de lâĂ©ternitĂ© dans le cĆur de lâhomme entraĂźne lâeffacement de la dignitĂ© humaine. Le drame de lâhumanisme athĂ©e qui a ravagĂ© le XXe siĂšcle a vu, dans des proportions jusquâalors inĂ©galĂ©es dans lâhistoire, la mort de lâinnocent. La tentation promĂ©thĂ©enne demeure. Elle ne pourra exaucer les hommes dans leur dĂ©sir dâune vie Ă©ternelle. Elle sacrifie les plus fragiles sur lâautel dâune prĂ©tendue modernitĂ©. Nous proclamons, Ă temps et Ă contretemps, la dignitĂ© inaliĂ©nable de toute vie humaine en ce monde. JĂ©sus, le Fils de Dieu fait homme, est lâamour divin dĂ©ployĂ© dans la vulnĂ©rabilitĂ© de la chair. Une sociĂ©tĂ© est vraiment humaine quand elle se fait gardienne du plus petit des ĂȘtres. Il faut imaginer Sisyphe heureux »[8]. La parole de Camus sur lâhomme condamnĂ© Ă rouler Ă©ternellement son rocher est celle de lâacceptation de lâabsurde. Avec saint Ignace dâAntioche, nous voulons dire une autre parole Il y a en moi une eau vive et qui murmure viens vers le PĂšre »[9]. Laissez-moi simplement vous poser la question quelle est votre espĂ©rance ? Puisse cet ouvrage vous donner de devenir davantage ce que vous ĂȘtes en vous ouvrant Ă Celui qui est », le Dieu dâAbraham, dâIsaac et de Jacob, dont la gloire resplendit sur la Face du Christ. [1] A de SAINT-EXUPERY, Que faut-il dire aux hommes, Lettre inĂ©dite au gĂ©nĂ©ral X, Imprimerie gĂ©nĂ©rale du sud-ouest, Bergerac, 1949. [2] Ps 39. [3] Ps 8. [4] I Co 23-24. [5] Cf. I Jn 1, 1. [6] Bx PAUL VI, Lettre encyclique Populorum progressio, 1967, I, 13. [7] Ap 5, 9. [8] Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, NRF, Gallimard, 1965, p. 198. [9] S. IGNACE DâANTIOCHE, Lettre aux Romains, 7. Introduction au document quâil est exaltant dâĂȘtre humain face aux dĂ©fis ! » LâĂglise catholique tient Ă proclamer un grand oui Ă la vie humaine » CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi, instruction Dignitas Personae, 1. Elle dĂ©fend le dĂ©veloppement de la personne humaine dans toutes ses dimensions. LâĂglise voudrait redire combien il est exaltant dâĂȘtre humain face Ă ces dĂ©fis. LâEcriture le chante Quâest-ce que lâhomme pour que tu penses Ă lui, le fils dâun homme, que tu en prennes souci ? Tu lâas voulu un peu moindre quâun dieu, le couronnant de gloire et dâhonneur, tu lâĂ©tablis sur les Ćuvres de tes mains, tu mets toute chose Ă ses pieds » Ps 8, 5-7. Aujourdâhui lâhomme fait face Ă de grands dĂ©fis et Ă de grandes tentations. Le progrĂšs donne Ă lâhomme des potentialitĂ©s exaltantes mais crĂ©e aussi des menaces inquiĂ©tantes. Dâune part, il est menacĂ© par la catastrophe Ă©cologique, dâautre part certains parlent de le remplacer par un homme augmentĂ© ou mĂȘme un post-humain ». Nous nous interrogeons sur sa dignitĂ©, sa vocation, son destin dans lâunivers. Nous nous effrayons de ses crimes. Beaucoup rĂ©clament sans cesse de nouveaux droits qui posent des problĂšmes redoutables. Câest pourquoi il a Ă©tĂ© jugĂ© utile de proposer quelques pistes de rĂ©flexion sans doute partielles[1] sur ces interrogations concernant la personne humaine, sa beautĂ©, sa dignitĂ©, son droit de sâaccomplir pleinement. Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cĆur est sans repos tant quâil ne repose en Toi » Saint Augustin, Confessions I, i, 1. Dieu a créé lâhomme Ă son image et Ă sa ressemblance pour lâunir Ă lui dans lâAmour qui est la vie Ă©ternelle. Lâhomme nâest pas fait pour se contenter de cette vie-ci, il est appelĂ© Ă plus grand, en vivant dĂšs maintenant lâamour. Plus radicalement encore, lâhomme ne trouve pas sa fin en lui-mĂȘme, il est appelĂ© Ă se donner aux autres et Ă Dieu pour sâaccomplir. En lâappelant Ă lâexistence par amour, il lâa appelĂ© en mĂȘme temps Ă lâamour Jean-Paul II, Familiaris consortio, 11. Par cet appel, lâhomme est une personne, Ă la fois intĂ©rioritĂ© et relation, il se reçoit toujours dâun autre, Ă commencer par lâAutre par excellence quâest le CrĂ©ateur. [1] Par souci de mĂ©thode, les questions Ă©conomiques et sociales seront trĂšs peu abordĂ©es ici. Partie I LâĂtre humain est une personne Créé et appelĂ© par DieuCréé et appelĂ© par Dieu, chacun de nous est une personne. Cette affirmation comporte une part de mystĂšre. La personne ne peut pas ĂȘtre dĂ©finie comme un crayon ou une table parce quâelle est créée Ă lâimage et ressemblance de Dieu et porte quelque chose de son mystĂšre. Mais il est possible de montrer ce que la personne possĂšde en propre qui la rend supĂ©rieure Ă toute autre chose. La personne est appelĂ©e par Dieu Ă se donner librement Ă lui. Sa libertĂ© se dĂ©termine par sa raison. Lâexercice libre de la raison rend la personne responsable, apte Ă Ă©couter sa conscience pour y Ă©couter Dieu, ce qui lâouvre Ă la transcendance. La personne est appelĂ©e tout entiĂšre, corps, Ăąme et esprit. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet AppelĂ© Ă la libertĂ©Souverainement libre et aimant, Dieu ne peut appeler Ă sâunir Ă lui que dans la libertĂ©. Il a donc crĂ©e lâhomme libre. Cette libertĂ© sâaccomplit par lâamour qui tient dans le don de soi. Cette libertĂ© comporte une insatisfaction qui pousse lâhomme Ă chercher plus grand que ce monde-ci. La personne est libre. Ses actes ne peuvent sâexpliquer complĂštement par des causes extĂ©rieures telles que la gĂ©nĂ©tique, son histoire, le milieu ou la configuration du cerveau. Chacun de nous sent bien que ses dĂ©cisions lui appartiennent en propre. Chacun est vraiment maĂźtre de sa vie. Cette libertĂ© permet en particulier Ă lâhomme de choisir le Bien pour le Bien et non par instinct ou calcul stratĂ©gique. Cette libertĂ© innĂ©e, nommĂ©e libre arbitre, pousse lâhomme Ă chercher la libertĂ© sociale et politique. Il se rĂ©volte contre toute forme dâoppression contraire Ă sa dignitĂ©. Mais le libre arbitre nâest pas capacitĂ© indiffĂ©rente de faire nâimporte quoi. Il nâest pas non plus autorisation de faire tout ce quâon veut comme si nos actes ne concernaient que nous. Le libre arbitre deÂŽ sire le Bien total. Il est appelĂ© par Dieu Ă sâunir Ă Lui dans lâamour. Il se rĂ©alise donc pleinement par cet amour. La science a souvent tendance Ă nier ce libre arbitre en appliquant Ă lâhomme des modĂšles qui sont valables pour lâunivers inanimĂ©. Câest ainsi quâĂ notre Ă©poque, les neurosciences se font fortes de percer les mystĂšres de lâesprit humain et de dĂ©montrer que lâhomme est dĂ©terminĂ© par la structure de son cerveau. Sans rien nier des formidables dĂ©couvertes apportĂ©es par ces sciences, nous ne pouvons souscrire Ă cette affirmation. Mon cerveau ne me dĂ©termine pas. Quelle que soit leur importance, les biens limitĂ©s de ce monde ne peuvent apaiser notre soif. Tous, nous cherchons un Bien suprĂȘme qui nous procure le bonheur. Notre libertĂ© porte en elle une insatisfaction qui la pousse Ă chercher autre chose que ce monde-ci et ses biens relatifs. La libertĂ© de la personne ne sâaccomplit jamais seule. Elle a besoin de sâallier Ă la libertĂ© des autres pour atteindre sa fin vĂ©ritable qui est le bonheur. Ce libre arbitre est Ă©galement besoin de se donner. Il nây a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux quâon aime » Jn 15, 13. La personne nâest pas faite pour poursuivre son intĂ©rĂȘt de maniĂšre Ă©goĂŻste. Elle est destinĂ©e Ă sâouvrir aux autres. Câest ainsi que les rĂ©gimes dâoppression ont vu se lever des hommes et des femmes prĂȘts au sacrifice suprĂȘme pour rĂ©tablir la justice. La libertĂ© comporte donc le devoir de respecter la libertĂ© dâautrui. La libertĂ© de lâhomme ne flotte pas en lâair, elle est situĂ©e. Elle apparaĂźt dans un lieu et une eÂŽpoque, une culture, des conditions de vie. Elle est par lĂ mĂȘme limitĂ©e. LimitĂ©e parce quâelle est finie, limitĂ©e par les Ă©lĂ©ments qui lâenvironnent, limitĂ©e par la libertĂ© dâautrui. En rĂȘvant orgueilleusement de sâaffranchir de ses limites, lâhomme se dĂ©truit et blesse la fraternitĂ©. En les accueillant humblement comme un chemin de vĂ©ritĂ© , il sâaccomplit. Qui sâĂ©lĂšve sera abaissĂ©, qui sâabaisse sera Ă©levĂ© » Lc 14, 11. La libertĂ© ainsi comprise appartient Ă la beautĂ© de lâhomme capable de surmonter les obstacles et dâouvrir de nouvelles routes de progrĂšs humain. Si bien du travail reste Ă faire, la fin du XXe siĂšcle a vu sâeffondrer plus dâun rĂ©gime oppressif qui se croyait dĂ©finitif. Osons croire en cette libertĂ©. Lâhomme sent bien quâil est divisĂ© intĂ©rieurement. Sâil se regarde avec honnĂȘtetĂ©, chacun de nous avouera des complicitĂ©s avec le mal en lui-mĂȘme. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas » Rm 7, 19 dit saint Paul. La libertĂ© de lâhomme a Ă©tĂ© blessĂ©e par le pĂ©chĂ©. Le pĂ©chĂ© vient dresser la volontĂ© contre elle-mĂȘme. Cette situation se rĂ©vĂšle spĂ©cialement dans les diffĂ©rentes addictions comme la toxicomanie ou la pornographie. Mais avec lâaide de JĂ©sus-Christ, lâhomme peut surmonter cette division et trouver la paix. Je peux tout en celui qui me rend fort » Ph 4, 13 dit le meËme saint AppelĂ© Ă la vĂ©ritĂ©La libertĂ© nâest pas aveugle, elle se dĂ©termine par la raison que Dieu a dĂ©posĂ©e en lâhomme. Par sa raison, la personne est faite pour la vĂ©ritĂ©. Elle est capable de trouver la vĂ©ritĂ© parce quâelle est intĂ©rioritĂ©. Nous avons tous besoin de la vĂ©ritĂ©. Lâhomme ne se satisfait pas des apparences, il veut connaĂźtre la nature profonde des choses. Il dĂ©sire possĂ©der la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme. Il y a quelque chose dâexaltant dans la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ©, dans le progrĂšs des connaissances humaines, portĂ© si loin ces derniers siĂšcles. La vĂ©ritĂ© est universelle. Elle est faite pour lâhumanitĂ© entiĂšre. Le besoin de vĂ©ritĂ© est la source de tout dialogue. Lâamour de la vĂ©ritĂ© permet le dialogue et en mĂȘme temps le dialogue suppose lâamour de lâautre. Dans lâamour commun de la vĂ©ritĂ© et de lâhomme, le dialogue permet Ă chacun dâavancer librement. De mĂȘme, tout homme a droit Ă la vĂ©ritĂ©. Les programmes dâaide sociale envers les plus dĂ©favorisĂ©s doivent comporter lâĂ©ducation pour respecter ce droit Ă la vĂ©ritĂ© de tous. La recherche de la vĂ©ritĂ© suppose aussi lâhumilitĂ©. Celui qui sâenferre dans ses certitudes, son idĂ©ologie, se voue Ă lâillusion. La vĂ©ritĂ© se trouve en acceptant de grandir et pour cela dâavoir besoin des autres. La parole des plus petits est prĂ©cieuse, en particulier quand elle crie leurs dĂ©tresses et leurs espĂ©rances, car elle aussi porte la vĂ©ritĂ©. Câest pourquoi le mensonge est contraire Ă la dignitĂ© de lâhomme. AprĂšs des siĂšcles trĂšs rationalistes, notre Ă©poque est traversĂ©e de doutes sur les capacitĂ©s de la raison humaine. Les Ă©checs du progrĂšs, les menaces nouvelles, le choc des cultures, tendent Ă provoquer un relativisme ou un scepticisme. Cet excĂšs est aussi mortifĂšre que le prĂ©cĂ©dent. Nous en arrivons Ă une Ăšre de la post-vĂ©ritĂ© » oĂč de soi-disant faits alternatifs » viendraient remplacer le besoin de vĂ©ritĂ©, Ăšre Ă laquelle nous ne pouvons pas nous rĂ©signer. Maintenue dans ses justes limites, Ă©clairĂ©e par lâamour, la raison humaine est vraiment capable de connaĂźtre lâunivers et de proposer de nouvelles solutions. Elle nâa pas fini de nous Ă©merveiller. Si la raison peut ĂȘtre Ă©clairĂ©e par la RĂ©vĂ©lation, la vĂ©ritĂ© ultime que cherche lâhomme, sur Dieu, sur lui-mĂȘme, est inaccessible Ă la raison, aussi puissante que puisse ĂȘtre celle-ci. Elle a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par le Christ, qui est Ă la fois le chemin, la vĂ©ritĂ©, la vie » Jn 14, 6. AppelĂ© Ă la responsabilitĂ©Lâhomme est appeleÂŽ a` reÂŽpondre selon sa liberteÂŽ eÂŽ claireÂŽ e par sa raison a` lâappel de Dieu. Il est donc responsable. Sâassumer comme personne libre suppose dâexercer cette responsabiliteÂŽ . LâeÂŽducation doit veiller a` faire naıËtre chez les jeunes ce sens de la responsabilite ÂŽ . Lâhomme est responsable de luime Ëme, des autres et de lâunivers. La catastrophe eÂŽ cologique qui nous menace deÂŽmontre ce point lâhomme a un devoir de bonne geÂŽrance sur la creÂŽation qui lui a eÂŽ teÂŽ confieÂŽ e par Dieu. Sâil nâassume pas ce devoir, il creÂŽe des drames dont il est la premie` re victime. Cet exemple de la responsabilite ÂŽ eÂŽcologique deÂŽmontre aussi que sâassumer libre ne peut pas signifier suivre ses deÂŽ sirs sans frein, faire comme si lâon eÂŽ tait seul au monde. Les actes de chacun ont des reÂŽpercussions sur tous. Les actes ont aussi valeur dâexemples. Par exemple, le groupe des eÂŽveËques chargeÂŽ de la bioeÂŽthique a signaleÂŽ que le suicide assisteÂŽ ne peut pas eË tre preÂŽsenteÂŽ comme un choix individuel sans conseÂŽquence pour les autres. En choisissant le suicide assisteÂŽ en raison de leur aË ge ou de leur maladie, les personnes font peser sur les autres malades et personnes aË geÂŽes le soupcžon dâeË tre en trop, encombrantes ou trop couË teuses. Nous sommes responsables les uns des autres. En particulier, nous sommes responsables de ceux qui parmi nous souffrent le plus ou sont blesseÂŽs dans leur humaniteÂŽ . Nous ne pouvons pas regarder ailleurs et faire comme si cela ne nous concernait pas. Mais lâaide indispensable que nous leur devons doit aussi respecter leur liberteÂŽ et les aider a` exercer leur propre responsabiliteÂŽ . Notre eÂŽpoque a des proble`mes avec la responsabilite ÂŽ . Elle oscille entre la tentation de deÂŽresponsabiliser lâhomme, de le laisser a` sa liberteÂŽ abaisseÂŽe au rang de caprice, et celle de deÂŽ signer des boucs eÂŽ missaires. Dâun coË teÂŽ , lâideÂŽe dâune liberteÂŽ laisseÂŽe seule a` elle-meËme sans loi induit la fin de toute responsabiliteÂŽ devant les autres et Dieu. De lâautre, les drames qui font la une des journaux imposent quâil y ait un responsable et comme lâeÂŽpoque ne sait plus exercer cette responsabilite ÂŽ , elle revient sous des formes folles en lynchant un individu pris presque au hasard pendant que les autres se lavent les mains de proble`mes qui souvent rele`vent de lâensemble de la communauteÂŽ. En reÂŽ aliteÂŽ , la responsabilite ÂŽ est lâexercice pleÂŽnier de la liberteÂŽ . Dieu a laisseÂŽ lâhomme a` son propre conseil, non pour quâil suive aveugleÂŽment ses instincts qui ne suffisent pas a` eÂŽ clairer entie`rement ses choix, mais pour quâil puisse se donner aux autres et a` Lui-meËme en toute liberteÂŽ . Câest pourquoi chacun de nous reÂŽpondra de ses actes devant Dieu. LâEÂŽ vangile manifeste que ce jugement dernier portera sur la conduite envers les plus petits Ce que vous faites au plus petit dâentre mes fre` res, câest a` moi que vous le faites » Mt 25, 40. Nous ne serons pas jugeÂŽs sur des performances extraordinaires mais sur notre solidariteÂŽ avec les plus Conscience et Loi naturelleLa responsabilitĂ© de lâhomme est sa rĂ©ponse Ă lâappel de Dieu. Câest pourquoi lâhomme est dotĂ© dâune conscience morale, un sanctuaire intĂ©rieur oĂč Dieu lui parle, oĂč il juge ses propres actes, se louant quand il fait le bien, se condamnant quand il fait le mal. Dans cette conscience, Dieu y a dĂ©posĂ© la loi morale. Cette loi morale, qui est appelĂ©e loi naturelle, nâest pas la loi de la nature au sens des animaux. Du point de vue de lâhomme, il est sans intĂ©rĂȘt de savoir si la monogamie ou lâhomosexualitĂ© existent chez les animaux dâailleurs, les animaux ne connaissent pas lâinterdit de lâinceste. La loi naturelle est la loi de la nature humaine, qui dit ce quâil est bon que lâhomme fasse pour trouver le bonheur. Cette nature humaine ne sâoppose pas Ă la culture, car il est de la nature de lâhomme de gĂ©nĂ©rer des cultures. Lâhomme a le devoir de toujours suivre sa conscience. Il ne doit pas en ĂȘtre empĂȘchĂ© par les autres tant que cela ne nuit pas Ă lâordre public juste. TrĂšs spĂ©cialement, lâhomme doit ĂȘtre laissĂ© libre de suivre sa conscience en matiĂšre religieuse, car se donner par contrainte Ă Dieu est indigne et de lâhomme et de Dieu. Mais la conscience est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Elle peut ĂȘtre obscurcie par des habitudes malsaines du groupe ou par lâaccumulation des pĂ©chĂ©s personnels. Un enfant qui grandit dans un milieu oĂč le vol est habituel trouvera normal de voler. Un individu qui sâest habituĂ© Ă mentir nây verra plus de difficultĂ©s. Il faut Ă©clairer la conscience par la voix de la sagesse et lâĂ©coute de la Parole de Dieu. Câest particuliĂšrement la responsabilitĂ© des Ă©ducateurs, Ă commencer par les parents. Mais la voix de la conscience ne sâĂ©teint jamais complĂštement, car elle est la voix mĂȘme de Dieu. Ne desesperons jamais de personne ! Toute personne humaine est capable dâĂ nouveau Ă©couter sa conscience pour revenir au Ouverture Ă la transcendanceParce quâelle est dotĂ©e dâune conscience oĂč Dieu lui parle, la personne est ouverte Ă la question religieuse. Depuis les origines, les civilisations humaines rĂ©flĂ©chissent Ă la signiïŹcation de lâunivers, Ă la destinĂ©e ïŹnale de lâhomme, et Ă lâexistence de Dieu. Ces recherches ont Ă©tĂ© marquĂ©es de bien des maniĂšres par le pĂ©chĂ© mais elles prouvent que lâhomme est tournĂ© vers le transcendant. Cette ouverture Ă la transcendance nâest pas lâapanage dâune Ă©lite. Tout au long de sa vie terrestre, JĂ©sus a manifestĂ© combien les petits, les pauvres sont Ă©galement habitĂ©s du dĂ©sir de rencontrer Dieu et que justice leur soit rendue. Lâouverture Ă la transcendance appartient Ă tout homme. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Corps, Ăąme et espritLâhomme est appelĂ© tout entier, il nây a rien en lui que Dieu voudrait laisser de cĂŽtĂ©. La personne humaine a Ă©tĂ© créée comme une rĂ©alitĂ© corps-Ăąme-esprit Ă la fois, indissociable et formant un tout. Elle a Ă©tĂ© créée ainsi par Dieu, et elle est appelĂ©e Ă le rejoindre avec tout ce quâelle est. Elle ne se rĂ©duit pas Ă son corps. Elle ne se rĂ©duit par consĂ©quent pas non plus Ă cette vie-ci. Les activitĂ©s de cette vie ont leur bontĂ© propre mais elles nâapaisent pas la soif de lâhomme. Au travers de ses activitĂ©s dans ce monde, en particulier la recherche de la vĂ©ritĂ© et de la justice, lâhomme dĂ©montre quâil aspire Ă une autre existence libĂ©rĂ©e de la souffrance et du pĂ©chĂ©. Lâhomme porte en lui une Ăąme par laquelle il est rationnel et libre et un esprit par lequel il est en relation avec lâEsprit de Dieu. LâĂąme est immortelle, elle est appelĂ©e Ă vivre avec Dieu en attendant la rĂ©surrection des corps. Par consĂ©quent, le service que nous devons Ă nos frĂšres nâest jamais seulement matĂ©riel. Lâhomme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Mt 4, 4. Les pauvres ont besoin dâĂȘtre scolarisĂ©s, dâavoir accĂšs aux biens culturels, dâĂȘtre respectĂ©s dans leur croyance autant quâils ont besoin de pain et de toit. Par son esprit, qui lâouvre Ă la transcendance, lâhomme est apte Ă communiquer avec Dieu, Ă recevoir le Saint-Esprit et Ă vivre de la vie divine. Câest la pointe de son intĂ©rioritĂ©, oĂč il peut dialoguer secrĂštement avec Dieu. Mais le corps de lâhomme lui aussi appartient pleinement a` sa digniteÂŽ . Lui aussi a eÂŽteÂŽ creÂŽeÂŽ par lâamour et pour lâamour. Par nos corps, nous sommes en relation avec les autres et avec lâunivers. Nous en sommes solidaires. Le corps de lâhomme est sexueÂŽ . Par ce fait meËme, il est tourneÂŽ vers lâautre et feÂŽcond. Câest par le corps que la personne peut sâunir intimement a` une autre personne. Câest la` une de ses graË ces majeures. La recherche de la veÂŽ riteÂŽ passe par le corps, car elle commence par lâusage droit des cinq sens. La responsabiliteÂŽ passe par le corps. La personne humaine est responsable des autres parce quâelle en est solidaire par son corps. Les actes de chariteÂŽ que le Christ nous presse de poser concernent le corps nourrir, veË tir, loger Mt 25, 35 s.. JeÂŽ sus lui-meËme a tre` s souvent gueÂŽ ri les corps, montrant par la` le soin que nous lui devons. Le corps est donc le premier instrument de la chariteÂŽ . Le corps offre a` la personne de multiples potentialiteÂŽ s que le sport met en valeur. Les philosophes se sont tre`s toËt eÂŽmerveilleÂŽ s des mains, ces outils a` tout faire. Le corps impose aussi a` la personne des limites. Lâhomme nâest pas capable de tout. Il est fragile. Il doit veiller sur sa santeÂŽ . Ces limites le rappellent a` lâhumiliteÂŽ et le prote`gent de la deÂŽmesure. Ces limites rappellent aussi que tout homme a ses propres pauvreteÂŽ s nous avons tous commenceÂŽ par eË tre un embryon vulneÂŽrable et cacheÂŽ, et a` part ceux qui connaıËtront le drame de mourir jeunes, nous vivrons tous la vieillesse et ses fragiliteÂŽ s. Respecter lâhomme dans son corps, ce nâest pas lâeÂŽcraser sous des exigences inaccessibles, mais respecter sa pauvreteÂŽ, ses limites en soi et en lâautre. Le souci que nous prenons des corps les plus affaiblis est le signe de notre veÂŽritable amour du corps tel quâil est. Le corps nâest pas un outil que chacun utiliserait a` sa guise. Câest un don de Dieu, qui nous ouvre a` la communion avec les autres. Nous devons donc le recevoir avec respect et lâutiliser de manie`re droite. Depuis lâAntiquiteÂŽ , lâhomme veille a` cultiver son corps par lâasce`se, la meÂŽdecine et le sport pour en tirer le meilleur. ConserveÂŽe dans des proportions raisonnables, cette habitude est excellente. Les progre` s techniques de notre eÂŽpoque promettent de nouvelles reÂŽalisations dans ce domaine. Nombre dâentre elles seront excellentes et a` accueillir dans la joie. Mais aujourdâhui, certains veulent augmenter » le corps humain, voir le remplacer par un post-humain ». Câest excessif. Le corps humain tel que facžonneÂŽ par la nature porte en lui-meËme la digniteÂŽ de la personne et le moyen de sâaccomplir librement dans lâamour. Lâhomme nâest pas fait pour accumuler les performances, mais pour se donner dans lâamour. Le corps quâil a aujourdâhui y est apte malgreÂŽ sa faiblesse. Câest en apprenant a` vivre avec nos limites que nous nous accomplirons. Le corps permet a` lâhomme de travailler. Câest un eÂŽ leÂŽment essentiel de sa digniteÂŽ , qui le fait participer a` lâoeuvre creÂŽ atrice de Dieu. Encore faut-il que les conditions de ce travail soient humaines, ce qui nâest pas toujours le cas. Quand la santeÂŽ et la seÂŽcuriteÂŽ du travailleur ne sont pas assureÂŽ es, loin dâeÂŽ tablir la digniteÂŽ du corps, le travail lâabıËme. Le travail des enfants en particulier est un scandale. Le corps appartient pleinement a` lâimage de Dieu. La Gene` se montre poeÂŽ tiquement Dieu occupeÂŽ a` le facžonner de ses mains et y a insuffler son esprit Gn 2, 7. Le premier commandement quâil a donneÂŽ a` lâhomme est de croıËtre et se multiplier Gn 1, 28. Dieu se reÂŽjouit gratuitement de voir lâhomme vivre avant quâil lui ait rendu le moindre culte. Adam sâest eÂŽmerveilleÂŽ de voir E` ve, lâaide qui lui eÂŽ tait accordeÂŽ e, et ce avant quâE` ve ait fait quoi que ce soit pour lui Gn 2, 23. Le salut offert a` lâhomme concerne aussi son corps, promis a` la reÂŽ surrection. JeÂŽ sus ressusciteÂŽ montre a` Thomas ses stigmates Jn 20, 27. Ce signe abyssal manifeste entre autres que la reÂŽsurrection ne nie pas nos fragiliteÂŽ s mais les assume pour les transfigurer. Le corps humain est splendide. A ` condition quâil soit regardeÂŽ selon sa veÂŽ riteÂŽ, une expression contingente de la vie. Ce respect duË au corps nâest pas une idolaË â trie. Les soins porteÂŽ s au corps ne peuvent avoir pour finaliteÂŽ que de maintenir son eÂŽquilibre et son existence, de manie`re raisonneÂŽ e, sans lui donner une importance Scandale du malLe scandale du mal ne frappe pas seulement la volonteÂŽ humaine. Plus mysteÂŽ rieusement, il frappe lâhomme tout entier. Certains accumulent les eÂŽpreuves douloureuses et deÂŽ stabilisantes, ou sont frappeÂŽs subitement par la maladie physique ou mentale. Dâautres, de`s la conception, ou par des accidents de la vie, sont marqueÂŽ s par le handicap. Câest pour eux et leur entourage un fardeau lourd a` porter. Il est leÂŽgitime de se tourner vers Dieu et de lui crier pourquoi ? » Comme JeÂŽsus luime Ëme lâa fait. Hors de la ReÂŽsurrection, il nây a pas de reÂŽponse deÂŽfinitive au scandale du mal. Mais par sa vie et surtout sa Passion, JeÂŽsus nous a rejoints dans ce myste`re et nous aide a` lâaffronter dans lâespeÂŽrance. Il lâa vaincu par sa reÂŽsurrection et il nous promet de le vaincre totalement un jour. Il est possible aussi de manifester sa compassion envers ceux qui sont particulie`rement frappeÂŽ s par ce scandale. Il arrive des situations ou` il nây a plus rien de techniquement efficace a` faire contre le scandale du mal. Ce sont des moments speÂŽ cialement difficiles pour notre eÂŽpoque habitueÂŽ e aux prouesses de la technique. Dans ces situations, une parole, un geste, une simple preÂŽ â sence peuvent manifester une profonde compassion et soulager la personne. JeÂŽsus a souvent exerceÂŽ ce ministe`re de compassion et nous a demandeÂŽ de faire de meËme. Les personnes frappeÂŽ es par lâeÂŽpreuve du mal conservent toute leur digniteÂŽ. Les gens qui se vouent au service des personnes handicape ÂŽes teÂŽmoignent particulie`rement des treÂŽsors dâhumaniteÂŽ quâils deÂŽcouvrent par la` . Le coeur, la capaciteÂŽ dâaimer de la personne demeure toujours intact sous les handicaps. Câest pourquoi il est important de travailler a` un meilleur accueil des personnes handicapeÂŽ La MortLa mort est lâeÂŽnigme par excellence. Depuis la plus haute AntiquiteÂŽ , lâhumaniteÂŽ meÂŽ dite sur ce myste` re, sa signification, les moyens de le surmonter. Les diverses religions proposent toutes leur reÂŽponse a` ce myste` re. Lâhomme porte en lui le deÂŽ sir de vivre, et la mort scandalise, en particulier quand elle frappe trop toËt ou de manie` re aveugle. Il est naturel dâen avoir peur et la foi ne nous invite pas a` une inhumaine indiffe ÂŽrence. Encore une fois, il est leÂŽgitime de porter ce cri devant Dieu, comme Job. JeÂŽsus lui-meËme a eu peur face a` sa propre mort, nous rejoignant par-la` dans toute notre faibless. La mort est aussi la limite fondamentale de lâhomme. Elle se dessine derrie`re toutes les autres limites de lâhomme. Lâhomme ne peut pas tout se permettre parce quâil mettrait sa vie en danger. Elle lui rappelle quâil est un eË tre fini, quâil ne sâest pas donneÂŽ la vie et que sa vie lui est confieÂŽe sans eË tre sa proprieÂŽ teÂŽ .Mais lâhomme sait aussi deÂŽpasser le scandale de la mort par le sacrifice, la mort affronteÂŽe librement pour deÂŽfendre la justice et la veÂŽ riteÂŽ . Toutes les civilisations, toutes les religions, ont connu ces cas de sacrifice, dont la mort de Socrate est sans doute lâexemple occidental le plus parlant. La France est resteÂŽe marqueÂŽe par le sacrifice du colonel Beltrame contre la folie terroriste. Par ces sacrifices, lâhomme deÂŽmontre quâil se sent appeleÂŽ a` un au-dela` de la mort, vers un Bien parfait. Notre eÂŽpoque est contradictoire vis-a` -vis de la mort. Dâun coË teÂŽ , elle est eÂŽvacueÂŽe du deÂŽ bat, on nâose plus en parler ; de lâautre, nos fictions et jeux videÂŽo sont plus morbides que jamais. Nous avons besoin de reÂŽ apprendre a` regarder la mort en face, sans complaisance mais lucidement. Par la reÂŽsurrection du Christ, la mort est devenue un passage vers la vie en Dieu si lâhomme se laisse rejoindre par lui. Elle nâest pas la fin de tout. Il est urgent de rappeler lâespeÂŽ rance. Lâhomme nâest pas fait seulement pour cette vie-ci, il aspire au Bien supreËme, Dieu. Il aspire a` la victoire de la chariteÂŽ divine jusque dans les corps. JeÂŽsus reviendra a` la fin des temps, et ressuscitera les morts pour que tous ceux qui se seront laisseÂŽs rejoindre par lui vivent de sa Gloire. Ceux qui nous promettent la mort de la mort » ne nous promettent pas le bonheur mais nous vouent a` une mise`re sans Accepter sa finitudeDieu nâappelle pas des surhommes aux performances invincibles. Il aime les hommes et les femmes que nous sommes, avec nos limites. Dans lâĂvangile, câest devant JĂ©sus outragĂ© et ïŹagellĂ© quâest prononcĂ©e la parole Voici lâhomme» Jn 19, 5. La dignitĂ© inamissible de lâhomme nâest pas afïŹrmĂ©e au sujet dâun hĂ©ros performant au sommet de son succĂšs, mais devant un homme affaibli. JĂ©sus nous rejoint ainsi au cĆur de toutes nos limites pour les porter avec nous dans la foi et la charitĂ©. Câest en acceptant notre ïŹnitude Ă la suite de JĂ©sus Christ que nous nous accomplirons pleinement. En particulier, en manifestant notre solidaritĂ© envers ceux qui ont Ă©tĂ© blessĂ©s par la vie. Notre Ă©poque voit prolifĂ©rer un culte de la performance, de la jeunesse Ă©ternelle, qui nous Ă©crase. Câest Ă la fois inutile et blessant. Les faiblesses de lâhomme ne sâopposent pas Ă sa dignitĂ©. Nier nos limites, câest nous blesser en nous imposant un destin qui nâest pas le nĂŽtre. Câest aussi rendre impossible la fraternitĂ©, ou la rĂ©server Ă une Ă©lite de chanceux. Portons nos limites avec conïŹance pour nous ouvrir Ă une vraie rĂ©alisation de soi qui fera des merveilles. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Tout ĂȘtre humain est une personneTout en lâhomme est humain. Nous ne sommes pas des animaux auxquels aurait Ă©tĂ© ajoutĂ©e une couche de spiritualitĂ© comme on ajoute un logiciel Ă un ordinateur. Les caractĂšres les plus basiques de lâhomme sont dĂ©jĂ humains. Le corps de lâhomme manifeste dĂ©jĂ sa dignitĂ©, par sa station debout, ses mains prĂ©hensiles, la taille de son crĂąne et la taille de son bassin. Lâhomme ne manifeste pas seulement sa supĂ©rioritĂ© par la petite partie en lui qui est capable de raisonnement et de calcul. Le plaisir et la souffrance sont dĂ©jĂ spĂ©cifiques en lâhomme. Ils sâaccompagnent dâun pourquoi ? » dans le double sens dâen vue de quoi et a` cause de quoi ? Par exemple, lâalimentation nâest pas chez lâhomme un besoin seulement biologique. Elle sâaccompagne de rites sociaux et de symboles. Le drame de la personne anorexique tient autant Ă sa difficultĂ© Ă se tenir Ă table avec les autres quâĂ sa difficultĂ© Ă manger. Sâil faut respecter la sensibilitĂ© animale, il est capital de voir quâelle nâest pas la meËme que celle de lâhomme. En consĂ©quence, tout ĂȘtre humain est une personne. Il nâest pas nĂ©cessaire de faire montre de capacitĂ©s intellectuelles brillantes ou dâune vie morale dĂ©velopĂ©es pour ĂȘtre une personne. Il est excellent que des mĂ©thodes toujours plus affinĂ©es permettent aux hommes de dĂ©velopper leur rationalitĂ© ou leur capacitĂ© de mĂ©ditation, mais cela ne constitue pas des conditions pour ĂȘtre compte comme personne. Respectons tout ĂȘtre humain comme une personne, de sa conception jusquâĂ sa mort naturelle. En particulier, respectons la vie de tout ĂȘtre humain car elle est dĂšs lâorigine porteuse de ces valeurs de la personne. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Seul l'ĂȘtre humain est une personneCreÂŽeÂŽ par Dieu dans lâamour et appeleÂŽ a` se donner par amour, lâeËtre humain est une personne, tout eË tre humain est une personne et dans la creÂŽation visible seul lâeËtre humain est une personne. Tout en lâhomme est humain, lâhomme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La creÂŽ ation de lâhomme constitue ainsi le sommet de la creÂŽation, et en lâhomme toute la creÂŽation trouve sa finaliteÂŽ veÂŽ ritable. Elle aspire elle aussi a` eËtre libeÂŽreÂŽe du mal qui la frappe Rm 8, en eÂŽtant unie au salut de lâhumanite ÂŽ . Mais cela ne lâautorise pas a` nier ses limites. lâanimal nâest pas une personne et ne peut eË tre eÂŽ galeÂŽ a` lâhomme. Il ne partage ni sa raison, ni sa liberteÂŽ . Lâanimal ne porte pas cette insatisfaction qui pousse a` rechercher une transcendance. LâantispeÂŽcisme, qui nie la digniteÂŽ supeÂŽrieure de lâhomme sur lâanimal, lance des cris dâalerte quâil est bon dâentendre pour prendre nos responsabiliteÂŽs face a` la souffrance animale, mais se trompe dans ses conclusions. Lâhomme est la seule creÂŽature sur terre que Dieu a voulue pour elle-meËme » Gaudium et Spes, 24. LâarriveÂŽe des robots doteÂŽ s dâintelligence artificielle va reÂŽvolutionner nos modes de vie. Ce progre`s ouvrira des possibiliteÂŽs fabuleuses. Mais il pose aussi des proble`mes eÂŽ thiques redoutables. En particulier, il nâest pas acceptable de doter le robot dâune personnalite ÂŽ juridique. Le robot reste toujours sous la responsabiliteÂŽ de ses concepteurs et utilisateurs. Il nâest pas doteÂŽ dâun libre arbitre, il ne sâinteÂŽresse pas a` la veÂŽ riteÂŽ pour elle-meËme mais seulement a` lâapplication de son programme. Il est speÂŽcialement inquieÂŽ tant de voir se deÂŽvelopper des robots sexuels qui preÂŽ â tendent remplacer lâintimiteÂŽ dâamour avec une autre personne Sommet de la CrĂ©ationCréé par Dieu dans lâamour et appelĂ© Ă se donner par amour, lâĂȘtre humain est une personne, tout ĂȘtre humain est une personne et dans la crĂ©ation visible seul lâĂȘtre humain est une personne. Tout en lâhomme est humain, lâhomme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La crĂ©ation de lâhomme constitue ainsi le sommet de la crĂ©ation , et en lâhomme toute la crĂ©ation trouve sa finalitĂ© vĂ©ritable. Elle aspire elle aussi Ă ĂȘtre libĂ©rĂ©e du mal qui la frappe Rm 8, en Ă©tant unie au salut de lâhumanitĂ©. Mais cela ne lâautorise pas Ă nier ses limites. Partie II Nous sommes une seule famille Dieu a créé une seule famille Dieu, qui veille paternellement sur tous, a voulu que tous les hommes constituent une seule famille et se traitent mutuellement comme des fre` res » Gaudium et Spes, 24. Dieu nâa pas creÂŽeÂŽ lâhomme seul, il a creÂŽeÂŽ lâhumanite ÂŽ comme une seule famille appeleÂŽe a` se construire dans la fraterniteÂŽ jusquâa` ce quâelle soit pleinement rassembleÂŽe dans le Christ ressuscite ÂŽ comme un seul corps sous sa teË te. Ce fait nous impose de reconnaıËtre notre interde ÂŽpendance et de vivre de` s aujourdâhui la solidariteÂŽ , speÂŽcialement envers les plus faibles qui sont aussi nos fre` res. Mais ce principe est nieÂŽ aujourdâhui par lâinvocation dâune autonomie absolue qui nous enferme dans une solitude invivable. Câest au nom de cette autonomie que sont sans cesse reÂŽ clameÂŽs de nouveaux droits qui deÂŽnaturent de plus en plus la transmission de la vie, comme la gestation pour autrui[1]. Lâhomme nâest pas fait pour cette solitude, nous avons besoin les uns des autres et nous nous influencžons les uns les autres. Tout est lieÂŽ », reÂŽpe` te le pape Francž ois Laudato Siâ. Nous faisons tous lâexpeÂŽ rience de notre interdeÂŽpendance mais lâindividualisme actuel la deÂŽnie et empeËche de la vivre sereinement. LâhumaniteÂŽ doit reconnaıËtre quâelle trouvera les solutions a` ces deÂŽfis par la fraterniteÂŽ et la coopeÂŽration. [1] Nous renvoyons ici au document des eÂŽveËques de France sur la bioeÂŽthique La DigniteÂŽ de la procreÂŽation, Paris, Bayard-Cerf-Mame, 2018. Nous sommes interdĂ©pendants Il nâest pas bon que lâhomme soit seul » Gn 2, 18. Dieu a creÂŽeÂŽ lâhomme pour vivre uni a` toute lâhumaniteÂŽ autant quâa` Lui. Nous ne sommes pas des atomes isoleÂŽ s qui choisiraient avec qui avoir ou non des relations. Nous sommes tous interdeÂŽpendants. Avant de choisir de vivre la solidariteÂŽ comme valeur et pour la vivre selon sa veÂŽ riteÂŽ , lâhomme doit consentir a` ce fait de lâinterdeÂŽ â pendance. La question eÂŽcologique, a` propos de laquelle le pape a poseÂŽ ce principe, lâillustre la deÂŽ fense de lâenvironnement a` lâeÂŽ chelle de la plane` te deÂŽpend des actes de chacun la` ou` il se trouve. Mener une vie sobre, trier, recycler, eÂŽ conomiser lâeau deÂŽpend de chacun et a des reÂŽpercussions sur tous. Câest notre commune responsabiliteÂŽ . Dans ce domaine tre` s particulie`rement, nul ne peut preÂŽtendre mener sa vie a` sa guise sans se preÂŽoccuper du prochain. Nous ne pouvons pas comprendre le remplissez la terre et soumettez-la » Gn 1, 28 de la Bible comme lâautorisation de la saccager. Il sâagit dâun devoir de bonne geÂŽ rance qui aura des comptes a` rendre au vrai maıËtre de la creÂŽation. LâinterdeÂŽpendance des hommes peut aussi se montrer par le cas de la maladie. Dans une famille, si un membre est malade, toute la famille est toucheÂŽ e. Toute la famille doit sâorganiser pour le soin du malade, pour mener les taË ches domestiques sans lui, eÂŽventuellement pour eÂŽ viter la contagion si le malade est affaibli dans son syste`me immunitaire. Sâil se trouvait dans une situation deÂŽja` preÂŽ â caire, celle-ci sâaggrave. La vie sociale de la famille est toucheÂŽ e. Mais le destin de cette famille deÂŽpend de la qualiteÂŽ et de la proximiteÂŽ des structures de soin. Il est des reÂŽ gions, meËme en France, ou` lâon est mieux soigneÂŽ que dâautres. Ces structures de soin a` leur tour deÂŽpendent de la politique de santeÂŽ de lâEÂŽ tat, qui est influenceÂŽe par la crise mondiale. Ainsi, la santeÂŽ dâune seule personne au sein dâune famille est relieÂŽe par cercles concentriques a` la situation de toute lâhumanite ÂŽ . De manie`re geÂŽneÂŽrale, les situations de pauvreteÂŽ manifestent mieux lâinterdeÂŽ pendance des humains. Lâindividu qui sâest enferreÂŽ dans une logique de performance peut se faire croire quâil est seul au monde. Le pauvre, lui, manifeste combien nos destins sont lieÂŽ s. Câest une de ses graË ces. Un reËve dâautonomie absolue ou` lâindividu ne rend de comptes quâa` lui-meËme viole la veÂŽ riteÂŽ de la nature humaine et engendre une cruelle solitude. Il fait peser sur les plus petits une exigence inaccessible et douloureuse. Lâhomme est un animal politique. Il a besoin dâinteragir avec ses semblables, de construire avec eux une socieÂŽ teÂŽ juste ou` chacun peut sâeÂŽpanouir. Chacun de nous a besoin dâeË tre reconnu par les autres comme personne libre. Il a besoin dâaimer et dâeË tre aimeÂŽ . Sa raison le pousse au dialogue indispensable a` la deÂŽcouverte dâune veÂŽ riteÂŽ universelle. Lâhomme est aussi un eËtre de langage. Il a besoin de communiquer avec les autres, de raconter son existence pour se forger une identiteÂŽ . Lâhomme a besoin dâune culture qui lui permet dâaffirmer ses valeurs et de chercher le vrai, le bon, le beau. Il est essentiel que les projets dâaide au deÂŽveloppement comportent aussi des volets de deÂŽfense de la culture des peuples consideÂŽ reÂŽ s. Chaque culture, meËme si elle a besoin de passer par un discernement pour eË tre libeÂŽreÂŽe de ses eÂŽ leÂŽ â ments de peÂŽcheÂŽ , est porteuse de treÂŽsors pour lâhumaniteÂŽ . LâeÂŽchange culturel, favoriseÂŽ par la mondialisation, est une taË che essentielle pourvu quâil ne se transforme pas en heÂŽgeÂŽ â monie dâune culture sur les autres. Ce besoin dâinteraction est speÂŽcialement sensible chez les plus petits, chez ceux que les drames de la vie privent de lâutilisation normale des moyens de la vie sociale. Câest toujours lâoccasion dâune joie pour tous chaque fois que nous associons les plus faibles a` nos cercles. Lâhomme est aussi un animal religieux. Ouvert a` la transcendance, il a besoin pour lâexprimer de symboles, de rites, de liturgie. Or il nâexiste pas de symbole ou de rite priveÂŽ . Le rite et le symbole supposent une communaute ÂŽ qui se rassemble en eux. Une des eÂŽ tymologies proposeÂŽes de religion » renvoie a` relier ». La religion est la` pour rassembler les hommes, leur donner conscience de leur interdeÂŽpendance et la vivre dans la fraterniteÂŽ . Mais il faut pour cela que les religions sâouvrent encore davantage au dialogue. Lâambition de la laıšciteÂŽ est de contribuer a` la paix sociale en respectant chaque religion dans sa croyance et dans son rite et en conduisant les religions ou courants de penseÂŽe a` cohabiter sereinement au sein de la socieÂŽteÂŽ . Ce besoin aussi est universel. La religion suppose une reÂŽflexion rationnelle, mais elle ne peut eË tre lâaffaire dâun cercle dâinitieÂŽ s. JeÂŽsus a aimeÂŽ parler aux exclus de la socieÂŽteÂŽ et deÂŽmontreÂŽ que ces hommes et ces femmes rejeteÂŽs eÂŽtaient aptes a` le suivre. Nos communaute ÂŽs auront a` coeur de devenir des lieux ou` le petit se sent chez AppelĂ©s Ă la fraternitĂ©LâinterdĂ©pendance est dâabord une chance. Elle donne Ă chacun la possibilitĂ© de sâappuyer sur tous les autres. Mais comme toute rĂ©alitĂ© humaine, elle est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Cette interdĂ©pendance de fait demande Ă ĂȘtre amĂ©nagĂ©e par la libertĂ© de lâhomme. Il dĂ©pend de nous dâen faire une situation dâaliĂ©nation ou au contraire lâoccasion dâune fraternitĂ©. Notre Ă©poque nous donne dâextraordinaires outils pour construire cette fraternitĂ©. La mondialisation rend plus visibles et plus rapides les liens de dĂ©veloppement entre les rĂ©gions du monde. Les moyens de communication sociale permettent dâinteragir rapidement avec des personnes situĂ©es Ă lâautre bout du monde. Cela permet dâimmenses campagnes de mobilisation pour venir en aide Ă une rĂ©gion touchĂ©e par une catastrophe. Nous avons vu des chaĂźnes mondiales de solidaritĂ©, par exemple pour notre pays aprĂšs les attentats du 13 novembre 2015. La fraternitĂ© nâest pas un vain mot, elle se vit au quotidien de mille parce que lâhomme reste marqueÂŽ par le scandale du mal, notre eÂŽpoque voit aussi de formidables menaces contre la fraterniteÂŽ. Le progre`s est aussi heÂŽlas le progre`s du mal. La mondialisation concerne aussi le crime. Il faut citer dâabord la violence terroriste, qui est devenue internationale et qui se pare a` nouveau de lâexcuse de la religion, comme si Dieu pouvait eËtre un Dieu de mort et non de vie. Lâattentat suicide est un sommet de deÂŽviance de la religion, puisquâau meurtre il ajoute le suicide honteusement regardeÂŽ comme martyre. Il faut se reÂŽjouir de toutes les occasions qui sont veÂŽcues de rejeter cette idolaË trie de la violence. Il y a le fleÂŽau du crime organiseÂŽ , qui tue et exploite par la prostitution ou lâembrigadement dans les reÂŽseaux du crime, en particulier dans certaines reÂŽgions du monde. Il sâaccompagne du trafic mondial de drogue avec son corte`ge de mise` re et de violence. Au Mexique et ailleurs, plusieurs preËtres ont payeÂŽ de leur vie la deÂŽnonciation de ce scandale. Il y a le deÂŽveloppement industriel non controË leÂŽ qui pollue la plane`te et rend malade les populations, speÂŽcialement dans les pays eÂŽmergents. Les ineÂŽ galiteÂŽs se sont terriblement creuseÂŽ es, entre individus et entre reÂŽgions du monde. Nous continuons a` admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme sâils eÂŽtaient neÂŽs avec de plus grands droits » Laudato Siâ, 90. Il y a les attentats contre la vie, avortement et euthanasie, preÂŽsenteÂŽs comme droits. Le sort reÂŽserveÂŽ aux femmes et aux enfants doit progresser encore partout dans le monde. Nous nous reÂŽjouissons des reÂŽcentes prises de conscience contre le harce`lement sexuel. Les femmes qui ont eÂŽteÂŽ pousseÂŽes a` lâavortement doivent beÂŽneÂŽ â ficier dâun accompagnement miseÂŽricordieux pour les aider a` surmonter la deÂŽ tresse qui accompagne souvent cet acte terrible. LâEÂŽ glise catholique sâest lanceÂŽ e, y compris en France, dans un chantier de peÂŽnitence et de reÂŽformes pour combattre les abus sexuels. Ces fleÂŽaux, dont la liste nâest pas exhaustive, nous appellent a` construire ensemble la fraterniteÂŽ . Mais la graviteÂŽ de ces drames ne doit pas conduire au deÂŽsespoir. Tout nâest pas perdu, parce que les eË tres humains, capables de se deÂŽgrader a` lâextreËme, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se reÂŽgeÂŽneÂŽrer » Laudato Si, 205. Les chreÂŽ â tiens sauront eË tre exemplaires, la` ou` ils sont, avec les moyens qui sont les leurs, dans leur construction de cette fraterniteÂŽ . Elle commence par des gestes simples. Lâentraide en famille, les activiteÂŽ s de paroisse comme les maraudes ou les vestiaires solidaires, sont un vrai fondement de la solidariteÂŽ. MeËme sâils ne remplacent pas des politiques publiques responsables, ce sont ces petits moyens, multiplieÂŽ s partout, qui font reculer la mise` re. Ils ont aussi lâavantage de deÂŽmontrer que nul nâest trop faible ou trop petit pour participer a` lâeffort de fraterniteÂŽ . Seul un esprit de pauvrete ÂŽ permet de combattre la pauvreteÂŽ . Les reÂŽseaux sociaux manifestent lâambivalence de la situation. UtiliseÂŽ s raisonnablement, ils manifestent lâinterdeÂŽpendance et permettent des mobilisations rapides a` travers la plane` te. Mais laisseÂŽs a` eux-meËmes, veÂŽcus dans une sorte dâaddiction, ils enferment dans des relations virtuelles qui sont au fond la pire des solitudes et ils deÂŽtournent de veÂŽritables activiteÂŽ s fraternelles. Ils risquent aussi dâenfermer chacun dans des cercles qui pensent comme lui, rendant le dialogue La sexualitĂ©, lieu du don de soi Dieu crĂ©a lâhomme Ă son image, Ă lâimage de Dieu il le crĂ©a, il les crĂ©a homme et femme » Gn 1, 27. La diffĂ©rence sexuelle est la premiĂšre altĂ©ritĂ© de lâhumanitĂ©, celle qui fonde toutes les autres. La diffĂ©rence sexuelle nâest pas une convention sociale quâon pourrait réérire Ă son grĂ©, elle appartient Ă la nature humaine. Son respect est essentiel pour la construction dâun ordre social Ă©quilibrĂ©. Mais les deux sexes ont Ă©tĂ© créés pour vivre dans la communion, le respect et lâĂ©galitĂ©. Il faut que partout dans le monde se poursuivent les efforts de libĂ©ration de la femme, pour son accĂšs aux droits civiques, Ă la libertĂ© de mariage, Ă lâemploi avec un salaire Ă©gal. Toute forme de violence faite aux femmes est inacceptable, y compris lâexcision et les autres formes de mutilation. Lâaugmentation du nombre de femmes participant a` la vie publique sera une chance pour tous. La diffĂ©rence sexuelle ouvre Ă la sexualitĂ©. Chaque sexe est tournĂ© vers lâautre. VĂ©cue en vĂ©ritĂ©, la sexualitĂ© est un lieu spĂ©cial de don de soi, dâamour et de libertĂ©. Par nature ouverte Ă lâaccueil de la vie, elle est le lieu oĂč lâhomme et la femme vivent ensemble leur image de Dieu. Puisque Dieu est en mĂȘme temps le CrĂ©ateur, la fĂ©conditĂ© du couple humain est lâimageââ vivante et efficace, un signe visible de lâacte crĂ©ateur » Amoris Laetitia, 10. La sexualitĂ© chante aussi particuliĂšrement la beautĂ© du corps humain. Mais le pĂ©chĂ© originel a dĂ©formĂ© la sexualitĂ© en la transformant en lieu de dĂ©sir effrĂ©nĂ© et de domination Ton dĂ©sir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi » Gn 3, 16. Cette dĂ©formation se manifeste aujourdâhui avec le rĂšgne de la pornographie prĂ©sentĂ©e comme une norme et promesse de bonheur qui dĂ©stabilise les plus jeunes. En rĂ©alitĂ©, toute personne humaine porte le dĂ©sir dâune relation stable avec un partenaire aimeÂŽ pour lui-meËme. Il existe dans la famille humaine une diversitĂ© dâinclinations sexuelles. Il ne faut pas discriminer les personnes violences physiques ou verbales contre elles sont intolĂ©rables. LâĂglise catholique invite Ă les accueillir et les accompagner dans leur chemin vers Dieu. Mais il nâest pas possible de mettre les relations homosexuelles sur le mĂȘme plan que la relation de lâhomme et de la FĂ©conditĂ© et familleLâenfant est comme lâincarnation de lâamour de ses parents. Il ouvre celui-ci Ă une nouvelle dimension et leur donne la joie dâĂȘtre Ă©ducateurs dâune libertĂ©. Il leur fournit lâoccasion de donner le meilleur dâeux-mĂȘmes dans lâensemble des soins quâils lui prodiguent. Il offre Ă leur libertĂ© un champ dâaction particuliĂšrement beau. Lâenfant est don de Dieu. Toute naissance est une occasion dâaction de grĂąces. Les couples qui ne peuvent pas avoir dâenfant ont besoin dâĂȘtre accompagnĂ©s pour quâils puissent dĂ©couvrir quâil existe dâautres fĂ©conditĂ©s. Mais lâenfant ne saurait ĂȘtre un droit ouvrant Ă des technologies toujours plus sophistiquĂ©es qui sâaccompagnent de destruction dâembryons. Lâannonce chrĂ©tienne qui concerne la famille est vraiment une bonne nouvelle. JĂ©sus est nĂ© dans une famille, câest lĂ dâabord quâil a vĂ©cu son incarnation, offrant Ă toutes les familles une grĂące spĂ©ciale. La fĂ©conditĂ© du couple fonde la famille. Celle-ci est le premier cercle de lâinterdĂ©pendance des hommes. Elle dĂ©ploie une intimitĂ© trĂšs particuliĂšre. Pour les enfants, elle est le premier lieu oĂč dĂ©couvrir la valeur de la solidaritĂ©. En particulier, les enfants se dĂ©couvrent en dette de la vie vis-Ă -vis de leurs parents et la fraternitĂ© de sang est la premiĂšre de toutes les fraternitĂ©s. Les parents ont une spĂ©ciale responsabilitĂ© dans lâĂ©ducation des enfants et doivent pour cela bĂ©nĂ©ficier dâune vraie libertĂ©, en particulier dans le choix de la scolaritĂ©. La sociĂ©tĂ© doit aider les parents mais nâa pas Ă se substituer Ă eux dans la mission dâĂ©ducation. Pendant des millĂ©naires, la pente de lâhumanitĂ© a Ă©tĂ© dâavoir des enfants pour se survivre. La foi en la RĂ©surrection nous a libĂ©rĂ©s de cette nĂ©cessitĂ©. JĂ©sus vient transformer les familles pour les faire devenir une communion de personnes unies dans le respect et dans lâamour. La famille est le premier cercle de la sociĂ©tĂ©. Il est essentiel Ă la bonne santĂ© des sociĂ©tĂ©s quâelles favorisent la famille. Les communautĂ©s catholiques sont invitĂ©es Ă devenir des lieux oĂč` les familles se sentent chez elles, accompagnĂ©es dans leurs joies, soutenues dans leurs difficultĂ©s. Il faut que les politiques publiques soutiennent les familles, que les infrastructures collectives les aident Ă vivre avec des places en crĂšche suffisantes par exemple, que les mĂšres au travail soient aidĂ©es. Notre Ă©poque voit un nombre grandissant de familles blessĂ©es. Les communautĂ©s catholiques auront Ă cĆur dâaccompagner ces situations, sans jugement, avec misĂ©ricorde, en voyant oĂč en sont les personnes et en rendant grĂące pour les trĂ©sors de charitĂ© qui se vivent souvent dans ces situations L'unique famille humaineCréée par Dieu pour ĂȘtre rassemblĂ©e dans la charitĂ© par le Christ, unie par des liens de sang autant que par des liens spirituels Ă©manant des cultures, lâhumanitĂ© est une seule famille appelĂ©e Ă vivre la fraternitĂ© et la solidaritĂ©. Elle en est capable malgrĂ© les dĂ©fis qui la menacent. Chacun, Ă sa place et avec les moyens qui sont les siens, par JĂ©sus-Christ, peut contribuer Ă cette tĂąche. Personne nâest en trop dans lâoeuvre de fraternitĂ©. Cela se vit dâabord dans les familles qui sont le premier lieu oĂč apprendre la solidaritĂ©. La famille doit donc ĂȘtre dĂ©fendue contre les attaques des idĂ©ologies. LâĂglise souhaite prendre sa part dans cette dĂ©fense et cet accompagnement des familles pour leur donner de vivre cette fraternitĂ©. Mais la famille est destinĂ©e Ă sâouvrir Ă plus grand quâelle. La solidaritĂ© doit atteindre les limites de lâhumanitĂ©. Ă lâheure de la mondialisation, il est plus mortifĂšre que jamais de rĂȘver que chaque nation se replie sur elle-mĂȘme en cherchant lâautarcie. Aucune nation ne peut plus trouver en elle les moyens de faire face aux dĂ©fis du temps. Les menaces contre lâhumanitĂ© appellent une rĂ©ponse commune. La voie du dialogue et de la coopĂ©ration internationale est la seule possible. A fortiori, les diverses discriminations qui divisent lâhumanitĂ© en dĂ©signant des sous-hommes sont intolĂ©rables. Chaque personne humaine a le droit de trouver sa place dans la famille humaine. Luttons pour que chaque homme soit reconnu comme un a créé lâhomme Ă son image et ressemblance pour se lâunir dans lâamour. Il en a fait une personne relationnelle comme Lui, il lâa créé beau, libre, apte Ă la vĂ©ritĂ©, constituant une seule famille interdĂ©pendante appelĂ©e Ă la fraternitĂ©. Il lâa appelĂ© Ă lâamour. Chacun dâentre nous, Ă©coutant sa conscience et aidĂ© par Dieu, se verra capable de dĂ©ployer cette fraternitĂ© envers tous. En particulier en pensant prĂ©fĂ©rentiellement aux plus petits. Câest le chemin du bonheur. JĂ©sus-Christ est mort et ressuscitĂ© pour bĂ©nir et fortifier cet effort et associer lâhomme au salut. Finalement, au dernier jour JĂ©sus vaincra la mort et rassemblera en lui toute la crĂ©ation et tous ceux qui lâauront acceptĂ© en le confessant ou en suivant leur conscience. Câest notre vocation ultime, qui porte toutes les autres. En aimant, [le chrĂ©tien] devient lui-mĂȘme un membre, et il est insĂ©rĂ© par lâamour dans lâunitĂ© du corps du Christ et il y aura un seul Christ sâaimant lui-mĂȘme » Saint Augustin, Commentaire de la premiĂšre ĂpĂźtre de saint Jean, X, 3. Postface de Mgr Batut Quâest-ce que lâhomme dans la nature ? » Quâest-ce que lâhomme dans la nature ? Un nĂ©ant Ă lâĂ©gard de lâinfini, un tout Ă lâĂ©gard du nĂ©ant, un milieu entre rien et tout. » La cĂ©lĂšbre rĂ©flexion de Pascal rejoint dans son dĂ©but lâinterrogation du psaume 8, mais elle la prolonge avec lâaccent dĂ©jĂ contemporain dâune humanitĂ© qui nâose plus croire que quelquâun pense Ă elle. Mesurant plus que jamais, grĂące aux progrĂšs des sciences, lâimmensitĂ© de lâunivers qui lâentoure, ce milieu entre rien et tout » sâapprĂ©hende lui-mĂȘme sur fond dâangoisse existentielle plutĂŽt comme un nĂ©ant que comme un tout â une poussiĂšre dâĂ©toiles » selon le mot dâHubert Reeves. Mais lorsque cette mĂȘme humanitĂ© regarde le microcosme oĂč elle vit, elle sâaperçoit que loin de grandir en humilitĂ© en rĂ©flĂ©chissant sur elle-mĂȘme, elle nâa cessĂ© dâagir avec dĂ©mesure au point dâĂ©puiser les ressources de la maison commune »[1] oĂč elle a Ă©tĂ© placĂ©e depuis la rĂ©volution industrielle, dans son dĂ©sir insatiable de profit et de confort, lâhomme est devenu un danger pour son environnement. DĂ©sorientĂ© et perdu Ă lâĂ©chelle de lâunivers, il doute de lui-mĂȘme Ă lâĂ©chelle de son milieu vital, jusquâĂ douter de lâopportunitĂ© de prolonger son existence. Quâest-ce que lâhomme ? Un prĂ©dateur et un meurtrier qui nâest pas digne de vivre, affirment certains aujourdâhui. Par avance pourtant, la Parole de Dieu a mis lâhomme en garde contre sa dĂ©mesure, tout en le rassurant devant sa petitesse. Le choix de Dieu, dans sa toute-puissance et son Ă©ternitĂ©, a Ă©tĂ© de crĂ©er lâunivers. Au sein de sa crĂ©ation, il a voulu entrer en alliance avec un ĂȘtre dans lequel est imprimĂ©e sa propre image. Et, pour parachever cette alliance, il a voulu connaĂźtre la vie de cet ĂȘtre de la naissance Ă la mort, afin de le racheter de la mort et de lui communiquer sa propre vie. La question du psaume quâest-ce que lâhomme pour que tu penses Ă lui ? » retrouve dans le Christ toute sa pertinence et dĂ©bouche sur un Ă©tonnement Ă©merveillĂ© Tu lâas voulu un peu moindre quâun dieu, le couronnant de gloire et dâhonneur ! Tu lâĂ©tablis sur les Ćuvres de tes mains, tu mets toutes choses Ă ses pieds ! » Le pouvoir de lâhomme sur la nature, envers de lâhumilitĂ© de sa condition, nâest pas un pouvoir discrĂ©tionnaire. Câest une gĂ©rance, une intendance â mieux une mission, celle de parachever lâĆuvre de Dieu. En comprenant cela, nous percevons la signification de lâunivers. Dans le Christ, rĂ©vĂ©lateur du PĂšre, nous dĂ©couvrons que le cosmos a Ă©tĂ© voulu paternellement et que son accomplissement ne peut ĂȘtre que filial. Lâalliance nouĂ©e avec lâhumanitĂ© nous apparaĂźt comme la transposition dans le temps de lâĂ©change Ă©ternel du PĂšre et du Fils. La vie terrestre de JĂ©sus devient le paradigme de cette vie filiale et fraternelle qui dĂ©ploie jusquâau bout en nous le goĂ»t de vivre, la joie dâhabiter cette terre et de contribuer, en y vivant la charitĂ©, Ă la faire passer en Dieu. Elle passe, certes, la figure de ce monde dĂ©formĂ©e par le pĂ©chĂ© ; mais, nous lâavons appris, Dieu nous prĂ©pare une nouvelle terre oĂč rĂ©gnera la justice et dont la bĂ©atitude comblera et dĂ©passera tous les dĂ©sirs de paix qui montent au cĆur de lâhomme. Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ⊠La charitĂ© et ses Ćuvres demeureront et toute cette crĂ©ation que Dieu a faite pour lâhomme sera dĂ©livrĂ©e de lâesclavage[2]. » La foi chrĂ©tienne nâen est quâĂ ses dĂ©buts. Et pour dire lâamour de Dieu, lâĂ©ternitĂ© sera courte. [1] Pape François, encyclique Laudato sĂŹ sur lâĂ©cologie Notre maison commune est comme une sĆur, avec laquelle nous partageons lâexistence, et comme une mĂšre, belle, qui nous accueille Ă bras ouverts. » [2] Vatican II, Constitution Gaudium et Spes sur lâĂglise dans le monde de ce temps, 39.Avonsnous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? Au prĂ©alable, il convient dâinterroger les notions, les termes de ce sujet. Par devoir, il faut entendre « obligation morale », Ă lâĂ©chelle dâun individu comme obligation quâon se donne Ă soi-mĂȘme comme aiguillon dans lâexistence ou Ă celle du genre humain. Cette obligation donne
Bien-aimĂ©s, jâai la joie de partager avec vous aujourdâhui le thĂšme ci-dessus tirĂ© de Mt et suivants. En effet, Vous ĂȘtes la lumiĂšre du monde» dit le Seigneur. Car la lumiĂšre manifeste tout, elle brille dans la nuit. Aussi elle doit ĂȘtre mise en Ă©vidence, sur un pied de lampe, et non sous un boisseau qui en entraverait le rayonnement. Le boisseau peut aussi reprĂ©senter les affaires de cette vie qui empĂȘchent si souvent notre lumiĂšre de luire. Que votre lumiĂšre luise ainsi devant les hommes, en sorte quâils voient vos bonnes Ćuvres, et quâils glorifient votre PĂšre qui est dans les cieux». La lumiĂšre est toute manifestation de la vie de Dieu devant les hommes. Elle luit par des Ćuvres qui sont le produit de la nouvelle nature, ce que Dieu appelle des bonnes Ćuvres», ou Ćuvres justes et droites, et non seulement ce que le monde appelle des bonnes Ćuvres», ou Ćuvres charitables. Si les hommes voient ces Ćuvres-lĂ , fruits de la vie divine, ils sont obligĂ©s dâen reconnaĂźtre lâorigine. Soyons plus fidĂšles, afin que les hommes puissent attribuer Ă Dieu ce quâils voient en nous, et ainsi le glorifier. Au commencement cette lumiĂšre brillait plus vivement devant les hommes Ac Dans le rĂšgne de Christ, non seulement les hommes verront cette lumiĂšre qui aura Christ pour foyer, mais ils marcheront Ă son Ă©clat Ap Car aux croyants, il suffit pour ĂȘtre heureux, bienheureux, dâavoir lâapprobation du Seigneur. Et les joies du royaume leur sont rĂ©servĂ©es. En se tenant sĂ©parĂ© du mal, le chrĂ©tien remplit sur la terre le rĂŽle du sel» qui prĂ©serve de la corruption. Il est aussi et surtout lumiĂšre», responsable de faire briller les caractĂšres moraux de Dieu devant les hommes et dâabord aux yeux de ceux qui sont dans la maison» sa propre famille. Le boisseau, rĂ©cipient Ă mesurer, est le symbole de lâactivitĂ©, le lit Luc celui de la paresse; deux extrĂȘmes susceptibles lâun comme lâautre dâĂ©teindre tout le rayonnement que devrait avoir un enfant de Dieu. Câest pourquoi, il ne viendrait Ă lâidĂ©e de personne, aprĂšs avoir allumĂ© une lampe, de la cacher sous un vase ou sous un lit. Enfants de lumiĂšre», notre raison dâĂȘtre ici-bas est de faire briller bien distinctement dans les tĂ©nĂšbres de ce monde les vertus de Celui qui est LumiĂšre Mt 1 P Et Ă lâoccasion de la venue de sa mĂšre et de ses frĂšres, le Seigneur parle encore de ceux qui Ă©coutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique». Car eux seuls peuvent se prĂ©valoir dâune relation avec Lui. Le sommeil de JĂ©sus dans le bĂąteau nous le montre comme un homme fatiguĂ© par sa journĂ©e de travail. Mais, lâinstant dâaprĂšs, lâordre quâIl donne au vent et aux vagues le fait connaĂźtre comme Dieu souverain. Saisis de crainte, les disciples sâĂ©crient Qui donc est celui-ciâŠ?». Celui qui commande mĂȘme aux vents et Ă lâeau» et rĂ©vĂšle sa puissance aux disciples manquant de foi est le Fils de Dieu, le CrĂ©ateur. Sa puissance aujourdâhui nâa pas changĂ©. Mais quâen est-il de notre foi? Ainsi ses rĂ©ponses sâadressent Ă la conscience de ceux qui ont reçu la Parole. Dieu a allumĂ© en eux la lumiĂšre qui doit Ă©clairer la nuit de ce monde. Ă chacun de nous de veiller Ă ne pas cacher notre lumiĂšre qui doit Ă©clairer la nuit de ce monde. Ă chacun de nous de veiller Ă ne pas cacher notre lumiĂšre, car nous ne rĂ©pondrions pas au but pour lequel Dieu nous a fait ĂȘtre lumiĂšre dans le Seigneur» Ep Il vient un moment oĂč le jour se fera sur tout ce qui aura empĂȘchĂ© la lumiĂšre de briller; car il nây a rien de secret qui ne deviendra manifeste, ni rien de cachĂ© qui ne se connaĂźtra et ne vienne en Ă©vidence». Il faut donc prendre garde comment lâon entend, car Dieu ne parle pas en vain; il faut que sa Parole porte des fruits, et plus le croyant en portera, plus il recevra car Ă quiconque a, il sera donné». Pour recevoir de la bĂ©nĂ©diction, il faut pratiquer ce que lâon connaĂźt. Mais quiconque paraĂźt avoir quelque chose, comme les gens de la seconde et troisiĂšme catĂ©gorie, cela leur sera ĂŽtĂ©, parce quâils nâont pas la vie. Câest ce qui arrivera Ă la chrĂ©tientĂ© aprĂšs lâenlĂšvement de lâĂglise ce quâelle paraĂźt avoir, ses formes, ses prĂ©tentions, lui seront ĂŽtĂ©es, et on la verra dans son Ă©tat vĂ©ritable, prĂȘte Ă recevoir le jugement qui lâatteindra. Les versets ci-aprĂšs ont Ă©tĂ© compilĂ©s pour votre Ă©dification et regroupĂ©s pour votre meilleure comprĂ©hension. Lâinfluence chrĂ©tienne Lampe Ps Oui, tu fais briller ma lumiĂšre; LâĂternel, mon Dieu, Ă©claire mes tĂ©nĂšbres. Ps Ta parole est une lampe Ă mes pieds, Et une lumiĂšre sur mon sentier. Pr Le souffle de lâhomme est une lampe de lâĂternel; Il pĂ©nĂštre jusquâau fond des entrailles. Mt et on nâallume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle Ă©claire tous ceux qui sont dans la maison. 1 P Vous, au contraire, vous ĂȘtes une race Ă©lue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelĂ©s des tĂ©nĂšbres Ă son admirable lumiĂšre, Enfants de lumiĂšre Lc Le maĂźtre loua lâĂ©conome infidĂšle de ce quâil avait agi prudemment. Car les enfants de ce siĂšcle sont plus prudents Ă lâĂ©gard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumiĂšre. Jn Pendant que vous avez la lumiĂšre, croyez en la lumiĂšre, afin que vous soyez des enfants de lumiĂšre. JĂ©sus dit ces choses, puis il sâen alla, et se cacha loin dâeux. Ep Autrefois vous Ă©tiez tĂ©nĂšbres, et maintenant vous ĂȘtes lumiĂšre dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumiĂšre! 1 Th vous ĂȘtes tous des enfants de la lumiĂšre et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des tĂ©nĂšbres. Vies resplendissantes des saints Jb Tes jours auront plus dâĂ©clat que le soleil Ă son midi, Tes tĂ©nĂšbres seront comme la lumiĂšre du matin, Ps Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie, Et le visage ne se couvre pas de honte. Ec Qui est comme le sage, et qui connaĂźt lâexplication des choses? La sagesse dâun homme fait briller son visage, et la sĂ©vĂ©ritĂ© de sa face est changĂ©e. Dn Ceux qui auront Ă©tĂ© intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseignĂ© la justice, Ă la multitude brilleront comme les Ă©toiles, Ă toujours et Ă perpĂ©tuitĂ©. Jn Jean Ă©tait la lampe qui brĂ»le et qui luit, et vous avez voulu vous rĂ©jouir une heure Ă sa lumiĂšre. Ac Tous ceux qui siĂ©geaient au sanhĂ©drin ayant fixĂ© les regards sur Ătienne, son visage leur parut comme celui dâun ange. 2 Co Nous tous qui, le visage dĂ©couvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformĂ©s en la mĂȘme image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, lâEsprit. Visages rayonnants Ex Aaron et tous les enfants dâIsraĂ«l regardĂšrent MoĂŻse, et voici la peau de son visage rayonnait; et ils craignaient de sâapprocher de lui. Mt Il fut transfigurĂ© devant eux; son visage resplendit comme le soleil, et ses vĂȘtements devinrent blancs comme la lumiĂšre. Mt Son aspect Ă©tait comme lâĂ©clair, et son vĂȘtement blanc comme la neige. 2 Co Or, si le ministĂšre de la mort, gravĂ© avec des lettres sur des pierres, a Ă©tĂ© glorieux, au point que les fils dâIsraĂ«l ne pouvaient fixer les regards sur le visage de MoĂŻse, Ă cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire fĂ»t passagĂšre, De tout ce qui prĂ©cĂšde, souvenons-nous que le Seigneur dit Ă chacun Prenez garde comment vous entendez», car le jour approche oĂč tout sera manifestĂ©; alors que personne ne pourra recommencer pour faire mieux. Câest ici le tableau complet du caractĂšre et de la position du rĂ©sidu qui reçoit les instructions du Seigneur, la position de ce rĂ©sidu telle quâelle devait ĂȘtre selon les pensĂ©es de Dieu. Ceci est complet en soi, car JĂ©sus utilise une image pour nous montrer quelles sont la place et la mission du chrĂ©tien dans le monde Câest Dieu qui a allumĂ© en nous la flamme de la foi. Il nous a fait ce cadeau, mais pas seulement pour que nous soyons les seuls Ă en bĂ©nĂ©ficier, pour que les autres aussi bĂ©nĂ©ficient de cette foi La lumiĂšre est aussi transparente. Cette image montre bien que, dans son essence, la foi ne peut pas ĂȘtre quelque chose de cachĂ©. Elle est appelĂ©e Ă Ă©clairer, Ă irradier et câest ce quâelle fera dâelle-mĂȘme, si on ne la cache pas. Câest ici prĂ©cisĂ©ment notre tĂ©moignage de chrĂ©tien. Car suivre les pas du Christ, le chercher et lâaimer en toute transparence, face aux regards des autres, câest ce qui permettra Ă Dieu dâilluminer leur vie. Il ne sâagit pas de faire de grands discours, mais de rendre visible notre amour pour le Christ dans la vie quotidienne. Nous nâavons quâune seule vie, et notre foi nâest pas juste du domaine du privĂ©, une attitude intĂ©rieure dont Dieu est le seul tĂ©moin, mais elle est prĂ©sente dans tous les domaines de notre vie et comme telle, elle doit ĂȘtre visible Ă ceux qui vivent avec nous ou qui croisent notre vie. Nos priĂšres vous y accompagnent tous. PRIERE DâACCEPTATION DE JESUS-CHRIST COMME SEIGNEUR ET SAUVEUR PERSONNEL Jâinvite Ă prĂ©sent toute personne qui veut devenir une nouvelle crĂ©ation en marchant dans la vĂ©ritĂ©, Ă faire avec moi la priĂšre suivante Seigneur JĂ©sus, jâai longtemps marchĂ© dans les convoitises du monde en ignorant ton amour pour les humains. Je reconnais avoir pĂ©chĂ© contre toi et te demande pardon pour tous mes pĂ©chĂ©s, car aujourdâhui jâai dĂ©cidĂ© de te donner ma vie en te prenant comme Seigneur et Sauveur personnel. Je reconnais que tu es mort Ă la croix du Calvaire et que tu es ressuscitĂ© des morts pour moi. Je suis maintenant sauvĂ©e et nĂ©e de nouveau par la puissance du Saint-Esprit. Conduis-moi chaque jour vers la vie Ă©ternelle que tu donnes Ă tous ceux qui obĂ©issent Ă ta Parole. RĂ©vĂšle-toi Ă moi et fortifie mon coeur et ma foi, afin que ta lumiĂšre luise dans ma vie dĂšs maintenant. Merci, Seigneur JĂ©sus de mâaccepter dans ta famille divine, afin que je puisse aussi contempler les merveilles de ton royaume. Je vais choisir maintenant un point dâeau tout proche oĂč me baptiser par immersion, au nom du PĂšre, du Fils et du Saint-Esprit. A toi toute lâadoration, la puissance et la gloire, maintenant et pour les siĂšcles des siĂšcles. Amen ! Je serais content de rĂ©agir Ă vos questions et commentaires Ă©ventuels, avant de partager avec vous demain â la parabole du lis.â Que le Seigneur JĂ©sus-Christ vous bĂ©nisse abondamment. David Feze, Serviteur de lâĂternel des armĂ©es.
Nietzsche : la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© nous entraĂźne loin de la vie. Les piĂšges Ă Ă©viter âą La notion de devoir ne doit pas vous inviter Ă rĂ©citer ce que vous connaissez de la morale kantienne. ⹠« Chercher la vĂ©ritĂ© » ne concerne pas que le scientifique (ou le philosophe) : ne consacrez pas votre copie Ă leur seule dĂ© ontologie.
DĂ©bats Tribune HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Bruno Retailleau PrĂ©sident du Groupe Les RĂ©publicains LR au SĂ©nat et HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Les chefs de lâopposition sĂ©natoriale Bruno Retailleau LR et HervĂ© Marseille UC dĂ©taillent, dans une tribune au Monde », les garanties quâils demandent au gouvernement avant de se prononcer sur la rĂ©forme annoncĂ©e. PubliĂ© le 18 juin 2018 Ă 09h54 - Mis Ă jour le 18 juin 2018 Ă 10h54 Temps de Lecture 3 min. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Tribune. Depuis plusieurs semaines, certaines voix sâemploient Ă propager lâidĂ©e que le SĂ©nat serait par principe hostile Ă la rĂ©forme constitutionnelle. A dĂ©faut de pouvoir Ă©tayer lâaccusation, lâon suscite le soupçon, faisant peser sur la Haute AssemblĂ©e une prĂ©somption dâobstruction. Ainsi, un dĂ©putĂ© LREM affirmait-il rĂ©cemment que la science du blocage est dans lâADN du SĂ©nat », lâaccusant mĂȘme de dĂ©faire mĂ©ticuleusement les rĂ©formes qui lui sont proposĂ©es ». Sans ĂȘtre dupes de lâimpartialitĂ© de nos procureurs, examinons les deux grands chefs dâaccusation qui sont aujourdâhui avancĂ©s. Car les Français ont droit Ă la vĂ©ritĂ©. PremiĂšrement, le SĂ©nat est-il dans une opposition systĂ©matique au prĂ©sident de la RĂ©publique ? Si tel Ă©tait le cas, comment alors expliquer que depuis le dĂ©but du quinquennat, plus de 75 % des textes ayant Ă©tĂ© soumis Ă la Haute AssemblĂ©e par le gouvernement aient Ă©tĂ© adoptĂ©s par la majoritĂ© sĂ©natoriale ? Ce qui en revanche nâest pas dans notre ADN, câest le clonage issus des diffĂ©rentes sensibilitĂ©s de la droite et du centre, siĂ©geant dans une assemblĂ©e dont lâhistoire, la culture comme les missions exigent de ses membres une rĂ©sistance aux pulsions partisanes comme aux pressions institutionnelles, nous avons nos convictions. Lorsquâelles sâaccordent avec les dĂ©cisions du gouvernement, comme sur les ordonnances travail ou la rĂ©forme ferroviaire, nous le soutenons. Lorsque le chemin proposĂ© ne nous semble pas emprunter la bonne direction, nous le disons. Quoi de plus naturel dans une dĂ©mocratie ? Du reste, cette franchise parlementaire est un indicateur de bonne santĂ© rĂ©publicaine quand les reprĂ©sentants de la nation conditionnent leur droit de dire au devoir dâobĂ©ir, quand le consensus obligatoire se substitue au dĂ©bat contradictoire, alors le peuple se tourne vers les populismes. Mise en sourdine du Parlement DeuxiĂšmement, le SĂ©nat sâoppose-t-il Ă la rĂ©forme constitutionnelle ? Non, deux fois non ! Non seulement, nous sommes ouverts et favorables Ă une modification de la Constitution, mais nous ne nous opposons ni Ă la rĂ©duction du nombre de dĂ©putĂ©s et de sĂ©nateurs ni Ă la limitation dans le temps de leurs mandats. Tout juste demandons-nous au gouvernement quâau sein de ce contrat constitutionnel renouvelĂ© figurent deux grandes garanties. La premiĂšre est territoriale. Personne nâignore dĂ©sormais que la fracture entre les territoires abĂźme chaque jour un peu plus notre tissu national. Tissu dans lequel le projet du gouvernement risque pourtant de crĂ©er de nouveaux accrocs pas moins dâune quarantaine de dĂ©partements, trĂšs majoritairement ruraux, ne disposeraient que dâun seul sĂ©nateur quand dâautres â urbains naturellement â en compteraient prĂšs de 10 fois plus ! Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il dâautres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant dâappareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est lâautre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.sujetpeut Ă©tonner. La vĂ©ritĂ© est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science, la notion de devoir est une valeur de l'existence, relevant du domaine de la morale ou de l'Ă©thique. Donc l'idĂ©e d'un devoir de chercher la vĂ©ritĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, d'autant qu'on recherche la vĂ©ritĂ© en science et ailleurs. Il y a