AnnaleBac : Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? L’épreuve de philosophie est une Ă©preuve commune Ă  toutes les filiĂšres. En effet, que vous soyez en terminale L, S, ES ou STG, vous serez amenĂ© Ă  travailler en juin 2013 sur un sujet de dissertation de philosophie.Les Ă©tudiants qui prĂ©paraient un Bac S en 2012 sont eux aussi passĂ©s par lĂ  et ont eu Ă  traiter le
Cours du 21 juin 02 Le savoir de l’auteur, c’est le savoir de la vĂ©ritĂ© La sĂ©ance d’aujourd’hui est la derniĂšre de l’annĂ©e ; je vais essayer de rĂ©pondre au moins implicitement aux questions qui sont restĂ©es en suspens, et de conclure avant que nous repartions Ă  la rentrĂ©e vers de nouvelles aventures. Il n’y a d’autoritĂ© qu’à ce que le savoir ne compte pas lĂ  oĂč on l’on a des raisons d’obtempĂ©rer ou d’apprĂ©cier, on ne reconnaĂźt personne mais uniquement lesdites raisons on reconnaĂźt un savoir qui est sujet Ă  la place du sujet. Autrement dit on reconnaĂźt le sujet d’un choix, alors que le sujet de l’autoritĂ© est toujours celui d’une dĂ©cision. Car elle est toujours autoritĂ© de celui qui compte, et il n’y a pas de diffĂ©rence entre reconnaĂźtre que quelqu’un compte et reconnaĂźtre qu’il s’est autorisĂ© de lui-mĂȘme, qu’il est sa propre autoritĂ© – celle-lĂ  mĂȘme qui dĂ©finit la dĂ©cision de n’avoir jamais lieu au prĂ©sent. La question de l’auteur est celle de cette impossibilitĂ© le vrai sujet ne peut pas ĂȘtre contemporain de son propre gĂ©nie et c’est de cela qu’il s’agit dans la notion du gĂ©nie, c’est-Ă -dire de l’éthique d’ĂȘtre soi. En quoi nous retrouvons la paradoxale antĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme – et certes, il ne pouvait de toute façon pas s’agir d’autre chose pour finir notre annĂ©e. Or l’antĂ©rioritĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme ne peut par principe correspondre Ă  rien pour qu’il en soit ainsi non seulement il faudrait faire de la vĂ©ritĂ© une sorte de rĂ©alitĂ©, mais encore il faudrait que cette rĂ©alitĂ© fĂ»t prĂ©cĂ©dĂ©e d’une autre rĂ©alitĂ© plus originelle qui ne serait jamais , comme telle, qu’une stupiditĂ© placĂ©e avant les autres un fait, prĂ©cisĂ©ment. L’exclusivitĂ© s’entend d’abord comme celle du fait et du droit, et elle est constitutive de la notion de l’auteur puisque celui-ci, n’est pas celui qui s’exprime mais celui qui signe autrement dit n’est pas la cause du texte mais, prĂ©cisĂ©ment, son autoritĂ©. Ensuite l’exclusivitĂ© du droit Ă  son propre fait si c’est un fait qu’il y a le droit, ce fait ne fait pas droit donc il n’y a pas de droit autrement dit de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme on sait qu’ » il n’y a pas de vĂ©ritĂ© de la vĂ©ritĂ© , cette double exclusivitĂ©, dis-je, on la rĂ©flĂ©chira forcĂ©ment comme une aberration. D’oĂč ma derniĂšre thĂšse pour cette annĂ©e c’est l’aberration qui fait l’autoritĂ©, autrement dit l’exclusivitĂ© Ă  la mĂ©taphysique, si l’on nomme ainsi la raison comme discours. Partout oĂč la mĂ©taphysique est rĂ©cusĂ©e, autrement dit partout oĂč la rĂ©flexion a perdu son droit, il y a autoritĂ© et pour cette seule raison. En quoi je reviens paradoxalement Ă  ce que j’ai dit de la mĂ©taphore, qui n’est pas une maniĂšre de signifier mais une folie. Non pas que toute folie soit mĂ©taphore, mais en ceci qu’il nous est impossible de ne pas faire de la folie une mĂ©taphore. Et quand nous avons opĂ©rĂ© cette conversion, nous avons reconnu l’autoritĂ©. C’est pourquoi il est impossible de sĂ©parer l’autoritĂ© de sa reconnaissance une autoritĂ© que nul ne reconnaĂźt n’en est tout simplement pas une. MĂ©taphysique et autoritĂ© L’autoritĂ© est, entendue comme Ă©thique, l’antĂ©rioritĂ© mĂȘme de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme et c’est ce que signifie l’expression » s’autoriser de soi , puisqu’il est impossible d’en donner une comprĂ©hension mĂ©taphysique on s’autoriserait alors ou de son savoir, ou de sa place. La notion d’autoritĂ© s’entend en exclusivitĂ© Ă  la mĂ©taphysique, puisqu’elle s’entend en exclusivitĂ© Ă  la question des biens, comme on le voit non seulement dans le paradoxe des mauvais textes ce sont eux qui font l’auteur, puisque l’acceptation des bons va de soi, mais encore dans l’impossibilitĂ© qu’aucune dĂ©cision soit jamais justifiable. L’exclusivitĂ© de l’autoritĂ© et de la mĂ©taphysique entendue comme le discours du maĂźtre sera par consĂ©quent traduite par l’impossibilitĂ© que l’autoritĂ© concerne jamais le service des biens, dans lequel prĂ©cisĂ©ment le maĂźtre s’impose ce qui est une maniĂšre de dire que seul quelqu’un qui ne compte pas peut valoir comme maĂźtre. Or la mĂ©taphysique, c’est le discours de la raison celui de la lĂ©gitimitĂ© et de la reconnaissance rĂ©ciproque. Rien de moins lĂ©gitime que l’auteur, lui qui nous impose la vĂ©nĂ©ration de mauvais textes, et aussi rien de moins rĂ©ciproque le respect qu’il inspire est justement le sentiment que nous Ă©prouvons de ne pas compter, en face de lui. L’exclusivitĂ© de l’autoritĂ© et de la mĂ©taphysique impose d’admettre l’aberration originelle et ultime de toute autoritĂ© c’est le mĂȘme de fonder une autoritĂ© et de la supprimer comme autoritĂ©. On ne s’autorise donc jamais que de sa propre folie. ConcrĂštement, on n’est un auteur qu’à la condition de ne pas comprendre de ne pas pouvoir expliquer pourquoi on fait ceci plutĂŽt que cela, c’est-Ă -dire qu’à la condition de n’avoir jamais choisi ce que l’on fait. Et si l’acte de choisir consiste Ă  dĂ©missionner de soi au profit du savoir, on peut dire que toute dĂ©cision est folle non seulement au sens oĂč elle a forcĂ©ment lieu sans le savoir injustifiable et prise en nous bien avant qu’on puisse savoir qu’elle a Ă©tĂ© prise mais encore oĂč l’on agit sans jamais avoir choisi d’agir ni d’agir comme on agit, et enfin au sens oĂč l’on agit forcĂ©ment en exclusivitĂ© du service des biens, qui est l’ordre des choix. Rien lĂ  que de trĂšs banal l’idĂ©e d’une bonne ou d’une mauvaise dĂ©cision est une contradiction dans les termes, et c’est seulement par une opĂ©ration rĂ©flexive de conversion qu’on pourra traiter une dĂ©cision comme si elle avait Ă©tĂ© un choix. C’est ce qui rend compte du paradoxe des mauvais textes qui sont ceux oĂč l’auteur apparaĂźt bien comme tel on les dit mauvais comme si l’on pouvait choisir selon des critĂšres alors que toute cette problĂ©matique ne compte pas, et que c’est justement par cela que les textes en question font autoritĂ©. D’oĂč ce dernier paradoxe d’une part les auteurs produisent un savoir dont on ne peut rĂ©cuser la rĂ©alitĂ© Kant nous apprend ce qu’il en est de la morale, par exemple et d’autre part, ils ne le font qu’autorisĂ©s d’eux-mĂȘmes, dans la folie d’une position subjective qu’on a suffisamment dĂ©finie en disant que le savoir ne compte pas le penseur pense, justement il ne compile pas des lectures. L’unitĂ© du savoir et de la folie dĂ©finissent donc la production de l’auteur. Il n’y a d’autoritĂ© que folle et que violente, je le maintiens, mais de mĂȘme que toute dĂ©cision dĂ©cide forcĂ©ment de quelque chose par exemple d’une politique, de mĂȘme tout auteur dit forcĂ©ment quelque chose, ne serait-ce que son autoritĂ© par exemple une peinture qui ne reprĂ©sente rien et qui s’impose d’elle-mĂȘme prĂ©cisĂ©ment comme acte pur de peindre. Folie et savoir sont donc insĂ©parables quand on pose la question de l’autoritĂ©. Evidemment, toute la question est de savoir de quoi on parle aussi bien Ă  travers le premier terme que le second. Un savoir en exclusivitĂ© Ă  l’enseignement. Le savoir des auteurs ne s’enseigne pas, au sens classique du terme, parce qu’on n’enseigne seulement le savoir des autres. Je le dis plus simplement on n’enseigne jamais un savoir mais uniquement l’histoire d’un savoir – y compris bien sĂ»r l’histoire contemporaine de celui qui parle le professeur peut faire cours sur le dernier livre d’un penseur dont il est par ailleurs le contemporain. L’exclusivitĂ© du savoir et de l’enseignement n’est un paradoxe qu’en apparence. Car si le » bon sens » pose qu’on ne peut rien enseigner quand on ne sait pas, il le fait Ă  l’encontre de toute l’histoire de la pensĂ©e qui Ă©tait Ă  chaque fois l’enseignement de gens qui ne savaient pas, puisqu’ils parlaient ou Ă©crivaient et ne rĂ©pĂ©taient pas. Ce n’est en effet pas du tout le mĂȘme d’ĂȘtre un enseignant et d’avoir un enseignement Socrate ou Lacan avaient un enseignement, mais ils n’était certes pas des enseignants. Inversement, on n’est un enseignement qu’à n’avoir soi-mĂȘme strictement rien Ă  enseigner. On ne peut donc pas ĂȘtre surpris de l’opposition que je prĂ©sente en disant qu’il appartient Ă  tout auteur de faire autoritĂ© c’est-Ă -dire d’avoir un enseignement. En quoi je n’en fais pas une sorte de professeur mais Ă  chaque fois le sujet paradoxal d’un savoir. Ce savoir, nous l’avons dĂ©jĂ  pensĂ© Ă  travers la question des » natures , dont le principe est qu’elles procĂšdent du nom propre, lequel ne veut rien dire – n’est la position d’aucun savoir. le savoir de l’auteur est un savoir de pure nomination et en ce sens il ne dit absolument rien. Que la morale soit finalement de » nature » kantienne, ainsi que chacun l’admet dĂšs qu’il fait l’effort de ne plus confondre la morale et l’éthique, mais d’autre part c’est une vĂ©ritĂ© qui ne veut rien dire. La derniĂšre vĂ©ritĂ©, ce qu’il fallait finalement savoir, c’était le nom propre qui constitue le savoir prĂ©cisĂ©ment comme vĂ©ritĂ© et pas simplement comme savoir. VoilĂ  l’autoritĂ© que le savoir s’entende selon le nom propre qui, comme tel, exclut le savoir. La violence et la folie dont je parlais pour opposer l’autoritĂ© Ă  la mĂ©taphysique, on les trouve donc dans ce paradoxe du savoir qui en soit vraiment un autrement dit qui ne soit pas le savoir d’un maĂźtre – mais tout au contraire d’un auteur, de quelqu’un qui est sa propre Ă©trangetĂ© et n’existe que dans la surprise d’ĂȘtre soi alors que, comme on sait, le maĂźtre est d’abord celui qui se maĂźtrise lui-mĂȘme La question de l’autoritĂ© est donc aussi bien celle d’un savoir qui est un savoir sans savoir et que pour cette raison j’appellerai le vrai savoir. On peut dire aussi le » gai » savoir. Le vrai savoir est le savoir dispensĂ© par l’auteur, par opposition au savoir rĂ©el dispensĂ© par l’enseignant, toujours asservi au domaine des biens. Avoir un enseignement et profĂ©rer le vrai savoir, c’est par consĂ©quent la mĂȘme chose. Tout le contraire du fait d’ĂȘtre un enseignant qui, lui, entend bien nous faire admettre comme rĂ©el cela dont il a le savoir. Le vrai savoir ne dit rien, ne sait rien, ne fait rien savoir, bien qu’il soit indubitablement un savoir. C’est ce paradoxe qui a pu faire confondre l’auteur qui est toujours un gĂ©nie terme qui renvoie non pas Ă  quelque » don » irresponsable mais Ă  la seule Ă©thique d’ĂȘtre soi avec le maĂźtre qui est toujours un mĂ©diocre, puisque c’est de sa place qu’il s’autorise pour parler ou pour agir. Le vrai savoir est le savoir ultime, celui des » natures » et c’est de lui qu’il s’agit quand nous rĂ©flĂ©chissons notre lecture d’un auteur. C’est le savoir de la reconnaissance personnelle dans une aberration qui se trouve prĂ©cisĂ©ment constituĂ©e par le savoir comme rĂ©ponse Ă  la question qui. Car c’est bien du seul nom propre que s’entend ce savoir – nom qui a, justement de ne rien vouloir dire, la capacitĂ© de rĂ©pondre Ă  la question de savoir qui l’on est. Tout savoir – sauf justement le savoir de l’auteur – rĂ©pond Ă  la question quoi. Par exemple exposer les variations du cours du blĂ© dans la seconde partie du dix-huitiĂšme siĂšcle, c’est pour celui qui le fait rĂ©pondre Ă  la question de ce qu’il est un historien. Que Kant nous parle de la morale rĂ©pondrait pareillement Ă  la question quoi c’est un philosophe. Mais, au-delĂ  de ce que n’importe quel professeur peut nous en dire, il n’a, lui et en vĂ©ritĂ© et non plus en rĂ©alitĂ©, qu’une seule chose Ă  nous dire de la morale prĂ©cisĂ©ment qu’il ne peut pas nous en dire la vĂ©ritĂ© et que par lĂ  mĂȘme il est en train de nous la dire. Bref, la distinction du savoir rĂ©el et du savoir vrai est celle de l’impossibilitĂ© subjective dont la notion de » nature » est le pendant en quelque sorte objectif. L’impossibilitĂ© dans laquelle il se trouve de dire ce qu’il doit finalement ou originellement dire, nous savons que c’est le statut de l’auteur. De sorte que le savoir dont, comme auteur et non pas comme enseignant, il est la garantie, c’est un savoir non pas sur mais de l’impossibilitĂ© d’ĂȘtre soi. Or soi, dans cet exemple, cela signifie simplement ĂȘtre Kant. Il Ă©tait Kant justement de ne pas pouvoir l’ĂȘtre contrairement Ă  un fou qui se serait pris pour Kant et c’est par cette impossibilitĂ© sur laquelle il n’a pas cĂ©dĂ© que dĂšs lors il est un auteur. L’impossibilitĂ© d’ĂȘtre Kant Ă©tait sa pensĂ©e mĂȘme. Etre sa propre impossibilitĂ© s’appelle tout simplement la pensĂ©e, dont le corrĂ©lat est le vrai il peut bien nous dire ce que la morale est rĂ©ellement et cela est trĂšs important ; mais ce n’est pas cela qui compte, Ă  propos de la morale nous voulons savoir ce qu’elle est vraiment. Et nous le savons, dĂ©sormais elle est kantienne. Que par exemple un anthropologue montre la nĂ©cessitĂ© structurale de chacun des moments dont le philosophe aura montrĂ© la rĂ©alitĂ©, et nous saurons bien que ce n’est pas vraiment de la morale qu’il parlera, bien qu’en rĂ©alitĂ© il ne parlera pas d’autre chose Pas de vĂ©ritĂ© dans l’énoncĂ©, puisque la vĂ©ritĂ© s’entend Ă  l’encontre de la rĂ©alitĂ© sans qu’il y ait pour autant rien Ă  en ajouter ou Ă  en retirer – de sorte que seul le nom impossible peut nous faire reconnaĂźtre pour vrai un Ă©noncĂ© dont par ailleurs lĂ  oĂč ça ne compte pas un anthropologue peut nous montrer qu’il correspond Ă  la rĂ©alitĂ©. Pas de vĂ©ritĂ© non plus au niveau de l’énonciation l’anthropologue en question parlera depuis son savoir, c’est-Ă -dire installĂ© dans la possibilitĂ© que lui confĂšre celui-ci d’ĂȘtre un locuteur autorisĂ©. Lui ou personne, c’est donc pareil, sauf qu’il faut bien un vĂ©hicule, un truchement pour actualiser le savoir qui ne parle pas tout seul. L’anthropologue est un enseignant mais Kant a un enseignement, pour reprendre la distinction dont je suis parti. L’exclusivitĂ© de la vĂ©ritĂ© et de l’exactitude dont nous avions parlĂ© il y a quelques semaines permet de penser le savoir de l’auteur, dans son opposition Ă  tout autre savoir qu’on imaginerait pouvoir lui substituer il faut que la rĂ©alitĂ© ne compte pas – ce qui implique Ă©videmment qu’elle importe, tout savoir Ă©tant savoir de quelque chose. Ce que nous dit Kant de la morale importe au plus haut point, nous le savons tous, mais ce n’est pas ce qui compte pour que nous ayons le devoir de le lire ; car l’importance de son savoir ne concerne que nous, notre curiositĂ© que nous avons Ă  satisfaire ou la besogne professorale que nous devons assurer. Kant ne compte pas, dans ces misĂšres. Et s’il ne compte pas, on ne voit pas en quoi on pourrait le considĂ©rer comme un auteur, comme faisant autoritĂ©. Eh bien c’est justement de le savoir que nous nous reconnaissons obligĂ©s Ă  le lire, d’un savoir qui n’est donc pas le service de nos biens mais au contraire la reconnaissance d’une vĂ©ritĂ© dont ce service lui-mĂȘme aura ensuite Ă  relever les importances irrĂ©cusables sont forcĂ©ment ordonnĂ©es Ă  ce qui compte et devant quoi nous, nous ne comptons pas. Alors que c’est l’étudiant qui compte dans le savoir du professeur ni les ouvrages qu’il a lus, ni lui-mĂȘme comme somme subjective de ses lectures ou le lecteur dans celui de l’essayiste, nous savons, nous, quenous ne comptons pas quand nous lisons un auteur. Si aucun Ă©tudiant ne profite du cours d’un professeur, si satisfait que celui-ci ait pu ĂȘtre en le prĂ©parant, eh bien le cours est mauvais. Mais qu’on ne soit pas marquĂ© par un auteur, cela ne concerne que nous, que notre mĂ©diocritĂ©. Ainsi apercevons-nous clairement en quel sens il faut opposer le savoir Ă  l’enseignement, du moins dans son sens habituel qui consiste Ă  faire de l’enseignĂ© l’instance dĂ©cisive de ce qui aura Ă©tĂ© dit et par consĂ©quent aussi du sujet qui l’aura dit. Ce qu’il faut retenir en somme de cette idĂ©e d’un savoir propre Ă  l’auteur, c’est son vide absolu le savoir des » natures , lesquelles sont des identifications ontologiques par un nom qui a pour dĂ©finition de n’apporter aucun savoir. Un savoir qui n’enseigne rien mais qui est vrai. Tel est le savoir de l’auteur. L’auteur n’a jamais rien Ă  dire, sinon justement ce qui ne peut pas ĂȘtre dit par lui mais par n’importe qui d’autre. L’unicitĂ© de l’auteur est par consĂ©quent toute nĂ©gative on l’imagine dotĂ© d’une capacitĂ© extraordinaire alors que c’est exactement le contraire qui est vrai il est le seul Ă  ne pas pouvoir dire une certaine chose et par lĂ  mĂȘme, pour nous tous qui le lisons et qui ne comptons pas devant lui, il est l’unique. Le paradoxe extrĂȘme d’une constitution par la vĂ©ritĂ© L’unique, c’est celui qui n’a pas de semblable celui dont la semblance n’est pas l’ordre naturel. Il est bien un semblable un humain, pĂšre de famille, automobiliste, contribuable et tout ce qu’on voudra d’autre, mais ça ne compte pas, de sorte que c’est aussi bien relativement Ă  lui-mĂȘme, en exclusivitĂ© de soi, qu’il est l’unique. Un sujet semblable et donc comprĂ©hensible – et par ailleurs un vrai sujet, Ă©tranger Ă  nous autant qu’il l’est Ă  lui-mĂȘme. Devant lui nous ne comptons mais, mais lui non plus. Ne pas compter quand il s’agit vraiment de soi, tel est le paradoxe subjectif de l’autoritĂ© par exemple, il n’y avait pas de Charles en De Gaulle – d’aprĂšs Malraux. On pourrait parler de sacrifice de la vie Ă  la vĂ©ritĂ©, ou encore de l’installation d’une diffĂ©rence entre le sujet pur et le sujet empirique, mais il ne s’agit pas de cela seulement de l’impossibilitĂ©, telle qu’on l’exprime en termes positifs quand nous disons qu’il appartient Ă  la vĂ©ritĂ© de ne l’ĂȘtre qu’en vĂ©ritĂ©, c’est-Ă -dire qu’en impossible antĂ©rioritĂ© Ă  elle-mĂȘme. Depuis toujours un mot manquait pour que la signification soit totale ou, si l’on prĂ©fĂšre user d’un langage lacanien, pour que l’Autre assure le sens. L’auteur est celui qui s’est installĂ© dans ce manque, et qui ne se paiera pas de mots notamment quand le nom qui est commun Ă  toute sa famille aura la prĂ©tention d’y rĂ©pondre. La propriĂ©tĂ© du nom est l’impossibilitĂ© de la rĂ©ponse qui assurerait la signification ou, dirais-je plutĂŽt, qui rĂ©pondrait enfin Ă  la question de savoir qui l’on est parce que la rĂ©ponse qu’elle donnerait, d’ĂȘtre commune, dirait seulement ce que l’on est ou la place qu’on occupe. J’insiste sur le paradoxe de cette question, celle qui renvoie au savoir dont je viens de parler et qui est en propre le savoir de l’auteur – celui de son enseignement parce qu’il ne peut pas ĂȘtre celui dont il serait l’enseignant. L’unique ne peut pas relever, quant au savoir dont sa question est l’exigence, d’une rĂ©ponse commune bien que par ailleurs il appartienne Ă  toute rĂ©ponse d’ĂȘtre commune. Parler d’un savoir rĂ©pondant Ă  la question qui paraĂźt bien une contradiction dans les termes, puisqu’il n’y a de savoir que de quelque chose et non pas de quelqu’un, par exemple un sujet. Le nom propre et sa vacuitĂ© lĂšvent la difficultĂ©. D’un autre cĂŽtĂ©, la question de savoir qui l’on est insiste toujours, et par consĂ©quent aussi l’éventualitĂ© du savoir dont elle est par dĂ©finition l’exigence. Ce paradoxe ouvre alors sur cette solution inouĂŻe dont je parle celle d’un savoir qui, comme savoir de quelque chose, ne compte pas et qui, comme savoir de quelqu’un, ne soit savoir de rien. C’est ce paradoxe que j’indiquais dĂ©jĂ  en disant que l’auteur pouvait bien ĂȘtre sujet comme tout le monde mais que par lĂ  mĂȘme sa rĂ©alitĂ© de sujet ne comptait pas Ă  l’unique il n’appartient pas d’ĂȘtre rĂ©ellementsujet, mais de l’ĂȘtre vraiment. D’oĂč cette nĂ©cessitĂ© que le savoir le concernant soit savoir de la diffĂ©rence vĂ©ritative. Dans le savoir de l’auteur, il est forcĂ©ment question de l’impossibilitĂ© de jamais rĂ©duire la vĂ©ritĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© et c’est de cette impossibilitĂ© qu’il s’agit expressĂ©ment quand on parle d’autoritĂ©. Le savoir donc je viens de parler et qui n’est littĂ©ralement savoir de rien parce que les natures effectuent le nom propre dont la dĂ©finition est justement d’exclure toute signification, est-ce qu’il n’est pas par lĂ  mĂȘmežc’est-Ă -dire dans son paradoxe de ne pas ĂȘtre savoir de quelque chose, le savoir de la vĂ©ritĂ© ? Et cela, je le rapporte Ă  ce que nous savons depuis longtemps que la diffĂ©rence entre quelque chose notamment un sujet et quelqu’un, c’est la vĂ©ritĂ© ! La vĂ©ritĂ© qui n’est la vĂ©ritĂ© qu’en vĂ©ritĂ©, dont il n’y a pas de vĂ©ritĂ©. Bref, l’impossibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© cause la vĂ©ritĂ© prĂ©cisĂ©ment comme telle c’est-Ă -dire comme autorisĂ©e – dĂšs lors d’un nom propre, d’un nom qui ne peut en aucune maniĂšre constituer une raison sur laquelle la vĂ©ritĂ© pourrait tabler d’une maniĂšre mĂ©taphysique pour ĂȘtre rĂ©ellement la vĂ©ritĂ©. Car il n’y a de vĂ©ritĂ© que vraiment – ce qui revient aussi bien Ă  dire qu’il n’y en a en fait pas du tout, ainsi qu’en tĂ©moigne le scandale mĂ©taphysique des mauvais textes l’autoritĂ© n’est pas une sorte de force. Cela dit la nĂ©cessitĂ© pour la vraie parole de ne pas ĂȘtre sans objet de mĂȘme qu’il faut distinguer entre ignorer et n’ĂȘtre pas sans savoir, il faut distinguer entre avoir un objet et n’ĂȘtre pas sans objet impose qu’on reconnaisse Ă  celui-ci une constitution dont le paradoxe est qu’elle soit constitution par la vĂ©ritĂ© alors que la notion de constitution est habituellement rĂ©servĂ©e Ă  la dĂ©possession subjective. Cette constitution est paradoxale Ă  l’extrĂȘme, puisque les notions de constitution et de vĂ©ritĂ© se dĂ©finissent quasiment d’ĂȘtre en exclusivitĂ© l’une de l’autre l’objet oĂč mon savoir se rĂ©alise littĂ©ralement n’est pas la » chose en soi » de sorte que sa rĂ©alitĂ© n’est finalement rien d’autre, comme on le voit dans l’idĂ©alisme rĂ©flexif dont nous sommes tous structurellement partisans puisqu’il est la rĂ©flexivitĂ© mĂȘme, que la rĂ©alisation du sujet dĂ©fini par le savoir. Ce sujet, moi je dis que c’est le sujet de la trahison c’est le sujet du choix dont le savoir est le vĂ©ritable sujet, Ă  la place de celui qui s’imagine poser un acte. Le sujet de la dĂ©cision, tout au contraire, ne s’entend qu’à ce que le savoir ne compte pas l’impĂ©ratif » dĂ©cidez-vous ! » signifie concrĂštement » laissez en arriĂšre le savoir et prenez enfin vos responsabilitĂ©s ! . Bref, on peut dire que c’est le mĂ©diocre celui que n’importe qui aurait Ă©tĂ© Ă  la mĂȘme place ou encore l’ » en tant que . L’ordre du transcendantal est celui de cette mĂ©diocritĂ© dont l’aspect en quelque sorte objectif a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par nous quand nous nous sommes aperçus que la morale, qui en est l’effectuation impossible de n’ĂȘtre pas kantien sur ce point pouvait se ramener Ă  cette idĂ©e que l’autre humain, animal, rĂ©el ne comptait pas puisqu’en l’autre homme, c’est l’humanitĂ© qui compte et donc pas lui, dans l’aberration originelle de son irrĂ©ductible altĂ©ritĂ© Ă  l’humain. Nous savons aussi que cette » mĂ©diocritĂ© » c’est mon terme est intenable, et j’interprĂšte la troisiĂšme critique de Kant Ă  partir de ce caractĂšre. Mais peu importe ici retenons simplement que » constituer , au sens transcendantal, signifie dĂ©possĂ©der du statut de sujet et par consĂ©quent exclure toute Ă©ventualitĂ© d’avoir jamais affaire au vrai – puisqu’il n’y a rien d’autre Ă  en dire que ceci il est le sujet de la vĂ©ritĂ©. Quand donc on parle d’une constitution par la vĂ©ritĂ©, il semble qu’on pose tout simplement une contradiction dans les termes. Sauf, peut-ĂȘtre, Ă  l’issue d’une rĂ©flexion assez longue sur cette notion de vĂ©ritĂ©, dont nous avons reconnu qu’elle renvoyait toujours Ă  l’autoritĂ© – si l’on nomme vrai cela qui est autorisĂ© Ă  ĂȘtre lui-mĂȘme le sujet de la vĂ©ritĂ© ce que j’appelle l’antĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme. Eh bien cette constitution par la vĂ©ritĂ©, c’est tout simplement le savoir de l’auteur celui d’un sujet parlant qui a un enseignement dont seul le nom de celui qui parle est la garantie. Bref, on a compris que le vrai savoir, c’est le savoir des » natures » dans l’impossibilitĂ© qu’il soit jamais admis comme tel par celui qui le pose. Kant, lui, peut seulementparler de la morale dans l’impossibilitĂ© originelle d’en dire Ă  la fois le dernier mot et la vĂ©ritĂ© – Ă  savoir prĂ©cisĂ©ment qu’elle est kantienne. Et c’est de cette impossibilitĂ© du dernier mot que sa parole est vraie. Eh bien cette parole vraie, quand elle porte sur la morale, elle la dit en vĂ©ritĂ© ! Le savoir que Kant nous dispense sur la morale est un vrai savoir et concerne vraiment la morale – alors que le savoir anonyme d’un professeur n’est qu’un savoir rĂ©el qui ne concerne rien de vrai, toujours dĂ©jĂ  supplantĂ© qu’il est par le nouveau savoir dĂ©jĂ  en train de s’élaborer par ailleurs. Le savoir de l’auteur qui tient au dernier mot alors que le savoir habituel s’entend d’exclure le dernier mot lequel fait toute la diffĂ©rence entre savoir qui est possible et tout savoir qui est impossible est pour cette raison constituant d’un objet dĂšs lors lui-mĂȘme vrai. Vrai, cela signifie sujet de sa propre vĂ©ritĂ© et non pas constituĂ©. Bref, pour penser le savoir de l’auteur il suffit de dire, par exemple, que Kant a autorisĂ© la morale Ă  ĂȘtre enfin sujet de sa vĂ©ritĂ©. La morale antique de recherche du bien n’est pas la vraie morale, celle qu’on appelle kantienne, oui. VoilĂ , c’est trĂšs simplement qu’on rĂ©sout le paradoxe de la constitution de l’objet par la vĂ©ritĂ© en posant l’antĂ©rioritĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme sous le nom d’autorisation. Et celui qui autorise, forcĂ©ment, c’est l’auteur. Ce que nous devons aux auteurs MĂ©taphysiquement , on peut s’interroger qu’avons-nous besoin des auteurs ? En fait, c’est-Ă -dire touchant la rĂ©alitĂ© des choses et les raisons d’admettre les discours, nous n’en avons aucun besoin ! Les » derniers hommes » le savent, qui ne respectent rien et plaignent la rĂ©vĂ©rence dont on faisait preuve, dans le passĂ© eux, au moins, ils ne sont plus dupes de rien ils ne cessent de » cligner de l’Ɠil ; je dirai qu’ils ne le sont notamment pas d’un nom qui, par sa seule invocation, imposait la conservation de mauvais textes ! Aux Ă©poques d’ignorance lointaine, on rĂ©vĂ©rait, on craignait, on respectait. Et Ă  quoi tout cela correspond-il ? A rien, c’est Ă©vident. Ils en ont pris conscience et se sont ainsi libĂ©rĂ©s, dĂ©sormais disponibles pour une vie qui ne soit plus que le service des biens parce qu’en effet il n’y a rien d’autre qui puisse importer. En quoi ils sont bien les derniers hommes, si l’homme est l’animal mĂ©taphysique la mĂ©taphysique enfin rĂ©elle, c’est tout bonnement la vie qui est Ă  elle-mĂȘme sa propre norme et sa propre nĂ©cessitĂ©. Ils ont donc bien » inventĂ© le bonheur . L’époque des derniers hommes, celle du tourisme gĂ©nĂ©ralisĂ©, celle de la santĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e et du corps toujours » performant , celle de la » guerre zĂ©ro mort » y compris chez l’ennemi auquel on dĂ©pĂȘche des Ă©quipes humanitaires on pourrait trouver une multitude d’autres exemples – dont nul n’a le droit de dire qu’ils sont malheureux, c’est l’époque oĂč la notion mĂȘme d’auteur d’autoritĂ© n’a plus de sens, et oĂč l’on considĂšre avec une commisĂ©ration amusĂ©e les gens des Ă©poques antĂ©rieures qui n’étaient pas des Ă©poques d’égalitĂ© entre les hommes et de disponibilitĂ© gĂ©nĂ©rale de toutes les choses c’est d’une notion, celle d’autoritĂ©, qu’ils Ă©taient dupes ! D’un simple mot, en somme. Si l’unitĂ© que la vie est finalement avec elle-mĂȘme est le critĂšre rĂ©el la vie se doit de n’ĂȘtre pas souffrance, de n’ĂȘtre pas douleur, d’éradiquer jusqu’à l’idĂ©e de la mort, autrement dit si l’on est enfin parvenu Ă  une notion immanente de l’accomplissement, alors il est Ă©vident qu’il ne peut plus y avoir d’auteurs. Et de fait, l’ñge de l’égalitĂ© dĂ©mocratique et de l’universelle dignitĂ© des expressions impose qu’on ne fasse pas de hiĂ©rarchie, et que les bavardages journalistiques, les graffitis muraux ou les vers de Racine soient mis sur le mĂȘme plan chacune dans son ordre, ces expressions sont authentiques et par lĂ  mĂȘme Ă©galement dignes de considĂ©ration. L’idĂ©e d’auteur est celle d’une imposture – thĂšse qui suffirait peut-ĂȘtre Ă  cerner la notion nietzschĂ©enne des derniers hommes. En quoi j’ai peut-ĂȘtre rĂ©pondu Ă  la question de savoir ce que nous devons aux auteurs ils nous donnent l’absolue irrĂ©ductibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© Ă  l’authenticitĂ©. IrrĂ©ductibilitĂ© qui rendraient les derniers hommes fous de rage si elle ne leur inspirait, par commisĂ©ration envers nous, le dĂ©sir humanitaire de nous guĂ©rir. Ma vĂ©ritĂ© n’est pas mon authenticitĂ© et ce n’est pas Ă  m’exprimer sincĂšrement ni Ă  me tenir au plus prĂšs de mes » racines » que j’aurai la plus petite chance d’ĂȘtre moins mĂ©diocre que moi-mĂȘme. Bien au contraire, puisqu’en dĂ©cidant ainsi d’ĂȘtre ma propre familiaritĂ© mes sentiments » profonds , mon histoire nationale, rĂ©gionale, familiale, etc. je m’interdirai expressĂ©ment de me chercher dans ma propre Ă©trangetĂ©, c’est-Ă -dire lĂ  oĂč il est pour toujours impossible que je me comprenne
 Et pourtant je sais bien que les seuls moments qui ont comptĂ© dans ma vie, ceux qui font qu’elle est vraiment la mienne, se sont en quelque sorte passĂ©s sans moi. Or comment reconnaĂźtrais-je pour moi-mĂȘme une vĂ©ritĂ© de cet ordre, si l’étrangetĂ© ne m’avait pas Ă©tĂ© donnĂ©e sous la forme de l’impossibilitĂ© de la semblance ? Je le dis plus concrĂštement il ne peut pas y avoir de promesse ou de pardon venant d’un autre qui soit mon semblable, parce que je sais bien, moi qui suis le semblable de tous mes semblables, qu’il m’est aussi impossible qu’à eux de promettre que de pardonner ! Je peux juste m’engager et passer l’éponge, comme on dit familiĂšrement. Qu’en serait-il en effet dans l’un et l’autre cas, sinon de la mĂȘme absurditĂ© que la rĂ©alitĂ© ne compte pas ! Il n’y a de promesse, je l’ai souvent dit, que dans le rejet des raisons de ne pas tenir parole qui tissent la rĂ©alitĂ© et, Ă©minemment, que dans le rejet de la meilleure de raisons qu’on soit mort le moment venu. Celui qui aime, si l’on m’accorde qu’aimer c’est promettre d’aimer, aimera encore quand il sera mort. Les situations changent, les sentiments changent, mais la parole donnĂ©e a Ă©tĂ© donnĂ©e et cela, on ne peut pas le changer. Les derniers hommes s’esclaffent fou qui s’en tient Ă  cette nĂ©cessitĂ© ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aimer encore une fois qu’on est mort, si c’est bien de la mort qu’on parle et non pas d’une quelconque Ă©ternitĂ© ou immortalitĂ© religieusement consolatrice ? On voit bien que si une personne peut promettre, par opposition Ă  s’engager oĂč c’est toujours la rĂ©alitĂ© qui dĂ©cide je m’engage Ă  faire telle action demain, sauf Ă©videmment si la rĂ©alitĂ© me met dans l’incapacitĂ© de faire ce que j’ai dit, c’est qu’elle a quelque jour rencontrĂ© quelqu’un pour qui la rĂ©alitĂ©, pour importante qu’elle soit, ne comptait pas. Et comment dĂ©signer cette position, sinon en mentionnant une autoritĂ© ? Il a bien fallu que quelqu’un s’autorise de lui-mĂȘme et non pas des possibilitĂ©s que la rĂ©alitĂ© continuait ou non de lui offrir, et qu’il opĂšre ainsi une rupture littĂ©ralement dĂ©cisive entre la rĂ©alitĂ© de ce qui importe et la vĂ©ritĂ© de ce qui compte. Une sociĂ©tĂ© sans autoritĂ©, c’est-Ă -dire dĂ©mocratique au sens nietzschĂ©en du terme l’indĂ©finie multiplicitĂ© des n’importe qui, c’est une sociĂ©tĂ© oĂč les idĂ©es de promesse ou de pardon sont simplement grotesques on ne promet pas mais on s’engage dans des Ă©changes, on ne pardonne pas le mal qui a Ă©tĂ© fait, on le » thĂ©rapeute » je reprends l’expression Ă  Lacan, pour qui » l’inconscient ne se thĂ©rapeute pas . Aux auteurs, c’est donc indistinctement la vĂ©ritĂ© contre la rĂ©alitĂ© que nous devons, et le mal contre le malheur Ă  commencer bien sĂ»r par celui d’ĂȘtre mĂ©chant, qui relĂšve comme chacun sait depuis Rousseau – par lĂ  prĂ©curseur des » derniers hommes » – d’une causalitĂ© politique et qui se thĂ©rapeute dans une multitude de dispositifs sociaux et mĂ©dicaux. On peut reconnaĂźtre des auteurs dans tous les domaines oĂč une chose soit expressĂ©ment l’acte d’un sujet dont l’impossibilitĂ© Ă  soi implique, pour cette chose, qu’elle n’ait pas pour vĂ©ritĂ© d’en ĂȘtre l’expression mais – Ă  nommer ainsi l’extĂ©rioritĂ© Ă  tout savoir – d’exister. Bref, avec le mal et la vĂ©ritĂ©, c’est l’existence que nous devons aux auteurs. Non pas que les choses n’existent pas sans eux, mais leur existence importe et ne compte pas. Si je veux dessiner, il est par exemple certain que le papier et le crayon doivent exister ! ou plus exactement il faut bien qu’ils existent ce qui, comme on sait, devient de moins en moins nĂ©cessaire. L’existence ne compte pas mais elle importe parce qu’elle est une condition et, si l’on veut entendre la question d’une maniĂšre mĂ©taphysique, la premiĂšre des conditions avant tout, il faut bien que quelque chose existe en gĂ©nĂ©ral. Or ce n’est pas Ă  titre de condition que nous reconnaissons l’existence de la Joconde, par exemple la reconnaĂźtre comme Ɠuvre, c’est prĂ©cisĂ©ment ne pas admettre son existence comme une condition Ă  la fois mĂ©taphysique et triviale pour que nous puissions profiter d’une belle image et d’un document historique intĂ©ressant. Non, dans la Joconde, au-delĂ  de tout le savoir qu’on peut produire sur elle, ce qui compte c’est qu’elle existe ! VoilĂ  ce que LĂ©onard nous a donnĂ©, et il l’a fait trĂšs concrĂštement, en ce sens que ce n’est pas de l’existence en gĂ©nĂ©ral qu’il s’agit dans cette finalitĂ© de notre jugement qui n’en est dĂšs lors plus un
 mais bien de l’existence propre c’est bien de l’existence dont elle est le sujet et non pas dont elle serait un moment comme n’importe quoi est un moment de l’existence en gĂ©nĂ©ral qu’il s’agit. Car donner l’existence, c’est la donner non pas comme un Ă©tat gĂ©nĂ©ral supposĂ© par tous les autres, mais prĂ©cisĂ©ment comme l’acte de son sujet, l’acte de l’existant lui-mĂȘme que dĂšs lors on dira vrai. Pas de diffĂ©rence, pour la Joconde, entre exister, ĂȘtre sujet de sa propre existence et s’offrir Ă  la rĂ©flexion comme la rĂ©solution de la question de l’existence. LĂ©onard est son auteur parce qu’il a autorisĂ© ce tableau Ă  ĂȘtre le sujet de sa vĂ©ritĂ© dĂšs lors propre – l’autoritĂ© n’étant rien d’autre, je le rĂ©pĂšte en ce dernier cours, que l’impossible antĂ©rioritĂ© vĂ©ritative de la vĂ©ritĂ© Ă  elle-mĂȘme il faut que le vrai soit autorisĂ© Ă  ĂȘtre le sujet de la vĂ©ritĂ©, laquelle l’est dĂšs lors vraiment. Et comment pourrions-nous opposer notre vie Ă  notre existence, l’anonymat de vivre et la butĂ©e d’exister, si rien ne nous avait appris Ă  distinguer celle-ci de celle-lĂ , et si personne n’avait, d’autoritĂ©, imposĂ© cette distinction ? On appelle auteur le sujet qui est vrai et non pas authentique ! et qui, Ă  l’instar d’ƒdipe, n’a pas reculĂ© devant la question qu’il Ă©tait pour lui-mĂȘme. Cette question, une fois admise la dĂ©finition de l’autoritĂ© comme vĂ©ritĂ© et donc Ă©trangetĂ© du sujet, c’est forcĂ©ment la question de la vĂ©ritĂ©. D’oĂč cette dĂ©finition toute simple on appelle auteur celui qui n’a pas reculĂ© devant la question de la vĂ©ritĂ©, qui accĂšde immĂ©diatement Ă  sa dimension philosophique dĂšs lors que nous reconnaissons ce truisme que toute question est une exigence de rĂ©ponse. Ne pas reculer devant la question de la vĂ©ritĂ©, c’est ne pas reculer devant la nĂ©cessitĂ© d’y rĂ©pondre. VoilĂ  ce que c’est qu’un auteur, concrĂštement. Le savoir des auteurs, c’est la rĂ©ponse qu’ils donnent Ă  une question qui n’est finalement pas celle de la rĂ©alitĂ© ils le font par ailleurs, lĂ  oĂč ça ne compte pas mais bien celle de vĂ©ritĂ© le dernier mot du vrai savoir, c’est le fin mot de l’énigme que l’auteur est dĂ©finitivement pour lui-mĂȘme. Il y a une nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre ; la plupart des humains l’esquivent – parfois dans la dĂ©sinvolture, souvent dans la haine. On appelle auteur celui qui ne l’esquive pas. C’est pourquoi la question est exclusivement Ă©thique. RĂ©pondre de quoi ? De la vĂ©ritĂ© dont il s’agit de produire le savoir. Il me semble possible d’arrĂȘter sur ce mot cette trĂšs longue sĂ©rie sur l’auteur et sur l’autoritĂ©. La prochaine annĂ©e, que j’envisage trĂšs diffĂ©rente dans son organisation, commencera dans la seconde partie du mois d’octobre. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite de bonnes vacances.

55ans aprÚs la guerre d'Algérie, la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Afrique du Nord honore toujours les soldats tombés.

Voici le texte intĂ©gral du document des Ă©vĂȘques du Conseil permanent. Nous vous invitons Ă  lire la prĂ©face de Monseigneur Michel Aupetit, archevĂȘque de Paris, l’introduction rĂ©digĂ©e par les membres du Conseil permanent, enfin la postface de Monseigneur Jean-Pierre Batut, Ă©vĂȘque de Blois. PrĂ©face de Mgr Aupetit L’Église a-t-elle quelque chose Ă  dire aux hommes ? » Que faut-il dire aux hommes ? » C’est par le titre de Saint-ExupĂ©ry dans sa Lettre au gĂ©nĂ©ral X [1]que je voudrais ouvrir l’ouvrage que les Ă©vĂȘques de France proposent Ă  la rĂ©flexion de tous. La question en entraĂźne une autre Qu’est-ce que l’homme ? ». Le psalmiste oscille entre le sentiment de l’extrĂȘme fragilitĂ© de la vie de l’homme et celui de l’émerveillement devant l’inaliĂ©nable grandeur de sa vie L’homme n’est qu’un souffle, les fils des hommes, un mensonge »[2] ; Tu l’as fait un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur »[3] L’homme est un mystĂšre de faiblesse et de splendeur, tour Ă  tour misĂ©rable esclave et capable de la libertĂ© suprĂȘme, celle d’aimer jusqu’au don total de sa vie. Adam n’est que terre, mais il a reçu le souffle de Dieu. En tout homme, fĂ»t-il le plus obscur, brille le don d’une Ăąme immortelle. Une autre question se pose l’Église a-t-elle quelque chose Ă  dire aux hommes ? On accuse souvent les religions d’ĂȘtre indistinctement facteur de violence. Toute lĂ©gitimation de la violence au nom de la foi chrĂ©tienne est en radicale contradiction avec l’Évangile Nous proclamons un Messie crucifiĂ©, scandale pour les juifs et folie pour les paĂŻens, mais pour ceux que Dieu appelle 
 il est puissance de Dieu et sagesse de Dieu »[4]. Le Seigneur a assumĂ© comme prĂȘtre et victime la puissance du Mal et de la mort pour tout vaincre dans la lumiĂšre de sa rĂ©surrection. Notre foi en JĂ©sus ressuscitĂ© est solide, attestĂ©e par les apĂŽtres qui ont vu, entendu et touchĂ© » le Verbe de Vie[5]. Elle est proclamĂ©e par le peuple immense des tĂ©moins qui ont engagĂ© leur vie par fidĂ©litĂ© au Christ, souvent jusqu’à la mort. Pour qui en reste Ă  un regard extĂ©rieur, l’Église apparaĂźt en Occident comme une institution vieillie et secouĂ©e de scandales, qui entrave le mythe d’un progrĂšs que l’on invoque sans trop savoir oĂč il mĂšne. Mais l’Église est belle pourtant dans le visage de ses saints, dans l’immense manteau de tendresse qu’elle Ă©tend sur le monde, particuliĂšrement sur les plus dĂ©laissĂ©s des hommes. Elle est experte en humanitĂ© »[6] car sa foi repose sur l’Alliance de Dieu avec son peuple, accomplie dans l’Incarnation du Christ et le Salut par la Croix, ouvert Ă  la multitude des hommes de toute race, langue, peuple et nation ».[7] L’oubli de Dieu, l’estompement de la conscience de l’éternitĂ© dans le cƓur de l’homme entraĂźne l’effacement de la dignitĂ© humaine. Le drame de l’humanisme athĂ©e qui a ravagĂ© le XXe siĂšcle a vu, dans des proportions jusqu’alors inĂ©galĂ©es dans l’histoire, la mort de l’innocent. La tentation promĂ©thĂ©enne demeure. Elle ne pourra exaucer les hommes dans leur dĂ©sir d’une vie Ă©ternelle. Elle sacrifie les plus fragiles sur l’autel d’une prĂ©tendue modernitĂ©. Nous proclamons, Ă  temps et Ă  contretemps, la dignitĂ© inaliĂ©nable de toute vie humaine en ce monde. JĂ©sus, le Fils de Dieu fait homme, est l’amour divin dĂ©ployĂ© dans la vulnĂ©rabilitĂ© de la chair. Une sociĂ©tĂ© est vraiment humaine quand elle se fait gardienne du plus petit des ĂȘtres. Il faut imaginer Sisyphe heureux »[8]. La parole de Camus sur l’homme condamnĂ© Ă  rouler Ă©ternellement son rocher est celle de l’acceptation de l’absurde. Avec saint Ignace d’Antioche, nous voulons dire une autre parole Il y a en moi une eau vive et qui murmure viens vers le PĂšre »[9]. Laissez-moi simplement vous poser la question quelle est votre espĂ©rance ? Puisse cet ouvrage vous donner de devenir davantage ce que vous ĂȘtes en vous ouvrant Ă  Celui qui est », le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, dont la gloire resplendit sur la Face du Christ. [1] A de SAINT-EXUPERY, Que faut-il dire aux hommes, Lettre inĂ©dite au gĂ©nĂ©ral X, Imprimerie gĂ©nĂ©rale du sud-ouest, Bergerac, 1949. [2] Ps 39. [3] Ps 8. [4] I Co 23-24. [5] Cf. I Jn 1, 1. [6] Bx PAUL VI, Lettre encyclique Populorum progressio, 1967, I, 13. [7] Ap 5, 9. [8] Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, NRF, Gallimard, 1965, p. 198. [9] S. IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Romains, 7. Introduction au document qu’il est exaltant d’ĂȘtre humain face aux dĂ©fis ! » L’Église catholique tient Ă  proclamer un grand oui Ă  la vie humaine » CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi, instruction Dignitas Personae, 1. Elle dĂ©fend le dĂ©veloppement de la personne humaine dans toutes ses dimensions. L’Église voudrait redire combien il est exaltant d’ĂȘtre humain face Ă  ces dĂ©fis. L’Ecriture le chante Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses Ă  lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur, tu l’établis sur les Ɠuvres de tes mains, tu mets toute chose Ă  ses pieds » Ps 8, 5-7. Aujourd’hui l’homme fait face Ă  de grands dĂ©fis et Ă  de grandes tentations. Le progrĂšs donne Ă  l’homme des potentialitĂ©s exaltantes mais crĂ©e aussi des menaces inquiĂ©tantes. D’une part, il est menacĂ© par la catastrophe Ă©cologique, d’autre part certains parlent de le remplacer par un homme augmentĂ© ou mĂȘme un post-humain ». Nous nous interrogeons sur sa dignitĂ©, sa vocation, son destin dans l’univers. Nous nous effrayons de ses crimes. Beaucoup rĂ©clament sans cesse de nouveaux droits qui posent des problĂšmes redoutables. C’est pourquoi il a Ă©tĂ© jugĂ© utile de proposer quelques pistes de rĂ©flexion sans doute partielles[1] sur ces interrogations concernant la personne humaine, sa beautĂ©, sa dignitĂ©, son droit de s’accomplir pleinement. Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cƓur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » Saint Augustin, Confessions I, i, 1. Dieu a créé l’homme Ă  son image et Ă  sa ressemblance pour l’unir Ă  lui dans l’Amour qui est la vie Ă©ternelle. L’homme n’est pas fait pour se contenter de cette vie-ci, il est appelĂ© Ă  plus grand, en vivant dĂšs maintenant l’amour. Plus radicalement encore, l’homme ne trouve pas sa fin en lui-mĂȘme, il est appelĂ© Ă  se donner aux autres et Ă  Dieu pour s’accomplir. En l’appelant Ă  l’existence par amour, il l’a appelĂ© en mĂȘme temps Ă  l’amour Jean-Paul II, Familiaris consortio, 11. Par cet appel, l’homme est une personne, Ă  la fois intĂ©rioritĂ© et relation, il se reçoit toujours d’un autre, Ă  commencer par l’Autre par excellence qu’est le CrĂ©ateur. [1] Par souci de mĂ©thode, les questions Ă©conomiques et sociales seront trĂšs peu abordĂ©es ici. Partie I L’Être humain est une personne Créé et appelĂ© par DieuCréé et appelĂ© par Dieu, chacun de nous est une personne. Cette affirmation comporte une part de mystĂšre. La personne ne peut pas ĂȘtre dĂ©finie comme un crayon ou une table parce qu’elle est créée Ă  l’image et ressemblance de Dieu et porte quelque chose de son mystĂšre. Mais il est possible de montrer ce que la personne possĂšde en propre qui la rend supĂ©rieure Ă  toute autre chose. La personne est appelĂ©e par Dieu Ă  se donner librement Ă  lui. Sa libertĂ© se dĂ©termine par sa raison. L’exercice libre de la raison rend la personne responsable, apte Ă  Ă©couter sa conscience pour y Ă©couter Dieu, ce qui l’ouvre Ă  la transcendance. La personne est appelĂ©e tout entiĂšre, corps, Ăąme et esprit. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet AppelĂ© Ă  la libertĂ©Souverainement libre et aimant, Dieu ne peut appeler Ă  s’unir Ă  lui que dans la libertĂ©. Il a donc crĂ©e l’homme libre. Cette libertĂ© s’accomplit par l’amour qui tient dans le don de soi. Cette libertĂ© comporte une insatisfaction qui pousse l’homme Ă  chercher plus grand que ce monde-ci. La personne est libre. Ses actes ne peuvent s’expliquer complĂštement par des causes extĂ©rieures telles que la gĂ©nĂ©tique, son histoire, le milieu ou la configuration du cerveau. Chacun de nous sent bien que ses dĂ©cisions lui appartiennent en propre. Chacun est vraiment maĂźtre de sa vie. Cette libertĂ© permet en particulier Ă  l’homme de choisir le Bien pour le Bien et non par instinct ou calcul stratĂ©gique. Cette libertĂ© innĂ©e, nommĂ©e libre arbitre, pousse l’homme Ă  chercher la libertĂ© sociale et politique. Il se rĂ©volte contre toute forme d’oppression contraire Ă  sa dignitĂ©. Mais le libre arbitre n’est pas capacitĂ© indiffĂ©rente de faire n’importe quoi. Il n’est pas non plus autorisation de faire tout ce qu’on veut comme si nos actes ne concernaient que nous. Le libre arbitre deÂŽ sire le Bien total. Il est appelĂ© par Dieu Ă  s’unir Ă  Lui dans l’amour. Il se rĂ©alise donc pleinement par cet amour. La science a souvent tendance Ă  nier ce libre arbitre en appliquant Ă  l’homme des modĂšles qui sont valables pour l’univers inanimĂ©. C’est ainsi qu’à notre Ă©poque, les neurosciences se font fortes de percer les mystĂšres de l’esprit humain et de dĂ©montrer que l’homme est dĂ©terminĂ© par la structure de son cerveau. Sans rien nier des formidables dĂ©couvertes apportĂ©es par ces sciences, nous ne pouvons souscrire Ă  cette affirmation. Mon cerveau ne me dĂ©termine pas. Quelle que soit leur importance, les biens limitĂ©s de ce monde ne peuvent apaiser notre soif. Tous, nous cherchons un Bien suprĂȘme qui nous procure le bonheur. Notre libertĂ© porte en elle une insatisfaction qui la pousse Ă  chercher autre chose que ce monde-ci et ses biens relatifs. La libertĂ© de la personne ne s’accomplit jamais seule. Elle a besoin de s’allier Ă  la libertĂ© des autres pour atteindre sa fin vĂ©ritable qui est le bonheur. Ce libre arbitre est Ă©galement besoin de se donner. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » Jn 15, 13. La personne n’est pas faite pour poursuivre son intĂ©rĂȘt de maniĂšre Ă©goĂŻste. Elle est destinĂ©e Ă  s’ouvrir aux autres. C’est ainsi que les rĂ©gimes d’oppression ont vu se lever des hommes et des femmes prĂȘts au sacrifice suprĂȘme pour rĂ©tablir la justice. La libertĂ© comporte donc le devoir de respecter la libertĂ© d’autrui. La libertĂ© de l’homme ne flotte pas en l’air, elle est situĂ©e. Elle apparaĂźt dans un lieu et une eÂŽpoque, une culture, des conditions de vie. Elle est par lĂ  mĂȘme limitĂ©e. LimitĂ©e parce qu’elle est finie, limitĂ©e par les Ă©lĂ©ments qui l’environnent, limitĂ©e par la libertĂ© d’autrui. En rĂȘvant orgueilleusement de s’affranchir de ses limites, l’homme se dĂ©truit et blesse la fraternitĂ©. En les accueillant humblement comme un chemin de vĂ©ritĂ© , il s’accomplit. Qui s’élĂšve sera abaissĂ©, qui s’abaisse sera Ă©levĂ© » Lc 14, 11. La libertĂ© ainsi comprise appartient Ă  la beautĂ© de l’homme capable de surmonter les obstacles et d’ouvrir de nouvelles routes de progrĂšs humain. Si bien du travail reste Ă  faire, la fin du XXe siĂšcle a vu s’effondrer plus d’un rĂ©gime oppressif qui se croyait dĂ©finitif. Osons croire en cette libertĂ©. L’homme sent bien qu’il est divisĂ© intĂ©rieurement. S’il se regarde avec honnĂȘtetĂ©, chacun de nous avouera des complicitĂ©s avec le mal en lui-mĂȘme. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas » Rm 7, 19 dit saint Paul. La libertĂ© de l’homme a Ă©tĂ© blessĂ©e par le pĂ©chĂ©. Le pĂ©chĂ© vient dresser la volontĂ© contre elle-mĂȘme. Cette situation se rĂ©vĂšle spĂ©cialement dans les diffĂ©rentes addictions comme la toxicomanie ou la pornographie. Mais avec l’aide de JĂ©sus-Christ, l’homme peut surmonter cette division et trouver la paix. Je peux tout en celui qui me rend fort » Ph 4, 13 dit le meˆme saint AppelĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©La libertĂ© n’est pas aveugle, elle se dĂ©termine par la raison que Dieu a dĂ©posĂ©e en l’homme. Par sa raison, la personne est faite pour la vĂ©ritĂ©. Elle est capable de trouver la vĂ©ritĂ© parce qu’elle est intĂ©rioritĂ©. Nous avons tous besoin de la vĂ©ritĂ©. L’homme ne se satisfait pas des apparences, il veut connaĂźtre la nature profonde des choses. Il dĂ©sire possĂ©der la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme. Il y a quelque chose d’exaltant dans la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ©, dans le progrĂšs des connaissances humaines, portĂ© si loin ces derniers siĂšcles. La vĂ©ritĂ© est universelle. Elle est faite pour l’humanitĂ© entiĂšre. Le besoin de vĂ©ritĂ© est la source de tout dialogue. L’amour de la vĂ©ritĂ© permet le dialogue et en mĂȘme temps le dialogue suppose l’amour de l’autre. Dans l’amour commun de la vĂ©ritĂ© et de l’homme, le dialogue permet Ă  chacun d’avancer librement. De mĂȘme, tout homme a droit Ă  la vĂ©ritĂ©. Les programmes d’aide sociale envers les plus dĂ©favorisĂ©s doivent comporter l’éducation pour respecter ce droit Ă  la vĂ©ritĂ© de tous. La recherche de la vĂ©ritĂ© suppose aussi l’humilitĂ©. Celui qui s’enferre dans ses certitudes, son idĂ©ologie, se voue Ă  l’illusion. La vĂ©ritĂ© se trouve en acceptant de grandir et pour cela d’avoir besoin des autres. La parole des plus petits est prĂ©cieuse, en particulier quand elle crie leurs dĂ©tresses et leurs espĂ©rances, car elle aussi porte la vĂ©ritĂ©. C’est pourquoi le mensonge est contraire Ă  la dignitĂ© de l’homme. AprĂšs des siĂšcles trĂšs rationalistes, notre Ă©poque est traversĂ©e de doutes sur les capacitĂ©s de la raison humaine. Les Ă©checs du progrĂšs, les menaces nouvelles, le choc des cultures, tendent Ă  provoquer un relativisme ou un scepticisme. Cet excĂšs est aussi mortifĂšre que le prĂ©cĂ©dent. Nous en arrivons Ă  une Ăšre de la post-vĂ©ritĂ© » oĂč de soi-disant faits alternatifs » viendraient remplacer le besoin de vĂ©ritĂ©, Ăšre Ă  laquelle nous ne pouvons pas nous rĂ©signer. Maintenue dans ses justes limites, Ă©clairĂ©e par l’amour, la raison humaine est vraiment capable de connaĂźtre l’univers et de proposer de nouvelles solutions. Elle n’a pas fini de nous Ă©merveiller. Si la raison peut ĂȘtre Ă©clairĂ©e par la RĂ©vĂ©lation, la vĂ©ritĂ© ultime que cherche l’homme, sur Dieu, sur lui-mĂȘme, est inaccessible Ă  la raison, aussi puissante que puisse ĂȘtre celle-ci. Elle a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par le Christ, qui est Ă  la fois le chemin, la vĂ©ritĂ©, la vie » Jn 14, 6. AppelĂ© Ă  la responsabilitĂ©L’homme est appeleÂŽ a` reÂŽpondre selon sa liberteÂŽ eÂŽ claireÂŽ e par sa raison a` l’appel de Dieu. Il est donc responsable. S’assumer comme personne libre suppose d’exercer cette responsabiliteÂŽ . L’eÂŽducation doit veiller a` faire naıˆtre chez les jeunes ce sens de la responsabilite ÂŽ . L’homme est responsable de luime ˆme, des autres et de l’univers. La catastrophe eÂŽ cologique qui nous menace deÂŽmontre ce point l’homme a un devoir de bonne geÂŽrance sur la creÂŽation qui lui a eÂŽ teÂŽ confieÂŽ e par Dieu. S’il n’assume pas ce devoir, il creÂŽe des drames dont il est la premie` re victime. Cet exemple de la responsabilite ÂŽ eÂŽcologique deÂŽmontre aussi que s’assumer libre ne peut pas signifier suivre ses deÂŽ sirs sans frein, faire comme si l’on eÂŽ tait seul au monde. Les actes de chacun ont des reÂŽpercussions sur tous. Les actes ont aussi valeur d’exemples. Par exemple, le groupe des eÂŽveˆques chargeÂŽ de la bioeÂŽthique a signaleÂŽ que le suicide assisteÂŽ ne peut pas eˆ tre preÂŽsenteÂŽ comme un choix individuel sans conseÂŽquence pour les autres. En choisissant le suicide assisteÂŽ en raison de leur aˆ ge ou de leur maladie, les personnes font peser sur les autres malades et personnes aˆ geÂŽes le soupcžon d’eˆ tre en trop, encombrantes ou trop couˆ teuses. Nous sommes responsables les uns des autres. En particulier, nous sommes responsables de ceux qui parmi nous souffrent le plus ou sont blesseÂŽs dans leur humaniteÂŽ . Nous ne pouvons pas regarder ailleurs et faire comme si cela ne nous concernait pas. Mais l’aide indispensable que nous leur devons doit aussi respecter leur liberteÂŽ et les aider a` exercer leur propre responsabiliteÂŽ . Notre eÂŽpoque a des proble`mes avec la responsabilite ÂŽ . Elle oscille entre la tentation de deÂŽresponsabiliser l’homme, de le laisser a` sa liberteÂŽ abaisseÂŽe au rang de caprice, et celle de deÂŽ signer des boucs eÂŽ missaires. D’un coˆ teÂŽ , l’ideÂŽe d’une liberteÂŽ laisseÂŽe seule a` elle-meˆme sans loi induit la fin de toute responsabiliteÂŽ devant les autres et Dieu. De l’autre, les drames qui font la une des journaux imposent qu’il y ait un responsable et comme l’eÂŽpoque ne sait plus exercer cette responsabilite ÂŽ , elle revient sous des formes folles en lynchant un individu pris presque au hasard pendant que les autres se lavent les mains de proble`mes qui souvent rele`vent de l’ensemble de la communauteÂŽ. En reÂŽ aliteÂŽ , la responsabilite ÂŽ est l’exercice pleÂŽnier de la liberteÂŽ . Dieu a laisseÂŽ l’homme a` son propre conseil, non pour qu’il suive aveugleÂŽment ses instincts qui ne suffisent pas a` eÂŽ clairer entie`rement ses choix, mais pour qu’il puisse se donner aux autres et a` Lui-meˆme en toute liberteÂŽ . C’est pourquoi chacun de nous reÂŽpondra de ses actes devant Dieu. L’EÂŽ vangile manifeste que ce jugement dernier portera sur la conduite envers les plus petits Ce que vous faites au plus petit d’entre mes fre` res, c’est a` moi que vous le faites » Mt 25, 40. Nous ne serons pas jugeÂŽs sur des performances extraordinaires mais sur notre solidariteÂŽ avec les plus Conscience et Loi naturelleLa responsabilitĂ© de l’homme est sa rĂ©ponse Ă  l’appel de Dieu. C’est pourquoi l’homme est dotĂ© d’une conscience morale, un sanctuaire intĂ©rieur oĂč Dieu lui parle, oĂč il juge ses propres actes, se louant quand il fait le bien, se condamnant quand il fait le mal. Dans cette conscience, Dieu y a dĂ©posĂ© la loi morale. Cette loi morale, qui est appelĂ©e loi naturelle, n’est pas la loi de la nature au sens des animaux. Du point de vue de l’homme, il est sans intĂ©rĂȘt de savoir si la monogamie ou l’homosexualitĂ© existent chez les animaux d’ailleurs, les animaux ne connaissent pas l’interdit de l’inceste. La loi naturelle est la loi de la nature humaine, qui dit ce qu’il est bon que l’homme fasse pour trouver le bonheur. Cette nature humaine ne s’oppose pas Ă  la culture, car il est de la nature de l’homme de gĂ©nĂ©rer des cultures. L’homme a le devoir de toujours suivre sa conscience. Il ne doit pas en ĂȘtre empĂȘchĂ© par les autres tant que cela ne nuit pas Ă  l’ordre public juste. TrĂšs spĂ©cialement, l’homme doit ĂȘtre laissĂ© libre de suivre sa conscience en matiĂšre religieuse, car se donner par contrainte Ă  Dieu est indigne et de l’homme et de Dieu. Mais la conscience est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Elle peut ĂȘtre obscurcie par des habitudes malsaines du groupe ou par l’accumulation des pĂ©chĂ©s personnels. Un enfant qui grandit dans un milieu oĂč le vol est habituel trouvera normal de voler. Un individu qui s’est habituĂ© Ă  mentir n’y verra plus de difficultĂ©s. Il faut Ă©clairer la conscience par la voix de la sagesse et l’écoute de la Parole de Dieu. C’est particuliĂšrement la responsabilitĂ© des Ă©ducateurs, Ă  commencer par les parents. Mais la voix de la conscience ne s’éteint jamais complĂštement, car elle est la voix mĂȘme de Dieu. Ne desesperons jamais de personne ! Toute personne humaine est capable d’à nouveau Ă©couter sa conscience pour revenir au Ouverture Ă  la transcendanceParce qu’elle est dotĂ©e d’une conscience oĂč Dieu lui parle, la personne est ouverte Ă  la question religieuse. Depuis les origines, les civilisations humaines rĂ©flĂ©chissent Ă  la signiïŹcation de l’univers, Ă  la destinĂ©e ïŹnale de l’homme, et Ă  l’existence de Dieu. Ces recherches ont Ă©tĂ© marquĂ©es de bien des maniĂšres par le pĂ©chĂ© mais elles prouvent que l’homme est tournĂ© vers le transcendant. Cette ouverture Ă  la transcendance n’est pas l’apanage d’une Ă©lite. Tout au long de sa vie terrestre, JĂ©sus a manifestĂ© combien les petits, les pauvres sont Ă©galement habitĂ©s du dĂ©sir de rencontrer Dieu et que justice leur soit rendue. L’ouverture Ă  la transcendance appartient Ă  tout homme. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Corps, Ăąme et espritL’homme est appelĂ© tout entier, il n’y a rien en lui que Dieu voudrait laisser de cĂŽtĂ©. La personne humaine a Ă©tĂ© créée comme une rĂ©alitĂ© corps-Ăąme-esprit Ă  la fois, indissociable et formant un tout. Elle a Ă©tĂ© créée ainsi par Dieu, et elle est appelĂ©e Ă  le rejoindre avec tout ce qu’elle est. Elle ne se rĂ©duit pas Ă  son corps. Elle ne se rĂ©duit par consĂ©quent pas non plus Ă  cette vie-ci. Les activitĂ©s de cette vie ont leur bontĂ© propre mais elles n’apaisent pas la soif de l’homme. Au travers de ses activitĂ©s dans ce monde, en particulier la recherche de la vĂ©ritĂ© et de la justice, l’homme dĂ©montre qu’il aspire Ă  une autre existence libĂ©rĂ©e de la souffrance et du pĂ©chĂ©. L’homme porte en lui une Ăąme par laquelle il est rationnel et libre et un esprit par lequel il est en relation avec l’Esprit de Dieu. L’ñme est immortelle, elle est appelĂ©e Ă  vivre avec Dieu en attendant la rĂ©surrection des corps. Par consĂ©quent, le service que nous devons Ă  nos frĂšres n’est jamais seulement matĂ©riel. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Mt 4, 4. Les pauvres ont besoin d’ĂȘtre scolarisĂ©s, d’avoir accĂšs aux biens culturels, d’ĂȘtre respectĂ©s dans leur croyance autant qu’ils ont besoin de pain et de toit. Par son esprit, qui l’ouvre Ă  la transcendance, l’homme est apte Ă  communiquer avec Dieu, Ă  recevoir le Saint-Esprit et Ă  vivre de la vie divine. C’est la pointe de son intĂ©rioritĂ©, oĂč il peut dialoguer secrĂštement avec Dieu. Mais le corps de l’homme lui aussi appartient pleinement a` sa digniteÂŽ . Lui aussi a eÂŽteÂŽ creÂŽeÂŽ par l’amour et pour l’amour. Par nos corps, nous sommes en relation avec les autres et avec l’univers. Nous en sommes solidaires. Le corps de l’homme est sexueÂŽ . Par ce fait meˆme, il est tourneÂŽ vers l’autre et feÂŽcond. C’est par le corps que la personne peut s’unir intimement a` une autre personne. C’est la` une de ses graˆ ces majeures. La recherche de la veÂŽ riteÂŽ passe par le corps, car elle commence par l’usage droit des cinq sens. La responsabiliteÂŽ passe par le corps. La personne humaine est responsable des autres parce qu’elle en est solidaire par son corps. Les actes de chariteÂŽ que le Christ nous presse de poser concernent le corps nourrir, veˆ tir, loger Mt 25, 35 s.. JeÂŽ sus lui-meˆme a tre` s souvent gueÂŽ ri les corps, montrant par la` le soin que nous lui devons. Le corps est donc le premier instrument de la chariteÂŽ . Le corps offre a` la personne de multiples potentialiteÂŽ s que le sport met en valeur. Les philosophes se sont tre`s toˆt eÂŽmerveilleÂŽ s des mains, ces outils a` tout faire. Le corps impose aussi a` la personne des limites. L’homme n’est pas capable de tout. Il est fragile. Il doit veiller sur sa santeÂŽ . Ces limites le rappellent a` l’humiliteÂŽ et le prote`gent de la deÂŽmesure. Ces limites rappellent aussi que tout homme a ses propres pauvreteÂŽ s nous avons tous commenceÂŽ par eˆ tre un embryon vulneÂŽrable et cacheÂŽ, et a` part ceux qui connaıˆtront le drame de mourir jeunes, nous vivrons tous la vieillesse et ses fragiliteÂŽ s. Respecter l’homme dans son corps, ce n’est pas l’eÂŽcraser sous des exigences inaccessibles, mais respecter sa pauvreteÂŽ, ses limites en soi et en l’autre. Le souci que nous prenons des corps les plus affaiblis est le signe de notre veÂŽritable amour du corps tel qu’il est. Le corps n’est pas un outil que chacun utiliserait a` sa guise. C’est un don de Dieu, qui nous ouvre a` la communion avec les autres. Nous devons donc le recevoir avec respect et l’utiliser de manie`re droite. Depuis l’AntiquiteÂŽ , l’homme veille a` cultiver son corps par l’asce`se, la meÂŽdecine et le sport pour en tirer le meilleur. ConserveÂŽe dans des proportions raisonnables, cette habitude est excellente. Les progre` s techniques de notre eÂŽpoque promettent de nouvelles reÂŽalisations dans ce domaine. Nombre d’entre elles seront excellentes et a` accueillir dans la joie. Mais aujourd’hui, certains veulent augmenter » le corps humain, voir le remplacer par un post-humain ». C’est excessif. Le corps humain tel que facžonneÂŽ par la nature porte en lui-meˆme la digniteÂŽ de la personne et le moyen de s’accomplir librement dans l’amour. L’homme n’est pas fait pour accumuler les performances, mais pour se donner dans l’amour. Le corps qu’il a aujourd’hui y est apte malgreÂŽ sa faiblesse. C’est en apprenant a` vivre avec nos limites que nous nous accomplirons. Le corps permet a` l’homme de travailler. C’est un eÂŽ leÂŽment essentiel de sa digniteÂŽ , qui le fait participer a` l’oeuvre creÂŽ atrice de Dieu. Encore faut-il que les conditions de ce travail soient humaines, ce qui n’est pas toujours le cas. Quand la santeÂŽ et la seÂŽcuriteÂŽ du travailleur ne sont pas assureÂŽ es, loin d’eÂŽ tablir la digniteÂŽ du corps, le travail l’abıˆme. Le travail des enfants en particulier est un scandale. Le corps appartient pleinement a` l’image de Dieu. La Gene` se montre poeÂŽ tiquement Dieu occupeÂŽ a` le facžonner de ses mains et y a insuffler son esprit Gn 2, 7. Le premier commandement qu’il a donneÂŽ a` l’homme est de croıˆtre et se multiplier Gn 1, 28. Dieu se reÂŽjouit gratuitement de voir l’homme vivre avant qu’il lui ait rendu le moindre culte. Adam s’est eÂŽmerveilleÂŽ de voir E` ve, l’aide qui lui eÂŽ tait accordeÂŽ e, et ce avant qu’E` ve ait fait quoi que ce soit pour lui Gn 2, 23. Le salut offert a` l’homme concerne aussi son corps, promis a` la reÂŽ surrection. JeÂŽ sus ressusciteÂŽ montre a` Thomas ses stigmates Jn 20, 27. Ce signe abyssal manifeste entre autres que la reÂŽsurrection ne nie pas nos fragiliteÂŽ s mais les assume pour les transfigurer. Le corps humain est splendide. A ` condition qu’il soit regardeÂŽ selon sa veÂŽ riteÂŽ, une expression contingente de la vie. Ce respect duˆ au corps n’est pas une idolaˆ – trie. Les soins porteÂŽ s au corps ne peuvent avoir pour finaliteÂŽ que de maintenir son eÂŽquilibre et son existence, de manie`re raisonneÂŽ e, sans lui donner une importance Scandale du malLe scandale du mal ne frappe pas seulement la volonteÂŽ humaine. Plus mysteÂŽ rieusement, il frappe l’homme tout entier. Certains accumulent les eÂŽpreuves douloureuses et deÂŽ stabilisantes, ou sont frappeÂŽs subitement par la maladie physique ou mentale. D’autres, de`s la conception, ou par des accidents de la vie, sont marqueÂŽ s par le handicap. C’est pour eux et leur entourage un fardeau lourd a` porter. Il est leÂŽgitime de se tourner vers Dieu et de lui crier pourquoi ? » Comme JeÂŽsus luime ˆme l’a fait. Hors de la ReÂŽsurrection, il n’y a pas de reÂŽponse deÂŽfinitive au scandale du mal. Mais par sa vie et surtout sa Passion, JeÂŽsus nous a rejoints dans ce myste`re et nous aide a` l’affronter dans l’espeÂŽrance. Il l’a vaincu par sa reÂŽsurrection et il nous promet de le vaincre totalement un jour. Il est possible aussi de manifester sa compassion envers ceux qui sont particulie`rement frappeÂŽ s par ce scandale. Il arrive des situations ou` il n’y a plus rien de techniquement efficace a` faire contre le scandale du mal. Ce sont des moments speÂŽ cialement difficiles pour notre eÂŽpoque habitueÂŽ e aux prouesses de la technique. Dans ces situations, une parole, un geste, une simple preÂŽ – sence peuvent manifester une profonde compassion et soulager la personne. JeÂŽsus a souvent exerceÂŽ ce ministe`re de compassion et nous a demandeÂŽ de faire de meˆme. Les personnes frappeÂŽ es par l’eÂŽpreuve du mal conservent toute leur digniteÂŽ. Les gens qui se vouent au service des personnes handicape ÂŽes teÂŽmoignent particulie`rement des treÂŽsors d’humaniteÂŽ qu’ils deÂŽcouvrent par la` . Le coeur, la capaciteÂŽ d’aimer de la personne demeure toujours intact sous les handicaps. C’est pourquoi il est important de travailler a` un meilleur accueil des personnes handicapeÂŽ La MortLa mort est l’eÂŽnigme par excellence. Depuis la plus haute AntiquiteÂŽ , l’humaniteÂŽ meÂŽ dite sur ce myste` re, sa signification, les moyens de le surmonter. Les diverses religions proposent toutes leur reÂŽponse a` ce myste` re. L’homme porte en lui le deÂŽ sir de vivre, et la mort scandalise, en particulier quand elle frappe trop toˆt ou de manie` re aveugle. Il est naturel d’en avoir peur et la foi ne nous invite pas a` une inhumaine indiffe ÂŽrence. Encore une fois, il est leÂŽgitime de porter ce cri devant Dieu, comme Job. JeÂŽsus lui-meˆme a eu peur face a` sa propre mort, nous rejoignant par-la` dans toute notre faibless. La mort est aussi la limite fondamentale de l’homme. Elle se dessine derrie`re toutes les autres limites de l’homme. L’homme ne peut pas tout se permettre parce qu’il mettrait sa vie en danger. Elle lui rappelle qu’il est un eˆ tre fini, qu’il ne s’est pas donneÂŽ la vie et que sa vie lui est confieÂŽe sans eˆ tre sa proprieÂŽ teÂŽ .Mais l’homme sait aussi deÂŽpasser le scandale de la mort par le sacrifice, la mort affronteÂŽe librement pour deÂŽfendre la justice et la veÂŽ riteÂŽ . Toutes les civilisations, toutes les religions, ont connu ces cas de sacrifice, dont la mort de Socrate est sans doute l’exemple occidental le plus parlant. La France est resteÂŽe marqueÂŽe par le sacrifice du colonel Beltrame contre la folie terroriste. Par ces sacrifices, l’homme deÂŽmontre qu’il se sent appeleÂŽ a` un au-dela` de la mort, vers un Bien parfait. Notre eÂŽpoque est contradictoire vis-a` -vis de la mort. D’un coˆ teÂŽ , elle est eÂŽvacueÂŽe du deÂŽ bat, on n’ose plus en parler ; de l’autre, nos fictions et jeux videÂŽo sont plus morbides que jamais. Nous avons besoin de reÂŽ apprendre a` regarder la mort en face, sans complaisance mais lucidement. Par la reÂŽsurrection du Christ, la mort est devenue un passage vers la vie en Dieu si l’homme se laisse rejoindre par lui. Elle n’est pas la fin de tout. Il est urgent de rappeler l’espeÂŽ rance. L’homme n’est pas fait seulement pour cette vie-ci, il aspire au Bien supreˆme, Dieu. Il aspire a` la victoire de la chariteÂŽ divine jusque dans les corps. JeÂŽsus reviendra a` la fin des temps, et ressuscitera les morts pour que tous ceux qui se seront laisseÂŽs rejoindre par lui vivent de sa Gloire. Ceux qui nous promettent la mort de la mort » ne nous promettent pas le bonheur mais nous vouent a` une mise`re sans Accepter sa finitudeDieu n’appelle pas des surhommes aux performances invincibles. Il aime les hommes et les femmes que nous sommes, avec nos limites. Dans l’Évangile, c’est devant JĂ©sus outragĂ© et ïŹ‚agellĂ© qu’est prononcĂ©e la parole Voici l’homme» Jn 19, 5. La dignitĂ© inamissible de l’homme n’est pas afïŹrmĂ©e au sujet d’un hĂ©ros performant au sommet de son succĂšs, mais devant un homme affaibli. JĂ©sus nous rejoint ainsi au cƓur de toutes nos limites pour les porter avec nous dans la foi et la charitĂ©. C’est en acceptant notre ïŹnitude Ă  la suite de JĂ©sus Christ que nous nous accomplirons pleinement. En particulier, en manifestant notre solidaritĂ© envers ceux qui ont Ă©tĂ© blessĂ©s par la vie. Notre Ă©poque voit prolifĂ©rer un culte de la performance, de la jeunesse Ă©ternelle, qui nous Ă©crase. C’est Ă  la fois inutile et blessant. Les faiblesses de l’homme ne s’opposent pas Ă  sa dignitĂ©. Nier nos limites, c’est nous blesser en nous imposant un destin qui n’est pas le nĂŽtre. C’est aussi rendre impossible la fraternitĂ©, ou la rĂ©server Ă  une Ă©lite de chanceux. Portons nos limites avec conïŹance pour nous ouvrir Ă  une vraie rĂ©alisation de soi qui fera des merveilles. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Tout ĂȘtre humain est une personneTout en l’homme est humain. Nous ne sommes pas des animaux auxquels aurait Ă©tĂ© ajoutĂ©e une couche de spiritualitĂ© comme on ajoute un logiciel Ă  un ordinateur. Les caractĂšres les plus basiques de l’homme sont dĂ©jĂ  humains. Le corps de l’homme manifeste dĂ©jĂ  sa dignitĂ©, par sa station debout, ses mains prĂ©hensiles, la taille de son crĂąne et la taille de son bassin. L’homme ne manifeste pas seulement sa supĂ©rioritĂ© par la petite partie en lui qui est capable de raisonnement et de calcul. Le plaisir et la souffrance sont dĂ©jĂ  spĂ©cifiques en l’homme. Ils s’accompagnent d’un pourquoi ? » dans le double sens d’en vue de quoi et a` cause de quoi ? Par exemple, l’alimentation n’est pas chez l’homme un besoin seulement biologique. Elle s’accompagne de rites sociaux et de symboles. Le drame de la personne anorexique tient autant Ă  sa difficultĂ© Ă  se tenir Ă  table avec les autres qu’à sa difficultĂ© Ă  manger. S’il faut respecter la sensibilitĂ© animale, il est capital de voir qu’elle n’est pas la meˆme que celle de l’homme. En consĂ©quence, tout ĂȘtre humain est une personne. Il n’est pas nĂ©cessaire de faire montre de capacitĂ©s intellectuelles brillantes ou d’une vie morale dĂ©velopĂ©es pour ĂȘtre une personne. Il est excellent que des mĂ©thodes toujours plus affinĂ©es permettent aux hommes de dĂ©velopper leur rationalitĂ© ou leur capacitĂ© de mĂ©ditation, mais cela ne constitue pas des conditions pour ĂȘtre compte comme personne. Respectons tout ĂȘtre humain comme une personne, de sa conception jusqu’à sa mort naturelle. En particulier, respectons la vie de tout ĂȘtre humain car elle est dĂšs l’origine porteuse de ces valeurs de la personne. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Seul l'ĂȘtre humain est une personneCreÂŽeÂŽ par Dieu dans l’amour et appeleÂŽ a` se donner par amour, l’eˆtre humain est une personne, tout eˆ tre humain est une personne et dans la creÂŽation visible seul l’eˆtre humain est une personne. Tout en l’homme est humain, l’homme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La creÂŽ ation de l’homme constitue ainsi le sommet de la creÂŽation, et en l’homme toute la creÂŽation trouve sa finaliteÂŽ veÂŽ ritable. Elle aspire elle aussi a` eˆtre libeÂŽreÂŽe du mal qui la frappe Rm 8, en eÂŽtant unie au salut de l’humanite ÂŽ . Mais cela ne l’autorise pas a` nier ses limites. l’animal n’est pas une personne et ne peut eˆ tre eÂŽ galeÂŽ a` l’homme. Il ne partage ni sa raison, ni sa liberteÂŽ . L’animal ne porte pas cette insatisfaction qui pousse a` rechercher une transcendance. L’antispeÂŽcisme, qui nie la digniteÂŽ supeÂŽrieure de l’homme sur l’animal, lance des cris d’alerte qu’il est bon d’entendre pour prendre nos responsabiliteÂŽs face a` la souffrance animale, mais se trompe dans ses conclusions. L’homme est la seule creÂŽature sur terre que Dieu a voulue pour elle-meˆme » Gaudium et Spes, 24. L’arriveÂŽe des robots doteÂŽ s d’intelligence artificielle va reÂŽvolutionner nos modes de vie. Ce progre`s ouvrira des possibiliteÂŽs fabuleuses. Mais il pose aussi des proble`mes eÂŽ thiques redoutables. En particulier, il n’est pas acceptable de doter le robot d’une personnalite ÂŽ juridique. Le robot reste toujours sous la responsabiliteÂŽ de ses concepteurs et utilisateurs. Il n’est pas doteÂŽ d’un libre arbitre, il ne s’inteÂŽresse pas a` la veÂŽ riteÂŽ pour elle-meˆme mais seulement a` l’application de son programme. Il est speÂŽcialement inquieÂŽ tant de voir se deÂŽvelopper des robots sexuels qui preÂŽ – tendent remplacer l’intimiteÂŽ d’amour avec une autre personne Sommet de la CrĂ©ationCréé par Dieu dans l’amour et appelĂ© Ă  se donner par amour, l’ĂȘtre humain est une personne, tout ĂȘtre humain est une personne et dans la crĂ©ation visible seul l’ĂȘtre humain est une personne. Tout en l’homme est humain, l’homme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La crĂ©ation de l’homme constitue ainsi le sommet de la crĂ©ation , et en l’homme toute la crĂ©ation trouve sa finalitĂ© vĂ©ritable. Elle aspire elle aussi Ă  ĂȘtre libĂ©rĂ©e du mal qui la frappe Rm 8, en Ă©tant unie au salut de l’humanitĂ©. Mais cela ne l’autorise pas Ă  nier ses limites. Partie II Nous sommes une seule famille Dieu a créé une seule famille Dieu, qui veille paternellement sur tous, a voulu que tous les hommes constituent une seule famille et se traitent mutuellement comme des fre` res » Gaudium et Spes, 24. Dieu n’a pas creÂŽeÂŽ l’homme seul, il a creÂŽeÂŽ l’humanite ÂŽ comme une seule famille appeleÂŽe a` se construire dans la fraterniteÂŽ jusqu’a` ce qu’elle soit pleinement rassembleÂŽe dans le Christ ressuscite ÂŽ comme un seul corps sous sa teˆ te. Ce fait nous impose de reconnaıˆtre notre interde ÂŽpendance et de vivre de` s aujourd’hui la solidariteÂŽ , speÂŽcialement envers les plus faibles qui sont aussi nos fre` res. Mais ce principe est nieÂŽ aujourd’hui par l’invocation d’une autonomie absolue qui nous enferme dans une solitude invivable. C’est au nom de cette autonomie que sont sans cesse reÂŽ clameÂŽs de nouveaux droits qui deÂŽnaturent de plus en plus la transmission de la vie, comme la gestation pour autrui[1]. L’homme n’est pas fait pour cette solitude, nous avons besoin les uns des autres et nous nous influencžons les uns les autres. Tout est lieÂŽ », reÂŽpe` te le pape Francž ois Laudato Si’. Nous faisons tous l’expeÂŽ rience de notre interdeÂŽpendance mais l’individualisme actuel la deÂŽnie et empeˆche de la vivre sereinement. L’humaniteÂŽ doit reconnaıˆtre qu’elle trouvera les solutions a` ces deÂŽfis par la fraterniteÂŽ et la coopeÂŽration. [1] Nous renvoyons ici au document des eÂŽveˆques de France sur la bioeÂŽthique La DigniteÂŽ de la procreÂŽation, Paris, Bayard-Cerf-Mame, 2018. Nous sommes interdĂ©pendants Il n’est pas bon que l’homme soit seul » Gn 2, 18. Dieu a creÂŽeÂŽ l’homme pour vivre uni a` toute l’humaniteÂŽ autant qu’a` Lui. Nous ne sommes pas des atomes isoleÂŽ s qui choisiraient avec qui avoir ou non des relations. Nous sommes tous interdeÂŽpendants. Avant de choisir de vivre la solidariteÂŽ comme valeur et pour la vivre selon sa veÂŽ riteÂŽ , l’homme doit consentir a` ce fait de l’interdeÂŽ – pendance. La question eÂŽcologique, a` propos de laquelle le pape a poseÂŽ ce principe, l’illustre la deÂŽ fense de l’environnement a` l’eÂŽ chelle de la plane` te deÂŽpend des actes de chacun la` ou` il se trouve. Mener une vie sobre, trier, recycler, eÂŽ conomiser l’eau deÂŽpend de chacun et a des reÂŽpercussions sur tous. C’est notre commune responsabiliteÂŽ . Dans ce domaine tre` s particulie`rement, nul ne peut preÂŽtendre mener sa vie a` sa guise sans se preÂŽoccuper du prochain. Nous ne pouvons pas comprendre le remplissez la terre et soumettez-la » Gn 1, 28 de la Bible comme l’autorisation de la saccager. Il s’agit d’un devoir de bonne geÂŽ rance qui aura des comptes a` rendre au vrai maıˆtre de la creÂŽation. L’interdeÂŽpendance des hommes peut aussi se montrer par le cas de la maladie. Dans une famille, si un membre est malade, toute la famille est toucheÂŽ e. Toute la famille doit s’organiser pour le soin du malade, pour mener les taˆ ches domestiques sans lui, eÂŽventuellement pour eÂŽ viter la contagion si le malade est affaibli dans son syste`me immunitaire. S’il se trouvait dans une situation deÂŽja` preÂŽ – caire, celle-ci s’aggrave. La vie sociale de la famille est toucheÂŽ e. Mais le destin de cette famille deÂŽpend de la qualiteÂŽ et de la proximiteÂŽ des structures de soin. Il est des reÂŽ gions, meˆme en France, ou` l’on est mieux soigneÂŽ que d’autres. Ces structures de soin a` leur tour deÂŽpendent de la politique de santeÂŽ de l’EÂŽ tat, qui est influenceÂŽe par la crise mondiale. Ainsi, la santeÂŽ d’une seule personne au sein d’une famille est relieÂŽe par cercles concentriques a` la situation de toute l’humanite ÂŽ . De manie`re geÂŽneÂŽrale, les situations de pauvreteÂŽ manifestent mieux l’interdeÂŽ pendance des humains. L’individu qui s’est enferreÂŽ dans une logique de performance peut se faire croire qu’il est seul au monde. Le pauvre, lui, manifeste combien nos destins sont lieÂŽ s. C’est une de ses graˆ ces. Un reˆve d’autonomie absolue ou` l’individu ne rend de comptes qu’a` lui-meˆme viole la veÂŽ riteÂŽ de la nature humaine et engendre une cruelle solitude. Il fait peser sur les plus petits une exigence inaccessible et douloureuse. L’homme est un animal politique. Il a besoin d’interagir avec ses semblables, de construire avec eux une socieÂŽ teÂŽ juste ou` chacun peut s’eÂŽpanouir. Chacun de nous a besoin d’eˆ tre reconnu par les autres comme personne libre. Il a besoin d’aimer et d’eˆ tre aimeÂŽ . Sa raison le pousse au dialogue indispensable a` la deÂŽcouverte d’une veÂŽ riteÂŽ universelle. L’homme est aussi un eˆtre de langage. Il a besoin de communiquer avec les autres, de raconter son existence pour se forger une identiteÂŽ . L’homme a besoin d’une culture qui lui permet d’affirmer ses valeurs et de chercher le vrai, le bon, le beau. Il est essentiel que les projets d’aide au deÂŽveloppement comportent aussi des volets de deÂŽfense de la culture des peuples consideÂŽ reÂŽ s. Chaque culture, meˆme si elle a besoin de passer par un discernement pour eˆ tre libeÂŽreÂŽe de ses eÂŽ leÂŽ – ments de peÂŽcheÂŽ , est porteuse de treÂŽsors pour l’humaniteÂŽ . L’eÂŽchange culturel, favoriseÂŽ par la mondialisation, est une taˆ che essentielle pourvu qu’il ne se transforme pas en heÂŽgeÂŽ – monie d’une culture sur les autres. Ce besoin d’interaction est speÂŽcialement sensible chez les plus petits, chez ceux que les drames de la vie privent de l’utilisation normale des moyens de la vie sociale. C’est toujours l’occasion d’une joie pour tous chaque fois que nous associons les plus faibles a` nos cercles. L’homme est aussi un animal religieux. Ouvert a` la transcendance, il a besoin pour l’exprimer de symboles, de rites, de liturgie. Or il n’existe pas de symbole ou de rite priveÂŽ . Le rite et le symbole supposent une communaute ÂŽ qui se rassemble en eux. Une des eÂŽ tymologies proposeÂŽes de religion » renvoie a` relier ». La religion est la` pour rassembler les hommes, leur donner conscience de leur interdeÂŽpendance et la vivre dans la fraterniteÂŽ . Mais il faut pour cela que les religions s’ouvrent encore davantage au dialogue. L’ambition de la laıšciteÂŽ est de contribuer a` la paix sociale en respectant chaque religion dans sa croyance et dans son rite et en conduisant les religions ou courants de penseÂŽe a` cohabiter sereinement au sein de la socieÂŽteÂŽ . Ce besoin aussi est universel. La religion suppose une reÂŽflexion rationnelle, mais elle ne peut eˆ tre l’affaire d’un cercle d’initieÂŽ s. JeÂŽsus a aimeÂŽ parler aux exclus de la socieÂŽteÂŽ et deÂŽmontreÂŽ que ces hommes et ces femmes rejeteÂŽs eÂŽtaient aptes a` le suivre. Nos communaute ÂŽs auront a` coeur de devenir des lieux ou` le petit se sent chez AppelĂ©s Ă  la fraternitĂ©L’interdĂ©pendance est d’abord une chance. Elle donne Ă  chacun la possibilitĂ© de s’appuyer sur tous les autres. Mais comme toute rĂ©alitĂ© humaine, elle est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Cette interdĂ©pendance de fait demande Ă  ĂȘtre amĂ©nagĂ©e par la libertĂ© de l’homme. Il dĂ©pend de nous d’en faire une situation d’aliĂ©nation ou au contraire l’occasion d’une fraternitĂ©. Notre Ă©poque nous donne d’extraordinaires outils pour construire cette fraternitĂ©. La mondialisation rend plus visibles et plus rapides les liens de dĂ©veloppement entre les rĂ©gions du monde. Les moyens de communication sociale permettent d’interagir rapidement avec des personnes situĂ©es Ă  l’autre bout du monde. Cela permet d’immenses campagnes de mobilisation pour venir en aide Ă  une rĂ©gion touchĂ©e par une catastrophe. Nous avons vu des chaĂźnes mondiales de solidaritĂ©, par exemple pour notre pays aprĂšs les attentats du 13 novembre 2015. La fraternitĂ© n’est pas un vain mot, elle se vit au quotidien de mille parce que l’homme reste marqueÂŽ par le scandale du mal, notre eÂŽpoque voit aussi de formidables menaces contre la fraterniteÂŽ. Le progre`s est aussi heÂŽlas le progre`s du mal. La mondialisation concerne aussi le crime. Il faut citer d’abord la violence terroriste, qui est devenue internationale et qui se pare a` nouveau de l’excuse de la religion, comme si Dieu pouvait eˆtre un Dieu de mort et non de vie. L’attentat suicide est un sommet de deÂŽviance de la religion, puisqu’au meurtre il ajoute le suicide honteusement regardeÂŽ comme martyre. Il faut se reÂŽjouir de toutes les occasions qui sont veÂŽcues de rejeter cette idolaˆ trie de la violence. Il y a le fleÂŽau du crime organiseÂŽ , qui tue et exploite par la prostitution ou l’embrigadement dans les reÂŽseaux du crime, en particulier dans certaines reÂŽgions du monde. Il s’accompagne du trafic mondial de drogue avec son corte`ge de mise` re et de violence. Au Mexique et ailleurs, plusieurs preˆtres ont payeÂŽ de leur vie la deÂŽnonciation de ce scandale. Il y a le deÂŽveloppement industriel non controˆ leÂŽ qui pollue la plane`te et rend malade les populations, speÂŽcialement dans les pays eÂŽmergents. Les ineÂŽ galiteÂŽs se sont terriblement creuseÂŽ es, entre individus et entre reÂŽgions du monde. Nous continuons a` admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s’ils eÂŽtaient neÂŽs avec de plus grands droits » Laudato Si’, 90. Il y a les attentats contre la vie, avortement et euthanasie, preÂŽsenteÂŽs comme droits. Le sort reÂŽserveÂŽ aux femmes et aux enfants doit progresser encore partout dans le monde. Nous nous reÂŽjouissons des reÂŽcentes prises de conscience contre le harce`lement sexuel. Les femmes qui ont eÂŽteÂŽ pousseÂŽes a` l’avortement doivent beÂŽneÂŽ – ficier d’un accompagnement miseÂŽricordieux pour les aider a` surmonter la deÂŽ tresse qui accompagne souvent cet acte terrible. L’EÂŽ glise catholique s’est lanceÂŽ e, y compris en France, dans un chantier de peÂŽnitence et de reÂŽformes pour combattre les abus sexuels. Ces fleÂŽaux, dont la liste n’est pas exhaustive, nous appellent a` construire ensemble la fraterniteÂŽ . Mais la graviteÂŽ de ces drames ne doit pas conduire au deÂŽsespoir. Tout n’est pas perdu, parce que les eˆ tres humains, capables de se deÂŽgrader a` l’extreˆme, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se reÂŽgeÂŽneÂŽrer » Laudato Si, 205. Les chreÂŽ – tiens sauront eˆ tre exemplaires, la` ou` ils sont, avec les moyens qui sont les leurs, dans leur construction de cette fraterniteÂŽ . Elle commence par des gestes simples. L’entraide en famille, les activiteÂŽ s de paroisse comme les maraudes ou les vestiaires solidaires, sont un vrai fondement de la solidariteÂŽ. Meˆme s’ils ne remplacent pas des politiques publiques responsables, ce sont ces petits moyens, multiplieÂŽ s partout, qui font reculer la mise` re. Ils ont aussi l’avantage de deÂŽmontrer que nul n’est trop faible ou trop petit pour participer a` l’effort de fraterniteÂŽ . Seul un esprit de pauvrete ÂŽ permet de combattre la pauvreteÂŽ . Les reÂŽseaux sociaux manifestent l’ambivalence de la situation. UtiliseÂŽ s raisonnablement, ils manifestent l’interdeÂŽpendance et permettent des mobilisations rapides a` travers la plane` te. Mais laisseÂŽs a` eux-meˆmes, veÂŽcus dans une sorte d’addiction, ils enferment dans des relations virtuelles qui sont au fond la pire des solitudes et ils deÂŽtournent de veÂŽritables activiteÂŽ s fraternelles. Ils risquent aussi d’enfermer chacun dans des cercles qui pensent comme lui, rendant le dialogue La sexualitĂ©, lieu du don de soi Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, Ă  l’image de Dieu il le crĂ©a, il les crĂ©a homme et femme » Gn 1, 27. La diffĂ©rence sexuelle est la premiĂšre altĂ©ritĂ© de l’humanitĂ©, celle qui fonde toutes les autres. La diffĂ©rence sexuelle n’est pas une convention sociale qu’on pourrait réérire Ă  son grĂ©, elle appartient Ă  la nature humaine. Son respect est essentiel pour la construction d’un ordre social Ă©quilibrĂ©. Mais les deux sexes ont Ă©tĂ© créés pour vivre dans la communion, le respect et l’égalitĂ©. Il faut que partout dans le monde se poursuivent les efforts de libĂ©ration de la femme, pour son accĂšs aux droits civiques, Ă  la libertĂ© de mariage, Ă  l’emploi avec un salaire Ă©gal. Toute forme de violence faite aux femmes est inacceptable, y compris l’excision et les autres formes de mutilation. L’augmentation du nombre de femmes participant a` la vie publique sera une chance pour tous. La diffĂ©rence sexuelle ouvre Ă  la sexualitĂ©. Chaque sexe est tournĂ© vers l’autre. VĂ©cue en vĂ©ritĂ©, la sexualitĂ© est un lieu spĂ©cial de don de soi, d’amour et de libertĂ©. Par nature ouverte Ă  l’accueil de la vie, elle est le lieu oĂč l’homme et la femme vivent ensemble leur image de Dieu. Puisque Dieu est en mĂȘme temps le CrĂ©ateur, la fĂ©conditĂ© du couple humain est l’image’’ vivante et efficace, un signe visible de l’acte crĂ©ateur » Amoris Laetitia, 10. La sexualitĂ© chante aussi particuliĂšrement la beautĂ© du corps humain. Mais le pĂ©chĂ© originel a dĂ©formĂ© la sexualitĂ© en la transformant en lieu de dĂ©sir effrĂ©nĂ© et de domination Ton dĂ©sir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi » Gn 3, 16. Cette dĂ©formation se manifeste aujourd’hui avec le rĂšgne de la pornographie prĂ©sentĂ©e comme une norme et promesse de bonheur qui dĂ©stabilise les plus jeunes. En rĂ©alitĂ©, toute personne humaine porte le dĂ©sir d’une relation stable avec un partenaire aimeÂŽ pour lui-meˆme. Il existe dans la famille humaine une diversitĂ© d’inclinations sexuelles. Il ne faut pas discriminer les personnes violences physiques ou verbales contre elles sont intolĂ©rables. L’Église catholique invite Ă  les accueillir et les accompagner dans leur chemin vers Dieu. Mais il n’est pas possible de mettre les relations homosexuelles sur le mĂȘme plan que la relation de l’homme et de la FĂ©conditĂ© et familleL’enfant est comme l’incarnation de l’amour de ses parents. Il ouvre celui-ci Ă  une nouvelle dimension et leur donne la joie d’ĂȘtre Ă©ducateurs d’une libertĂ©. Il leur fournit l’occasion de donner le meilleur d’eux-mĂȘmes dans l’ensemble des soins qu’ils lui prodiguent. Il offre Ă  leur libertĂ© un champ d’action particuliĂšrement beau. L’enfant est don de Dieu. Toute naissance est une occasion d’action de grĂąces. Les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant ont besoin d’ĂȘtre accompagnĂ©s pour qu’ils puissent dĂ©couvrir qu’il existe d’autres fĂ©conditĂ©s. Mais l’enfant ne saurait ĂȘtre un droit ouvrant Ă  des technologies toujours plus sophistiquĂ©es qui s’accompagnent de destruction d’embryons. L’annonce chrĂ©tienne qui concerne la famille est vraiment une bonne nouvelle. JĂ©sus est nĂ© dans une famille, c’est lĂ  d’abord qu’il a vĂ©cu son incarnation, offrant Ă  toutes les familles une grĂące spĂ©ciale. La fĂ©conditĂ© du couple fonde la famille. Celle-ci est le premier cercle de l’interdĂ©pendance des hommes. Elle dĂ©ploie une intimitĂ© trĂšs particuliĂšre. Pour les enfants, elle est le premier lieu oĂč dĂ©couvrir la valeur de la solidaritĂ©. En particulier, les enfants se dĂ©couvrent en dette de la vie vis-Ă -vis de leurs parents et la fraternitĂ© de sang est la premiĂšre de toutes les fraternitĂ©s. Les parents ont une spĂ©ciale responsabilitĂ© dans l’éducation des enfants et doivent pour cela bĂ©nĂ©ficier d’une vraie libertĂ©, en particulier dans le choix de la scolaritĂ©. La sociĂ©tĂ© doit aider les parents mais n’a pas Ă  se substituer Ă  eux dans la mission d’éducation. Pendant des millĂ©naires, la pente de l’humanitĂ© a Ă©tĂ© d’avoir des enfants pour se survivre. La foi en la RĂ©surrection nous a libĂ©rĂ©s de cette nĂ©cessitĂ©. JĂ©sus vient transformer les familles pour les faire devenir une communion de personnes unies dans le respect et dans l’amour. La famille est le premier cercle de la sociĂ©tĂ©. Il est essentiel Ă  la bonne santĂ© des sociĂ©tĂ©s qu’elles favorisent la famille. Les communautĂ©s catholiques sont invitĂ©es Ă  devenir des lieux oĂč` les familles se sentent chez elles, accompagnĂ©es dans leurs joies, soutenues dans leurs difficultĂ©s. Il faut que les politiques publiques soutiennent les familles, que les infrastructures collectives les aident Ă  vivre avec des places en crĂšche suffisantes par exemple, que les mĂšres au travail soient aidĂ©es. Notre Ă©poque voit un nombre grandissant de familles blessĂ©es. Les communautĂ©s catholiques auront Ă  cƓur d’accompagner ces situations, sans jugement, avec misĂ©ricorde, en voyant oĂč en sont les personnes et en rendant grĂące pour les trĂ©sors de charitĂ© qui se vivent souvent dans ces situations L'unique famille humaineCréée par Dieu pour ĂȘtre rassemblĂ©e dans la charitĂ© par le Christ, unie par des liens de sang autant que par des liens spirituels Ă©manant des cultures, l’humanitĂ© est une seule famille appelĂ©e Ă  vivre la fraternitĂ© et la solidaritĂ©. Elle en est capable malgrĂ© les dĂ©fis qui la menacent. Chacun, Ă  sa place et avec les moyens qui sont les siens, par JĂ©sus-Christ, peut contribuer Ă  cette tĂąche. Personne n’est en trop dans l’oeuvre de fraternitĂ©. Cela se vit d’abord dans les familles qui sont le premier lieu oĂč apprendre la solidaritĂ©. La famille doit donc ĂȘtre dĂ©fendue contre les attaques des idĂ©ologies. L’Église souhaite prendre sa part dans cette dĂ©fense et cet accompagnement des familles pour leur donner de vivre cette fraternitĂ©. Mais la famille est destinĂ©e Ă  s’ouvrir Ă  plus grand qu’elle. La solidaritĂ© doit atteindre les limites de l’humanitĂ©. À l’heure de la mondialisation, il est plus mortifĂšre que jamais de rĂȘver que chaque nation se replie sur elle-mĂȘme en cherchant l’autarcie. Aucune nation ne peut plus trouver en elle les moyens de faire face aux dĂ©fis du temps. Les menaces contre l’humanitĂ© appellent une rĂ©ponse commune. La voie du dialogue et de la coopĂ©ration internationale est la seule possible. A fortiori, les diverses discriminations qui divisent l’humanitĂ© en dĂ©signant des sous-hommes sont intolĂ©rables. Chaque personne humaine a le droit de trouver sa place dans la famille humaine. Luttons pour que chaque homme soit reconnu comme un a créé l’homme Ă  son image et ressemblance pour se l’unir dans l’amour. Il en a fait une personne relationnelle comme Lui, il l’a créé beau, libre, apte Ă  la vĂ©ritĂ©, constituant une seule famille interdĂ©pendante appelĂ©e Ă  la fraternitĂ©. Il l’a appelĂ© Ă  l’amour. Chacun d’entre nous, Ă©coutant sa conscience et aidĂ© par Dieu, se verra capable de dĂ©ployer cette fraternitĂ© envers tous. En particulier en pensant prĂ©fĂ©rentiellement aux plus petits. C’est le chemin du bonheur. JĂ©sus-Christ est mort et ressuscitĂ© pour bĂ©nir et fortifier cet effort et associer l’homme au salut. Finalement, au dernier jour JĂ©sus vaincra la mort et rassemblera en lui toute la crĂ©ation et tous ceux qui l’auront acceptĂ© en le confessant ou en suivant leur conscience. C’est notre vocation ultime, qui porte toutes les autres. En aimant, [le chrĂ©tien] devient lui-mĂȘme un membre, et il est insĂ©rĂ© par l’amour dans l’unitĂ© du corps du Christ et il y aura un seul Christ s’aimant lui-mĂȘme » Saint Augustin, Commentaire de la premiĂšre ÉpĂźtre de saint Jean, X, 3. Postface de Mgr Batut Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? » Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un nĂ©ant Ă  l’égard de l’infini, un tout Ă  l’égard du nĂ©ant, un milieu entre rien et tout. » La cĂ©lĂšbre rĂ©flexion de Pascal rejoint dans son dĂ©but l’interrogation du psaume 8, mais elle la prolonge avec l’accent dĂ©jĂ  contemporain d’une humanitĂ© qui n’ose plus croire que quelqu’un pense Ă  elle. Mesurant plus que jamais, grĂące aux progrĂšs des sciences, l’immensitĂ© de l’univers qui l’entoure, ce milieu entre rien et tout » s’apprĂ©hende lui-mĂȘme sur fond d’angoisse existentielle plutĂŽt comme un nĂ©ant que comme un tout – une poussiĂšre d’étoiles » selon le mot d’Hubert Reeves. Mais lorsque cette mĂȘme humanitĂ© regarde le microcosme oĂč elle vit, elle s’aperçoit que loin de grandir en humilitĂ© en rĂ©flĂ©chissant sur elle-mĂȘme, elle n’a cessĂ© d’agir avec dĂ©mesure au point d’épuiser les ressources de la maison commune »[1] oĂč elle a Ă©tĂ© placĂ©e depuis la rĂ©volution industrielle, dans son dĂ©sir insatiable de profit et de confort, l’homme est devenu un danger pour son environnement. DĂ©sorientĂ© et perdu Ă  l’échelle de l’univers, il doute de lui-mĂȘme Ă  l’échelle de son milieu vital, jusqu’à douter de l’opportunitĂ© de prolonger son existence. Qu’est-ce que l’homme ? Un prĂ©dateur et un meurtrier qui n’est pas digne de vivre, affirment certains aujourd’hui. Par avance pourtant, la Parole de Dieu a mis l’homme en garde contre sa dĂ©mesure, tout en le rassurant devant sa petitesse. Le choix de Dieu, dans sa toute-puissance et son Ă©ternitĂ©, a Ă©tĂ© de crĂ©er l’univers. Au sein de sa crĂ©ation, il a voulu entrer en alliance avec un ĂȘtre dans lequel est imprimĂ©e sa propre image. Et, pour parachever cette alliance, il a voulu connaĂźtre la vie de cet ĂȘtre de la naissance Ă  la mort, afin de le racheter de la mort et de lui communiquer sa propre vie. La question du psaume qu’est-ce que l’homme pour que tu penses Ă  lui ? » retrouve dans le Christ toute sa pertinence et dĂ©bouche sur un Ă©tonnement Ă©merveillĂ© Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ! Tu l’établis sur les Ɠuvres de tes mains, tu mets toutes choses Ă  ses pieds ! » Le pouvoir de l’homme sur la nature, envers de l’humilitĂ© de sa condition, n’est pas un pouvoir discrĂ©tionnaire. C’est une gĂ©rance, une intendance – mieux une mission, celle de parachever l’Ɠuvre de Dieu. En comprenant cela, nous percevons la signification de l’univers. Dans le Christ, rĂ©vĂ©lateur du PĂšre, nous dĂ©couvrons que le cosmos a Ă©tĂ© voulu paternellement et que son accomplissement ne peut ĂȘtre que filial. L’alliance nouĂ©e avec l’humanitĂ© nous apparaĂźt comme la transposition dans le temps de l’échange Ă©ternel du PĂšre et du Fils. La vie terrestre de JĂ©sus devient le paradigme de cette vie filiale et fraternelle qui dĂ©ploie jusqu’au bout en nous le goĂ»t de vivre, la joie d’habiter cette terre et de contribuer, en y vivant la charitĂ©, Ă  la faire passer en Dieu. Elle passe, certes, la figure de ce monde dĂ©formĂ©e par le pĂ©chĂ© ; mais, nous l’avons appris, Dieu nous prĂ©pare une nouvelle terre oĂč rĂ©gnera la justice et dont la bĂ©atitude comblera et dĂ©passera tous les dĂ©sirs de paix qui montent au cƓur de l’homme. Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ
 La charitĂ© et ses Ɠuvres demeureront et toute cette crĂ©ation que Dieu a faite pour l’homme sera dĂ©livrĂ©e de l’esclavage[2]. » La foi chrĂ©tienne n’en est qu’à ses dĂ©buts. Et pour dire l’amour de Dieu, l’éternitĂ© sera courte. [1] Pape François, encyclique Laudato sĂŹ sur l’écologie Notre maison commune est comme une sƓur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mĂšre, belle, qui nous accueille Ă  bras ouverts. » [2] Vatican II, Constitution Gaudium et Spes sur l’Église dans le monde de ce temps, 39.
\n avons nous le devoir de chercher la verite
Avonsnous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? Au prĂ©alable, il convient d’interroger les notions, les termes de ce sujet. Par devoir, il faut entendre « obligation morale », Ă  l’échelle d’un individu comme obligation qu’on se donne Ă  soi-mĂȘme comme aiguillon dans l’existence ou Ă  celle du genre humain. Cette obligation donne

Bien-aimĂ©s, j’ai la joie de partager avec vous aujourd’hui le thĂšme ci-dessus tirĂ© de Mt et suivants. En effet, Vous ĂȘtes la lumiĂšre du monde» dit le Seigneur. Car la lumiĂšre manifeste tout, elle brille dans la nuit. Aussi elle doit ĂȘtre mise en Ă©vidence, sur un pied de lampe, et non sous un boisseau qui en entraverait le rayonnement. Le boisseau peut aussi reprĂ©senter les affaires de cette vie qui empĂȘchent si souvent notre lumiĂšre de luire. Que votre lumiĂšre luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes Ɠuvres, et qu’ils glorifient votre PĂšre qui est dans les cieux». La lumiĂšre est toute manifestation de la vie de Dieu devant les hommes. Elle luit par des Ɠuvres qui sont le produit de la nouvelle nature, ce que Dieu appelle des bonnes Ɠuvres», ou Ɠuvres justes et droites, et non seulement ce que le monde appelle des bonnes Ɠuvres», ou Ɠuvres charitables. Si les hommes voient ces Ɠuvres-lĂ , fruits de la vie divine, ils sont obligĂ©s d’en reconnaĂźtre l’origine. Soyons plus fidĂšles, afin que les hommes puissent attribuer Ă  Dieu ce qu’ils voient en nous, et ainsi le glorifier. Au commencement cette lumiĂšre brillait plus vivement devant les hommes Ac Dans le rĂšgne de Christ, non seulement les hommes verront cette lumiĂšre qui aura Christ pour foyer, mais ils marcheront Ă  son Ă©clat Ap Car aux croyants, il suffit pour ĂȘtre heureux, bienheureux, d’avoir l’approbation du Seigneur. Et les joies du royaume leur sont rĂ©servĂ©es. En se tenant sĂ©parĂ© du mal, le chrĂ©tien remplit sur la terre le rĂŽle du sel» qui prĂ©serve de la corruption. Il est aussi et surtout lumiĂšre», responsable de faire briller les caractĂšres moraux de Dieu devant les hommes et d’abord aux yeux de ceux qui sont dans la maison» sa propre famille. Le boisseau, rĂ©cipient Ă  mesurer, est le symbole de l’activitĂ©, le lit Luc celui de la paresse; deux extrĂȘmes susceptibles l’un comme l’autre d’éteindre tout le rayonnement que devrait avoir un enfant de Dieu. C’est pourquoi, il ne viendrait Ă  l’idĂ©e de personne, aprĂšs avoir allumĂ© une lampe, de la cacher sous un vase ou sous un lit. Enfants de lumiĂšre», notre raison d’ĂȘtre ici-bas est de faire briller bien distinctement dans les tĂ©nĂšbres de ce monde les vertus de Celui qui est LumiĂšre Mt 1 P Et Ă  l’occasion de la venue de sa mĂšre et de ses frĂšres, le Seigneur parle encore de ceux qui Ă©coutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique». Car eux seuls peuvent se prĂ©valoir d’une relation avec Lui. Le sommeil de JĂ©sus dans le bĂąteau nous le montre comme un homme fatiguĂ© par sa journĂ©e de travail. Mais, l’instant d’aprĂšs, l’ordre qu’Il donne au vent et aux vagues le fait connaĂźtre comme Dieu souverain. Saisis de crainte, les disciples s’écrient Qui donc est celui-ci
?». Celui qui commande mĂȘme aux vents et Ă  l’eau» et rĂ©vĂšle sa puissance aux disciples manquant de foi est le Fils de Dieu, le CrĂ©ateur. Sa puissance aujourd’hui n’a pas changĂ©. Mais qu’en est-il de notre foi? Ainsi ses rĂ©ponses s’adressent Ă  la conscience de ceux qui ont reçu la Parole. Dieu a allumĂ© en eux la lumiĂšre qui doit Ă©clairer la nuit de ce monde. À chacun de nous de veiller Ă  ne pas cacher notre lumiĂšre qui doit Ă©clairer la nuit de ce monde. À chacun de nous de veiller Ă  ne pas cacher notre lumiĂšre, car nous ne rĂ©pondrions pas au but pour lequel Dieu nous a fait ĂȘtre lumiĂšre dans le Seigneur» Ep Il vient un moment oĂč le jour se fera sur tout ce qui aura empĂȘchĂ© la lumiĂšre de briller; car il n’y a rien de secret qui ne deviendra manifeste, ni rien de cachĂ© qui ne se connaĂźtra et ne vienne en Ă©vidence». Il faut donc prendre garde comment l’on entend, car Dieu ne parle pas en vain; il faut que sa Parole porte des fruits, et plus le croyant en portera, plus il recevra car Ă  quiconque a, il sera donné». Pour recevoir de la bĂ©nĂ©diction, il faut pratiquer ce que l’on connaĂźt. Mais quiconque paraĂźt avoir quelque chose, comme les gens de la seconde et troisiĂšme catĂ©gorie, cela leur sera ĂŽtĂ©, parce qu’ils n’ont pas la vie. C’est ce qui arrivera Ă  la chrĂ©tientĂ© aprĂšs l’enlĂšvement de l’Église ce qu’elle paraĂźt avoir, ses formes, ses prĂ©tentions, lui seront ĂŽtĂ©es, et on la verra dans son Ă©tat vĂ©ritable, prĂȘte Ă  recevoir le jugement qui l’atteindra. Les versets ci-aprĂšs ont Ă©tĂ© compilĂ©s pour votre Ă©dification et regroupĂ©s pour votre meilleure comprĂ©hension. L’influence chrĂ©tienne Lampe Ps Oui, tu fais briller ma lumiĂšre; L’Éternel, mon Dieu, Ă©claire mes tĂ©nĂšbres. Ps Ta parole est une lampe Ă  mes pieds, Et une lumiĂšre sur mon sentier. Pr Le souffle de l’homme est une lampe de l’Éternel; Il pĂ©nĂštre jusqu’au fond des entrailles. Mt et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle Ă©claire tous ceux qui sont dans la maison. 1 P Vous, au contraire, vous ĂȘtes une race Ă©lue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelĂ©s des tĂ©nĂšbres Ă  son admirable lumiĂšre, Enfants de lumiĂšre Lc Le maĂźtre loua l’économe infidĂšle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siĂšcle sont plus prudents Ă  l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumiĂšre. Jn Pendant que vous avez la lumiĂšre, croyez en la lumiĂšre, afin que vous soyez des enfants de lumiĂšre. JĂ©sus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha loin d’eux. Ep Autrefois vous Ă©tiez tĂ©nĂšbres, et maintenant vous ĂȘtes lumiĂšre dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumiĂšre! 1 Th vous ĂȘtes tous des enfants de la lumiĂšre et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des tĂ©nĂšbres. Vies resplendissantes des saints Jb Tes jours auront plus d’éclat que le soleil Ă  son midi, Tes tĂ©nĂšbres seront comme la lumiĂšre du matin, Ps Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie, Et le visage ne se couvre pas de honte. Ec Qui est comme le sage, et qui connaĂźt l’explication des choses? La sagesse d’un homme fait briller son visage, et la sĂ©vĂ©ritĂ© de sa face est changĂ©e. Dn Ceux qui auront Ă©tĂ© intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseignĂ© la justice, Ă  la multitude brilleront comme les Ă©toiles, Ă  toujours et Ă  perpĂ©tuitĂ©. Jn Jean Ă©tait la lampe qui brĂ»le et qui luit, et vous avez voulu vous rĂ©jouir une heure Ă  sa lumiĂšre. Ac Tous ceux qui siĂ©geaient au sanhĂ©drin ayant fixĂ© les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange. 2 Co Nous tous qui, le visage dĂ©couvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformĂ©s en la mĂȘme image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. Visages rayonnants Ex Aaron et tous les enfants d’IsraĂ«l regardĂšrent MoĂŻse, et voici la peau de son visage rayonnait; et ils craignaient de s’approcher de lui. Mt Il fut transfigurĂ© devant eux; son visage resplendit comme le soleil, et ses vĂȘtements devinrent blancs comme la lumiĂšre. Mt Son aspect Ă©tait comme l’éclair, et son vĂȘtement blanc comme la neige. 2 Co Or, si le ministĂšre de la mort, gravĂ© avec des lettres sur des pierres, a Ă©tĂ© glorieux, au point que les fils d’IsraĂ«l ne pouvaient fixer les regards sur le visage de MoĂŻse, Ă  cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire fĂ»t passagĂšre, De tout ce qui prĂ©cĂšde, souvenons-nous que le Seigneur dit Ă  chacun Prenez garde comment vous entendez», car le jour approche oĂč tout sera manifestĂ©; alors que personne ne pourra recommencer pour faire mieux. C’est ici le tableau complet du caractĂšre et de la position du rĂ©sidu qui reçoit les instructions du Seigneur, la position de ce rĂ©sidu telle qu’elle devait ĂȘtre selon les pensĂ©es de Dieu. Ceci est complet en soi, car JĂ©sus utilise une image pour nous montrer quelles sont la place et la mission du chrĂ©tien dans le monde C’est Dieu qui a allumĂ© en nous la flamme de la foi. Il nous a fait ce cadeau, mais pas seulement pour que nous soyons les seuls Ă  en bĂ©nĂ©ficier, pour que les autres aussi bĂ©nĂ©ficient de cette foi La lumiĂšre est aussi transparente. Cette image montre bien que, dans son essence, la foi ne peut pas ĂȘtre quelque chose de cachĂ©. Elle est appelĂ©e Ă  Ă©clairer, Ă  irradier et c’est ce qu’elle fera d’elle-mĂȘme, si on ne la cache pas. C’est ici prĂ©cisĂ©ment notre tĂ©moignage de chrĂ©tien. Car suivre les pas du Christ, le chercher et l’aimer en toute transparence, face aux regards des autres, c’est ce qui permettra Ă  Dieu d’illuminer leur vie. Il ne s’agit pas de faire de grands discours, mais de rendre visible notre amour pour le Christ dans la vie quotidienne. Nous n’avons qu’une seule vie, et notre foi n’est pas juste du domaine du privĂ©, une attitude intĂ©rieure dont Dieu est le seul tĂ©moin, mais elle est prĂ©sente dans tous les domaines de notre vie et comme telle, elle doit ĂȘtre visible Ă  ceux qui vivent avec nous ou qui croisent notre vie. Nos priĂšres vous y accompagnent tous. PRIERE D’ACCEPTATION DE JESUS-CHRIST COMME SEIGNEUR ET SAUVEUR PERSONNEL J’invite Ă  prĂ©sent toute personne qui veut devenir une nouvelle crĂ©ation en marchant dans la vĂ©ritĂ©, Ă  faire avec moi la priĂšre suivante Seigneur JĂ©sus, j’ai longtemps marchĂ© dans les convoitises du monde en ignorant ton amour pour les humains. Je reconnais avoir pĂ©chĂ© contre toi et te demande pardon pour tous mes pĂ©chĂ©s, car aujourd’hui j’ai dĂ©cidĂ© de te donner ma vie en te prenant comme Seigneur et Sauveur personnel. Je reconnais que tu es mort Ă  la croix du Calvaire et que tu es ressuscitĂ© des morts pour moi. Je suis maintenant sauvĂ©e et nĂ©e de nouveau par la puissance du Saint-Esprit. Conduis-moi chaque jour vers la vie Ă©ternelle que tu donnes Ă  tous ceux qui obĂ©issent Ă  ta Parole. RĂ©vĂšle-toi Ă  moi et fortifie mon coeur et ma foi, afin que ta lumiĂšre luise dans ma vie dĂšs maintenant. Merci, Seigneur JĂ©sus de m’accepter dans ta famille divine, afin que je puisse aussi contempler les merveilles de ton royaume. Je vais choisir maintenant un point d’eau tout proche oĂč me baptiser par immersion, au nom du PĂšre, du Fils et du Saint-Esprit. A toi toute l’adoration, la puissance et la gloire, maintenant et pour les siĂšcles des siĂšcles. Amen ! Je serais content de rĂ©agir Ă  vos questions et commentaires Ă©ventuels, avant de partager avec vous demain “ la parabole du lis.” Que le Seigneur JĂ©sus-Christ vous bĂ©nisse abondamment. David Feze, Serviteur de l’Éternel des armĂ©es.

Nietzsche : la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© nous entraĂźne loin de la vie. Les piĂšges Ă  Ă©viter ‱ La notion de devoir ne doit pas vous inviter Ă  rĂ©citer ce que vous connaissez de la morale kantienne. ‱ « Chercher la vĂ©ritĂ© » ne concerne pas que le scientifique (ou le philosophe) : ne consacrez pas votre copie Ă  leur seule dĂ© ontologie.

DĂ©bats Tribune HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Bruno Retailleau PrĂ©sident du Groupe Les RĂ©publicains LR au SĂ©nat et HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Les chefs de l’opposition sĂ©natoriale Bruno Retailleau LR et HervĂ© Marseille UC dĂ©taillent, dans une tribune au Monde », les garanties qu’ils demandent au gouvernement avant de se prononcer sur la rĂ©forme annoncĂ©e. PubliĂ© le 18 juin 2018 Ă  09h54 - Mis Ă  jour le 18 juin 2018 Ă  10h54 Temps de Lecture 3 min. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Tribune. Depuis plusieurs semaines, certaines voix s’emploient Ă  propager l’idĂ©e que le SĂ©nat serait par principe hostile Ă  la rĂ©forme constitutionnelle. A dĂ©faut de pouvoir Ă©tayer l’accusation, l’on suscite le soupçon, faisant peser sur la Haute AssemblĂ©e une prĂ©somption d’obstruction. Ainsi, un dĂ©putĂ© LREM affirmait-il rĂ©cemment que la science du blocage est dans l’ADN du SĂ©nat », l’accusant mĂȘme de dĂ©faire mĂ©ticuleusement les rĂ©formes qui lui sont proposĂ©es ». Sans ĂȘtre dupes de l’impartialitĂ© de nos procureurs, examinons les deux grands chefs d’accusation qui sont aujourd’hui avancĂ©s. Car les Français ont droit Ă  la vĂ©ritĂ©. PremiĂšrement, le SĂ©nat est-il dans une opposition systĂ©matique au prĂ©sident de la RĂ©publique ? Si tel Ă©tait le cas, comment alors expliquer que depuis le dĂ©but du quinquennat, plus de 75 % des textes ayant Ă©tĂ© soumis Ă  la Haute AssemblĂ©e par le gouvernement aient Ă©tĂ© adoptĂ©s par la majoritĂ© sĂ©natoriale ? Ce qui en revanche n’est pas dans notre ADN, c’est le clonage issus des diffĂ©rentes sensibilitĂ©s de la droite et du centre, siĂ©geant dans une assemblĂ©e dont l’histoire, la culture comme les missions exigent de ses membres une rĂ©sistance aux pulsions partisanes comme aux pressions institutionnelles, nous avons nos convictions. Lorsqu’elles s’accordent avec les dĂ©cisions du gouvernement, comme sur les ordonnances travail ou la rĂ©forme ferroviaire, nous le soutenons. Lorsque le chemin proposĂ© ne nous semble pas emprunter la bonne direction, nous le disons. Quoi de plus naturel dans une dĂ©mocratie ? Du reste, cette franchise parlementaire est un indicateur de bonne santĂ© rĂ©publicaine quand les reprĂ©sentants de la nation conditionnent leur droit de dire au devoir d’obĂ©ir, quand le consensus obligatoire se substitue au dĂ©bat contradictoire, alors le peuple se tourne vers les populismes. Mise en sourdine du Parlement DeuxiĂšmement, le SĂ©nat s’oppose-t-il Ă  la rĂ©forme constitutionnelle ? Non, deux fois non ! Non seulement, nous sommes ouverts et favorables Ă  une modification de la Constitution, mais nous ne nous opposons ni Ă  la rĂ©duction du nombre de dĂ©putĂ©s et de sĂ©nateurs ni Ă  la limitation dans le temps de leurs mandats. Tout juste demandons-nous au gouvernement qu’au sein de ce contrat constitutionnel renouvelĂ© figurent deux grandes garanties. La premiĂšre est territoriale. Personne n’ignore dĂ©sormais que la fracture entre les territoires abĂźme chaque jour un peu plus notre tissu national. Tissu dans lequel le projet du gouvernement risque pourtant de crĂ©er de nouveaux accrocs pas moins d’une quarantaine de dĂ©partements, trĂšs majoritairement ruraux, ne disposeraient que d’un seul sĂ©nateur quand d’autres – urbains naturellement – en compteraient prĂšs de 10 fois plus ! Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
sujetpeut étonner. La vérité est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science, la notion de devoir est une valeur de l'existence, relevant du domaine de la morale ou de l'éthique. Donc l'idée d'un devoir de chercher la vérité peut paraßtre étrange, d'autant qu'on recherche la vérité en science et ailleurs. Il y a
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Annales 2006 - Cela a-t-il un sens de vouloir Ă©chapper au temps ? Annales 2006 - N’avons-nous de devoirs qu’envers autrui ? Annales 2005 - Le langage ne sert-il qu’à communiquer ? Annales 2005 - Le juste et l’injuste ne sont-ils que des conventions ? Terminale SES Liste des sujets traitĂ©s Annales 2017 - La raison peut-elle rendre raison de tout ? Annales 2009 - Que gagne-t-on Ă  Ă©changer ? Annales 2009 - Le dĂ©veloppement technique transforme-t-il les hommes ? Annales 2008- Peut-on dĂ©sirer sans souffrir ? Annales 2008 - Est-il plus facile de connaĂźtre autrui que de se connaĂźtre soi-mĂȘme ? Annales 2007 - Peut-on en finir avec les prĂ©jugĂ©s ? Annales 2007 - Que gagnons-nous Ă  travailler ? Annales 2006 - Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ© ? Annales 2006 - Une culture peut-elle ĂȘtre porteuse de valeurs universelles ? Annales 2005 - L’action politique doit-elle ĂȘtre guidĂ©e par la connaissance de l’histoire ? Annales 2005 - Qu’attendons-nous de la technique ? Terminale technologique Liste des sujets traitĂ©s Annales 2017 - Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ? Annales 2009 - La technique s’oppose-t-elle Ă  la nature ? Annales 2009 - Peut-on ĂȘtre sĂ»r d’avoir raison ? Annales 2008 - Est-ce Ă  la loi de dĂ©cider de mon bonheur ? Annales 2008 - Peut-on aimer une oeuvre d’art sans la comprendre ? Annales 2007 - L’art nous Ă©loigne-t-il de la rĂ©alitĂ© ? Annales 2007 - Peut-on se passer de l’État ? Annales 2006 - L’intĂ©rĂȘt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? Annales 2006 - Quel besoin avons-nous de chercher la vĂ©ritĂ© ? Annales 2005 - Pourquoi voulons-nous ĂȘtre libres ? Annales 2005 - Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison Ă  tout prix ? La cultureLa religion Liste des sujets traitĂ©s La religion conduit-elle l’homme au-delĂ  de lui-mĂȘme ? La religion permet-elle Ă  l’homme d’ĂȘtre heureux ? L’homme a-t-il nĂ©cessairement besoin de religion ? La philosophie peut-elle parler de la religion ? La relation entre philosophie et religion dans la modernitĂ© Est-ce parce qu’ils sont ignorants que les hommes ont des croyances ? Une critique philosophique de la religion Commentaires disponibles Le langage Liste des sujets traitĂ©s Peut-on parler pour ne rien dire ? En quoi le langage est-il nĂ©cessaire Ă  l’homme ? Les paroles engagent-elles autant que les actes ? Serait-il souhaitable que l’humanitĂ© parle une seule langue ? Quiconque n’a pas rĂ©flĂ©chi sur le langage n’a pas vraiment commencĂ© Ă  philosopher Le langage exprime-t-il notre ĂȘtre ? Commentaires disponibles Le travail et la technique Liste des sujets traitĂ©s L’homme doit-il travailler pour ĂȘtre humain ? Le travail rend-il l’homme heureux ? Faut-il sĂ©parer la science de la technique ? Le travail et la technique sont ils des moyens de civilisations ou de barbarie ? L'art nous est-il plus nĂ©cessaire que la technique ? Qu'est ce qu'un travail social juste ? Comment faire de la prĂ©vention sans rĂ©pression ? L'art Liste des sujets traitĂ©s L’art nous dĂ©tourne-t-il de la rĂ©alitĂ© ? L’art ne sert-il Ă  rien ? L’art ne s’adresse-t-il qu’à la sensibilitĂ© ? Quelle est la raison d’ĂȘtre des artistes ? L’art est-il explicable ? L’art nous dĂ©tourne-t-il du rĂ©el ? Pour avoir du goĂ»t, faut-il ĂȘtre cultivĂ© ? L’art est-il une illusion ? L’art, est-ce ce qui ne sert Ă  rien ? Pensez-vous que la sociĂ©tĂ© moderne favorise la crĂ©ation artistique ? Quelles sont les rĂšgles de l’art ? L'art nous est-il plus nĂ©cessaire que la technique ? N'y a t il d'art que dans les musĂ©es ? L'art est il une Ă©vasion ? Commentaires disponibles L'histoire Liste des sujets traitĂ©s Y a-t-il une vĂ©ritĂ© en histoire ? L’histoire nous enseigne-t-elle la relativitĂ© de valeurs ? L’histoire a-t-elle un sens ? L’homme peut-il se libĂ©rer de l’histoire ? Que nous apprend l’histoire ? Qu'est ce qu'un Ă©vĂ©nement ? Le plaisir est il le moteur de l'histoire ? Devons-nous mĂ©moire ou oubli ? Commentaires disponibles La moraleLa libertĂ© Liste des sujets traitĂ©s Faut-il opposer libertĂ© morale et libertĂ© politique ? Peut-on renoncer Ă  sa libertĂ© ? Peut-on apprendre Ă  ĂȘtre libre ? Peut-on concilier les exigences de la justice et celles de la libertĂ© ? L’expression perdre sa libertĂ© a-t-elle un sens ? En quoi peut-on dire que l’homme est libre ? Être libre de penser est-ce penser ce que l’on veut ? Le doute est-il une entrave Ă  la libertĂ© ? Jean-Paul Sartre, L'Etre et le nĂ©ant, troisiĂšme partie, chapitre premier, section IV le Regard Comment dĂ©finir la libertĂ© ? Commentaires disponibles Le devoir Liste des sujets traitĂ©s La conscience morale n’est-elle que le rĂ©sultat de l’éducation ? La dĂ©termination du bien n’est-elle qu’une affaire d’opinion ? Peut-on connaĂźtre la morale ? Est-il immoral de mĂ©priser autrui ? Suffit-il de voir le meilleur pour le suivre ? Puis-je savoir si je suis immoral ? Qui est autorisĂ© Ă  me dire tu dois ? Devons-nous mĂ©moire ou oubli ? Commentaires disponibles Le bonheur Liste des sujets traitĂ©s Plaisir et bonheur Faites vous plaisir ! Le bonheur n’est-il qu’une question de chance ? Le bonheur n’est-il pour l’homme qu’un idĂ©al ? La conscience de soi peut-elle rendre l’homme malheureux ? Annales 2017 - Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ? Commentaires disponibles La politiqueL'Etat Liste des sujets traitĂ©s L’État peut-il ĂȘtre juste ? Sur quoi la lĂ©gitimitĂ© de l’État se fonde-t-elle ? L’État vise-t-il le bonheur des individus ? Peut-on concevoir une sociĂ©tĂ© sans État ? L’Etat doit-il reconnaitre des limites Ă  sa puissance ? e rĂŽle du gouvernement est-il seulement de garantir la libertĂ© ? Le pouvoir doit-il revenir au peuple ? Commentaires disponibles La justice et le droit Liste des sujets traitĂ©s La compĂ©tence donne-t-elle des droits ? Les lois prennent-elles en compte les croyances des individus ? Fonder le droit sur la force ou faire respecter le droit par la force, cela revient-il au mĂȘme ? Le droit se fonde-t-il sur l’intĂ©rĂȘt privĂ© ? Est-il juste d’appliquer systĂ©matiquement la loi ? Peut-on concilier les exigences de la justice et celles de la libertĂ© ? Sur quoi la justice se fonde-t-elle ? La dĂ©mocratie est-elle la garantie de lois justes ? Peut-on dire d’un homme qu’il est juste ? Qu'est ce qu'un travail social juste ? Comment faire de la prĂ©vention sans rĂ©pression ? Vaut-il mieux subir l’injustice ou la commettre ? Les peines qu'inflige une sociĂ©tĂ© servent-elles une simple vengeance ? Hugo Grotius, De jure belli ac pacis Commentaires disponibles La sociĂ©tĂ© Liste des sujets traitĂ©s La paix sociale est-elle souhaitable ? Une sociĂ©tĂ© n’est-elle qu’un ensemble d’individus vivant sur un mĂȘme territoire ? Doit-on apprendre Ă  devenir homme ? L’homme est-il un animal politique ? Une sociĂ©tĂ© peut-elle renier sa culture ? L’action politique est-elle un travail ? L’homme est-il rĂ©ductible Ă  sa culture ? Qui est autorisĂ© Ă  me dire tu dois ? 'La ville est politique' - commentaire La mĂ©diation est-elle particuliĂšrement importante dans notre sociĂ©tĂ© contemporaine ? Y a-t-il des sociĂ©tĂ©s plus naturelles que d’autres ? Hugo Grotius, De jure belli ac pacis Le pouvoir doit-il revenir au peuple ? Commentaires disponibles La raison et le rĂ©elLa matiĂšre et l'esprit Liste des sujets traitĂ©s Est-il raisonnable de croire en Dieu ? Peut-on croire sans savoir ? Faut-il opposer la croyance et la raison ? Peut-on accorder une valeur Ă  une croyance que l’on ne partage pas ? L’esprit a-t-il accĂšs aux choses ? Vaut-il mieux agir ou penser ? Quelle diffĂ©rence peut-on faire entre la matiĂšre et le corps ? Toute passion est-elle dĂ©raisonnable ? Que faut-il opposer Ă  la bĂȘtise ? Qu’est-ce qui est premier ? Le Dieu de Kant est-il si diffĂ©rent du Dieu de la mĂ©taphysique traditionnelle ? Peut-on connaĂźtre l'esprit Ă  travers le corps ? En quoi l’homme fait-il l’espace ? Descartes, MĂ©ditations mĂ©taphysiques, sixiĂšme mĂ©ditation Commentaires disponibles La vĂ©ritĂ© Liste des sujets traitĂ©s Ce qui est flagrant est-il vrai ? Les prĂ©jugĂ©s dĂ©tournent-ils toujours du vrai ? Peut-on se dĂ©livrer de ses prĂ©jugĂ©s ? Comment passe-t-on de l’opinion Ă  la connaissance ? Peut-on vraiment ĂȘtre convaincu sans ĂȘtre persuadĂ© ? Dans quelle mesure la mĂ©thode peut elle servir de garant de la vĂ©ritĂ© ? L’objectivitĂ© implique-t-elle la neutralitĂ© ? Suffit-il, pour ĂȘtre philosophe, de rejeter les opinions ? N’y a-t-il aucune vĂ©ritĂ© dans le mensonge ? Peut-on dire que les hommes aiment tellement la vĂ©ritĂ© qu’ils voudraient que ce qu’ils aiment soit vrai ? S’en tenir aux faits, est-ce une garantie d’objectivitĂ© ? Faut-il croire la raison ? La science rĂ©pond elle Ă  un dĂ©sir de la vĂ©ritĂ© ? Peut-on dĂ©montrer n'importe quoi ? L’opinion est-elle condamnable ? Qu’est-ce que la mĂ©taphysique ? Faut-il toujours se contredire ? Commentaires disponibles Le vivant Liste des sujets traitĂ©s La nature a-t-elle des droits ? La nature fait-elle bien les choses ? Peut-on Ă©viter l’anthropomorphisme ? Ce qui est naturel a-t-il nĂ©cessairement de la valeur ? L'interprĂ©tation Liste des sujets traitĂ©s L’interprĂ©tation est-elle nĂ©cessaire Ă  l’homme ? Nietzsche - Il n'y a pas de faits en soi. Ce qui arrive est un groupe de phĂ©nomĂšnes choisis et groupĂ©s par un ĂȘtre qui les interprĂšte ThĂ©orie et expĂ©rience Liste des sujets traitĂ©s Peut-on penser contre l’expĂ©rience ? La science nous apprend-elle ce qu’est le rĂ©el ? Devons-nous distinguer deux mondes le monde commun et le monde de la science ? L’homme a-t-il raison de se mĂ©fier de la science ? La science fait-elle disparaĂźtre les croyances ? La philosophie, est-ce des paroles en l’air ? À quoi sert la philosophie ? La philosophie peut-elle ĂȘtre utile ? Qu’est-ce qui est premier ? Commentaires disponibles Le sujetAutrui Liste des sujets traitĂ©s Peut-on se fier Ă  l’autoritĂ© d’autrui sans tomber dans le prĂ©jugĂ© ? Changer, est-ce devenir quelqu’un d’autre ? Dois-je tenir compte de ce que font les autres pour orienter ma conduite ? Autrui est-il mon prochain ? L’homme est-il naturellement bienveillant Ă  l’égard d’autrui ? Une action dĂ©sintĂ©ressĂ©e est-elle possible ? Qui est autorisĂ© Ă  me dire tu dois ? Le corps soutient-il la relation Ă  autrui ? Sans l'autre, je ne suis rien, je n'existe pas, autrui me constitue comme il peut me dĂ©truire Jean-Paul Sartre, L'Etre et le nĂ©ant, troisiĂšme partie, chapitre premier, section IV le Regard Commentaires disponibles La conscience et l'inconscient Liste des sujets traitĂ©s La conscience fait-elle de l’homme une exception ? Que peut-on reprocher Ă  celui qui est inconscient ? Avons-nous conscience de notre corps ? La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ? La conscience est elle ce qui dĂ©finit l’homme ? L’idĂ©e d’inconscient exclut-elle celle de libertĂ© ? Un sentiment est-il plus difficile Ă  dĂ©crire qu'un objet ? Le corps est-il sujet ou objet de ma conscience ? Dans quelle mesure peut-on parler d’une rĂ©volution freudienne ? La conscience de soi peut-elle rendre l’homme malheureux ? L'hypothĂšse de l'inconscient fait-elle mieux comprendre la conscience ? La conscience peut-elle nous tromper ? Jean-Paul Sartre, L'Etre et le nĂ©ant, troisiĂšme partie, chapitre premier, section IV le Regard Commentaires disponibles La perception Liste des sujets traitĂ©s Les apparences sont-elles trompeuses ? Un sentiment est-il plus difficile Ă  dĂ©crire qu'un objet ? En quoi l’homme fait-il l’espace ? Commentaires disponibles Le dĂ©sir Liste des sujets traitĂ©s Pourquoi dĂ©sirer ce qui n’est pas nĂ©cessaire ? Le dĂ©sir suppose-t-il la connaissance prĂ©alable de son objet ? Est-on fondĂ© Ă  distinguer les bons des mauvais dĂ©sirs ? Faut-il libĂ©rer ses dĂ©sirs ou se libĂ©rer de ses dĂ©sirs ? Le dĂ©sir est-il la marque de la misĂšre de l’homme ? Supprimer le naturel, est-ce le but de l’éducation ? Peut-on concilier raison et dĂ©sir ? Nietzsche, Tout ce qu'on appelle amour Le dĂ©sir humain peut-il ĂȘtre satisfait ? Commentaires disponibles L'existence et le temps Liste des sujets traitĂ©s Exister, est-ce profiter de l’instant prĂ©sent ? Le temps est-il la limite de l’homme ? Dans quelle mesure la conscience intime du temps nous permet-elle d’assigner un sens Ă  notre existence ? L’homme doit-il se rĂ©signer Ă  mourir ? Que nous apprend la mort ? Exister, est-ce agir ? Quel sens la mort donne-t-elle Ă  notre vie ? Tout a-t-il une raison d'ĂȘtre ? Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ? Commentaires disponibles
Le devoir Quel besoin avons-nous de chercher la vĂ©ritĂ© ? (BAC STT 2006) - La vĂ©ritĂ© Citations sur N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui? (BAC L 2006) : Parmi les devoirs particuliers envers autrui, le premier est la vĂ©racitĂ© de la parole et de la conduite. Elle consiste dans la conformitĂ© entre ce qui est et dont on a conscience et ce que l'on dit et montre aux ElĂšve prodige, Nietzsche obtient Ă  25 ans un poste Ă  l’universitĂ© alors qu’il n’a pas de thĂšse. C’est Ă  cette Ă©poque qu’il rencontre Wagner. Il dĂ©missionne 10 ans plus tard pour vivre en nomade en Italie, France et BohĂšme, pĂ©riode de maturation de son oeuvre. La fin de sa vie verra une descente dans la folie, dont il ne reviendra pas. AprĂšs sa mort, sa sƓur Elizabeth tenta d’utiliser sa pensĂ©e pour servir ses convictions nazie. Elle publiera des notes, allant jusqu’à en réécrire des parties. Ce sera l’ouvrage posthume La volontĂ© de puissance. La vie ne tend pas au bonheur pour Nietzsche, qui critique en cela les philosophies eudĂ©monistes classiques. C’est que la vie est pensĂ©e ici comme une Ă©nergie. Il s’agit d’une force vitale qui pousse tout ĂȘtre vivant, de la bactĂ©rie Ă  la civilisation, Ă  Ă©tendre son pouvoir sur ce qui l’entoure, Ă  tenter de se l’approprier, l’assimiler, le digĂ©rer pour le soumettre Ă  sa loi. Il n’y a ici rien de moral ou d’immoral, il s’agit juste d’un Ă©tat de fait la vie est comme ça, elle est volontĂ© de puissance »[1]. La vie est donc par nature Lire la suite → La tolĂ©rance est un concept datĂ©, nĂ© au XVIĂšme siĂšcle avec l’édit de tolĂ©rance » de Catherine de MĂ©dicis, qui reconnaissait le droit de culte aux protestants. La notion est donc trĂšs liĂ©e, dĂšs son essor, au contexte des guerres de religions entre catholiques et protestants qui divisaient alors le royaume. Comme Ă©motion positive, ce qui nous intĂ©resse ici, elle dĂ©signe un Ă©ventail d’attitudes allant de l’effort conscient pour accepter ce qu’on n’approuve pas, jusqu’à l’accueil bienveillant de la diffĂ©rence quelle qu’elle soit, traduisant ainsi une ouverture d’esprit, un respect d’autrui voire une curiositĂ© pour sa particularitĂ©. Voltaire[1] en faisait une condition incontournable du dĂ©veloppement moral des individus, et par suite, du progrĂšs social. En effet, la tolĂ©rance est une des conditions d’un vivre-ensemble harmonieux. C’est aussi une condition de la dĂ©mocratie, puisqu’elle suppose la reconnaissance d’une Ă©quivalence en droit et en dignitĂ© de toutes les opinions. Mais toutes les opinions doivent-elles vraiment ĂȘtre tolĂ©rĂ©es ? Ainsi, la tolĂ©rance n’est pas sans ambiguĂŻtĂ©s. Notons d’abord que la tolĂ©rance n’est pas l’indiffĂ©rence. Se moquer de tout ou considĂ©rer que tout est Ă©quivalent n’est pas ĂȘtre tolĂ©rant. Lire la suite → Je vous propose cette semaine une rĂ©flexion dans le prolongement de celle ouverte il y a quelques semaines par la machine de Nozick. On y avait vu que si, comme on a tendance Ă  le croire, l’ĂȘtre humain recherchait par dessus tout Ă  ĂȘtre heureux, alors toute personne devrait souhaiter se brancher Ă  la machine. Or, l’expĂ©rience de pensĂ©e soumise Ă  un grand nombre d’individus montre qu’au contraire, trĂšs peu de gens le ferait, indiquant par lĂ  que le bonheur n’est pas nĂ©cessairement pour eux la valeur suprĂȘme. Ce qui nous mĂšne Ă  la question philosophique de cette semaine faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ© ? Implicitement, la question ne semble se poser que dans des situations oĂč elles s’excluent l’une l’autre. Ce serait bonheur ou vĂ©ritĂ©, comme si on ne pouvait avoir les deux en mĂȘme temps, comme si le bonheur ne pouvait que s’accompagner du mensonge et que la vĂ©ritĂ© ne pouvait que faire notre malheur. Dans une telle situation, on peut vouloir d’abord entendre le faut-il ?» comme un doit-on ?». Nous sommes alors renvoyĂ©s Ă  la question des devoirs, comme si chacun d’entre nous, en toutes circonstances, avait le devoir de prĂ©fĂ©rer l’un Ă  l’autre. Doit-on donc prĂ©fĂ©rer la vĂ©ritĂ© au bonheur, comme s’il y avait lĂ  un devoir envers soi-mĂȘme, une dignitĂ© particuliĂšre ? Doit-on au contraire prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ©, poussĂ©s par ce qui serait un respect envers notre nature, dĂ©finie alors principalement sous son aspect jouissif ? La question des devoirs envers soi-mĂȘme et des contenus de ces devoirs Ă©tant dĂ©jĂ  philosophiquement problĂ©matique, c’est Ă  grand peine qu’on fonderait ici un devoir prioritaire envers soi-mĂȘme pour l’un ou pour l’autre, pour le bonheur ou pour la vĂ©ritĂ©. Se poser la question serait alors plutĂŽt Ă  entendre sur le mode du conseil, comme un vaut-il mieux choisir le bonheur contre la vĂ©ritĂ© ou la vĂ©ritĂ© contre le bonheur » ? Vous l’aurez compris, ce vaut-il mieux » ne peut faire l’économie du par rapport Ă  quoi ? ». Par rapport Ă  mes intĂ©rĂȘts ? Sans doute est-ce la vĂ©ritĂ© qu’il faut alors privilĂ©gier. Par rapport Ă  mon bien-ĂȘtre global ? Bien malin celui qui sait dĂšs maintenant quelle alternative lui sera la plus heureuse au final. Une vĂ©ritĂ© douloureuse mais libĂ©ratrice vaut peut-ĂȘtre mieux qu’une illusion confortable bercĂ©e trop longtemps. Eviter un malheur prĂ©sent n’est peut-ĂȘtre pas un bon calcul Ă  long terme. Difficile, donc, de se prononcer sur la meilleure des deux options d’un point de vue pragmatique, y compris par rapport au bonheur lui-mĂȘme. Si bonheur et vĂ©ritĂ© semblent d’abord s’exclurent, ils peuvent aussi se rejoindre par-delĂ  le malheur prĂ©sent. On aboutirait alors Ă  un bonheur par la vĂ©ritĂ©, comme s’il s’agissait d’un chemin dĂ©tournĂ© mais plus solide Ă  long terme. Vous l’aurez compris, il n’y a pas de bonne rĂ©ponse » Ă  cette question, mais plutĂŽt des choix et des implications. En choisissant la vĂ©ritĂ© au bonheur, je fais un choix sur la personne que je dĂ©sire ĂȘtre. Ne pas mettre la tĂȘte dans le sable et choisir de faire face Ă  une vĂ©ritĂ© dĂ©sagrĂ©able est aussi une façon de s’assumer, d’assumer la vie avec ses dimensions dĂ©plaisantes et de se montrer responsable face au monde. On peut choisir la vĂ©ritĂ©, avec les souffrances qu’elle suppose, et en tirer, si ce n’est un bonheur en soi, au moins une certaine idĂ©e de soi-mĂȘme. Se choisir responsable et malheureux plutĂŽt qu’heureux dans l’illusion est aussi un choix rationnel qui engage l’ĂȘtre. Tout comme le choix inverse. En choisissant le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ©, j’indique que la dimension la plus importante de mon ĂȘtre est de jouir de la vie, quitte Ă  en rester au niveau superficiel des choses et des relations, quitte Ă  ĂȘtre un imbĂ©cile heureux ». Quitte aussi Ă  mentir et faire souffrir ? Nous n’avons envisagĂ© jusqu’ici que la vĂ©ritĂ© qui nous concernait, mais elle peut aussi mettre autrui en jeu. PrĂ©fĂ©rer mon bonheur Ă  la vĂ©ritĂ© pour autrui est ainsi courir le risque d’ĂȘtre injuste. Laisserais-je un innocent ĂȘtre accusĂ© parce que c’est mieux pour moi de mentir ou de me taire ? Remarquez comment les pires dĂ©rives Ă©goĂŻstes peuvent dĂ©couler de cette position. Et quand bonheur et vĂ©ritĂ© concernent autrui ? L’exemple le plus classique dire Ă  une proche que sa ou son conjointe lela trompe. Quel est mon devoir prioritaire envers cette amie ? Lui dois-je d’abord le bonheur ou d’abord la vĂ©ritĂ© ? Je peux faire un choix qui engage la signification de l’ĂȘtre pour moi-mĂȘme, mais c’est impossible de faire le choix de l’ĂȘtre pour autrui. C’est donc du cĂŽtĂ© de la relation elle-mĂȘme qu’il faut alors chercher. On trouve chez Hegel l’idĂ©e que nous n’avons pas le devoir de tout dire Ă  tout le monde, mais que les devoirs que nous avons les uns envers les autres dĂ©pendent de la nature et de la proximitĂ© de notre relation. Sans doute faut-il chercher lĂ  ce que je dois Ă  autrui, et ĂȘtre conscient que ce que je dĂ©ciderai alors de faire engagera la nature de notre relation. Et encore une fois un titre accrocheur, qui ne remplit pas ses promesses. Le bonheur par la raison » Ă©tait-il donnĂ© en sous-titre, mais c’est trĂšs indirectement que l’on trouvera un quelconque rapport avec le bonheur en ces pages. C’est mĂȘme Ă  peine si on nous parle de Leibniz. Un titre plus honnĂȘte aurait Ă©tĂ© pourquoi le systĂšme de Spinoza, d’aprĂšs M. Ferry, ne tient pas ». Cela dit, mis Ă  part la dĂ©ception que ressentira tout auditeur de ce CD qui espĂ©rait en apprendre sur le bonheur chez Leibniz et chez Spinoza, il restera pour les amateurs de philosophie, 1h15 de cours consacrĂ© Ă  une certaine lecture de Spinoza plutĂŽt agrĂ©able Ă  Ă©couter. VoilĂ  a contrario, 3 CD qui tiennent leurs promesses, car c’est bien de bonheur et uniquement de bonheur que nous dissertons ici. Le premier CD est tenu par AndrĂ© Comte-Sponville, vous y retrouverez pour l’essentiel l’exposĂ© qui avait fait l’objet d’un petit ouvrage Le bonheur dĂ©sespĂ©rĂ©ment. Le deuxiĂšme CD contient l’exposĂ© de François Jullien, spĂ©cialiste de la pensĂ©e chinoise. Le troisiĂšme est consacrĂ© aux questions que s’adressent les deux invitĂ©s. L’exposĂ© d’AndrĂ© Comte-Sponville est trĂšs clair et pĂ©dagogique. Il soutient, en visitant entre autres Platon et Spinoza, que le bonheur risque fort de nous Ă©chapper tant que nous en faisons un but, et que notre chance de le retrouver est d’en faire non pas un but mais une expĂ©rience. L’exposĂ© de François Jullien sera plus difficile d’accĂšs si vous n’avez pas de bagage philosophique, mais il est particuliĂšrement intĂ©ressant et vaut la peine que vous vous accrochiez un peu si besoin est. On y apprend notamment que la Chine n’a pas pensĂ© le bonheur comme la pensĂ©e indo-europĂ©enne a pu le faire. La Chine n’a en effet pas construit d’opposition entre bonheur et malheur, elle n’a pas non plus Ă©laborĂ© de concepts d’ñme, de corps ou de finalitĂ©, pas d’ontologie en Chine, pas de pensĂ©e de l’ĂȘtre, de pensĂ©e du manque ni de pensĂ©e de l’éternitĂ©. Toutes les questions fondamentales de la GrĂšce n’ont pas Ă©tĂ© pensĂ©es en Chine. C’est donc une vision tout Ă  fait diffĂ©rente que François Jullien dĂ©roule sous nos yeux. On regrette de ne pas en apprendre plus et vous aurez sĂ»rement, comme moi, l’envie de creuser la question. Le dernier CD est Ă  rĂ©server aux initiĂ©s, sautez-le sans regrets si vous vous sentez larguĂ©, le plus intĂ©ressant de l’enregistrement n’est pas lĂ . Blaise Pascal 1623-1662 est Ă  la fois mathĂ©maticien et moraliste. Comme mathĂ©maticien, il invente Ă  19 ans la pascaline » premiĂšre machine Ă  calculer, prouve la pression de l’air, invente le concept d’espĂ©rance en probabilitĂ©s
 DĂ©jĂ  rapprochĂ© de la religion chrĂ©tienne Ă  la mort de son pĂšre, il connaĂźt une nuit d’extase mystique le 23 novembre 1654. DĂšs lors, Pascal se consacre Ă  une apologie de la religion chrĂ©tienne. Il est plus difficile de tirer une conception unifiĂ©e du bonheur chez Pascal, compte tenu du caractĂšre fragmentaire et incomplet des PensĂ©es. Ce qu’on peut remarquer cependant, au fil des extraits, est le caractĂšre tragique que prend le bonheur chez Pascal. En effet, tout en disant que le bonheur est recherchĂ© par tout le monde, qu’il est le motif de toutes les actions de l’homme, jusqu’à ceux qui vont se pendre »[1], il affirme en mĂȘme temps, de façon certes Lire la suite → DĂšs sa publication, l’expĂ©rience de pensĂ©e de Nozick a suscitĂ© de nombreux commentaires dans le monde acadĂ©mique. L’immense majoritĂ© des gens ne se brancheraient pas. D’abord, et c’est l’angle sous lequel la majoritĂ© des objections ont Ă©tĂ© apportĂ©es il semble que nous ayons une prĂ©fĂ©rence naturelle » pour la vĂ©ritĂ©. La majoritĂ© des personnes interrogĂ©es faites l’expĂ©rience semble avoir une rĂ©pugnance premiĂšre pour un bonheur qui ne serait qu’illusion, mĂȘme si nous n’avons pas conscience de l’illusion. Quelles explications pouvons-nous donner Ă  cela ? Si je prĂ©fĂšre le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ©, alors ce bonheur devient autocentrĂ© et stĂ©rile. Je suis heureux dans mon rĂ©servoir, certes, mais ce bonheur ne concerne que moi, ma vie ne laissera aucune trace dans le monde, je ne contribuerai au bonheur de personne ni au malheur de personne d’ailleurs, je ne participerai Ă  aucune crĂ©ation, aucun dĂ©bat, aucune avancĂ©e. Tout se fera sans moi. Si par contre je choisis de ne pas me brancher, alors certes ma vie ne sera pas aussi parfaite, mais elle aura un impact sur le monde. Je serai lĂ  pour mes proches, je peux changer les choses, bref, je serai en lien avec le monde et y serai un ĂȘtre humain responsable. C’est donc aussi entre une vie imparfaite et engagĂ©e ou une vie heureuse mais dĂ©sengagĂ©e qu’on me propose de choisir. J’ajoute ici mon grain de sel au dĂ©bat remarquez que l’expĂ©rience de pensĂ©e suppose qu’on vous offre la possibilitĂ© de vous brancher quand vous voulez. Ce qui signifie que le sujet est comme vous et moi, il n’a pas la connaissance de ce que sera effectivement sa vraie » vie future. Le choix est donc entre une vie heureuse Ă  coup sĂ»r et une vie qui reste encore Ă  vivre et Ă  Ă©crire. Le choix n’est donc pas qu’entre bonheur et vĂ©ritĂ©, il est aussi entre bonheur maximal assurĂ© et bonheur incertain mais qu’on espĂšre pas trop mal quand mĂȘme et qui surtout sera mon Ɠuvre. Ma seule façon de me connaĂźtre, de savoir qui je suis et de quoi je suis capable, c’est de me coltiner au monde. Je risque de me faire broyer, certes, je risque le malheur, mais c’est la seule façon de rĂ©pondre Ă  la question qui suis-je ? ». Si je me branche, je ne le saurai jamais. Le choix est donc aussi entre bonheur absolu mais passif ou bonheur espĂ©rĂ© et actif. Par consĂ©quent, se brancher ou non signifie aussi choisir entre illusion et connaissance de soi. Au final, si le but de la vie Ă©tait vraiment d’ĂȘtre heureux, si le bonheur, tel que nous le disaient les grecs, reprĂ©sentait effectivement le Souverain Bien, alors nous devrions tous choisir sans hĂ©siter de nous brancher. Si la majoritĂ© des gens choisiraient de ne pas le faire, c’est peut-ĂȘtre lĂ  l’indice que le bonheur n’est finalement pas leur absolue prioritĂ© dans la vie. Certes nous le recherchons, mais peut-ĂȘtre pas Ă  n’importe quel prix. DĂšs lors, chacun peut ĂȘtre renvoyĂ© Ă  l’examen de sa propre Ă©chelle de valeur et de son propre systĂšme de prioritĂ©s quel prix serais-je prĂȘte Ă  payer pour mon bonheur ? Vaut-il que je lui sacrifie ma libertĂ©, ma responsabilitĂ© ou autres choses ? Quand devient-il trop cher payĂ© ? Je vous laisse sur cette rĂ©flexion. J’aimerais pour cette semaine soumettre Ă  votre rĂ©flexion une expĂ©rience de pensĂ©e trĂšs cĂ©lĂšbre parmi les philosophes, issue d’un ouvrage du philosophe amĂ©ricain contemporain Robert Nozick Anarchy, State, and Utopia[1]. Supposez qu’il existe une machine Ă  expĂ©rience qui soit en mesure de vous faire vivre n’importe quelle expĂ©rience que vous souhaitez. Des neuropsychologues excellant dans la duperie pourraient stimuler votre cerveau de telle sorte que vous croiriez et sentiriez que vous ĂȘtes en train d’écrire un grand roman, de vous lier d’amitiĂ©, ou de lire un livre intĂ©ressant. Tout ce temps-lĂ , vous seriez en train de flotter dans un rĂ©servoir, des Ă©lectrodes fixĂ©es Ă  votre crĂąne. Faudrait-il que vous branchiez cette machine Ă  vie, Ă©tablissant d’avance un programme des expĂ©riences de votre existence ? » On vous propose donc de vous brancher Ă  une machine, capable de vous faire vivre votre vie idĂ©ale. Tout ce que vous pourriez vouloir vous sera procurĂ©, le bonheur est Ă  portĂ©e de main. L’inconvĂ©nient est que tout cela sera faux, mais vous n’en saurez rien et pouvez choisir de ne jamais rien en savoir. Vous brancheriez-vous ? L’expĂ©rience de pensĂ©e de Nozick, 25 ans avant Matrix[2], vise bien sĂ»r Ă  nous mettre face Ă  un dilemme. Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ©, ou la vĂ©ritĂ© au bonheur ? Remarquez qu’il ne s’agit pas d’opposer vĂ©ritĂ© et plaisirs, mais bien vĂ©ritĂ© et bonheur. En effet, la machine de Nozick n’est pas qu’une machine Ă  plaisirs. Si ma conception du bonheur est une succession sans fin de plaisirs assouvis, alors je programmerai la machine en ce sens et elle me donnera ce que je souhaite. Si ma conception est diffĂ©rente, si je dose subtilement revers et succĂšs pour me faire mieux apprĂ©cier les seconds, que je me fournis un appĂ©tit d’ogre pour la vie, que je programme la rĂ©alisation d’une grande Ɠuvre ou quoi que ce soit d’autre qui correspond trĂšs exactement Ă  mon idĂ©e de bonheur, alors la machine le donnera Ă©galement. Et mĂȘme, on peut admettre pour pousser l’expĂ©rience de pensĂ©e, que je n’ai pas besoin de programmer la machine Ă  l’avance et qu’elle est capable de s’adapter en cours de route, voire de prĂ©venir mes dĂ©sirs pour me fournir ma vie idĂ©ale. C’est donc bien entre une certitude de bonheur maximal et une vie imparfaite, franchement malheureuse peut-ĂȘtre, mais vraie » que je peux choisir. Je vous laisse rĂ©flĂ©chir Ă  la question et aux enjeux que vous y voyez, car le choix ne se rĂ©sume Ă©videmment pas Ă  une alternative entre bonheur et vĂ©ritĂ©. Je vous retrouve la semaine prochaine pour vous proposer un topo des dĂ©bats que cette expĂ©rience a provoquĂ© chez les philosophes de mĂ©tier. [1] Nozick, R., Anarchy, state, and Utopia, New-York Basic Book, 1974, et en français Anarchie, Etat et Utopie, trad. E. d’Auzac de Larmartine & Dauzat, Paris, PUF, 1988, pp. 65-67 – Une expĂ©rience de pensĂ©e similaire se trouve chez Hilary Putman dans Raison, VĂ©ritĂ© et Histoire 1981 [2] Matrix La Matrice au Qc et N-B est un film de Lana Wachowski 1999, dans lequel tous les humains ou presque vivent dans la Matrice, sorte de super machine de Nozick ». Un personnage NĂ©o se voit offrir un choix entre deux pilules avec la bleue, il retourne dans la Matrice faire de beaux rĂȘves, avec la rouge il en sort et vit sa vraie » vie. Ce petit opus est la transcription d’une confĂ©rence donnĂ©e en 1999 souvent reprise et suivie par une pĂ©riode de questions du public, elles aussi retranscrites. Dans un premier temps, Comte-Sponville s’interroge sur les raisons pour lesquelles nous sommes si peu ou si difficilement heureux. C’est qu’il semble y avoir, dans le bonheur lui-mĂȘme, une contradiction logique. Tout homme dĂ©sire ĂȘtre heureux. Or, la nature du dĂ©sir semble nous condamner au tragique le dĂ©sir est manque si bien que tout dĂ©sir comblĂ© disparaĂźt bientĂŽt comme dĂ©sir ; ce qu’on vient d’obtenir ne nous intĂ©resse dĂ©jĂ  plus, l’ennui point. Ce que je dĂ©sirais, et qui devait faire mon bonheur, déçoit ; le bonheur lui-mĂȘme que je dĂ©sire, lorsque je l’atteins, m’ennuie. Le bonheur, coincĂ© entre les oscillations du dĂ©sir et de l’ennui, n’est donc que fugacement entraperçu et au final, perpĂ©tuellement manquĂ©. Ne peut-on dĂ©sirer ce qu’on a, et donc ĂȘtre heureux ? Oui, rĂ©pond Compte-Sponville, mais alors il faut ramener le bonheur du cĂŽtĂ© de la joie et du plaisir. L’erreur, quand on dĂ©finit le dĂ©sir comme manque, c’est de l’assimiler Ă  l’espĂ©rance. EspĂ©rer, selon Compte-Sponville, revient Ă  dĂ©sirer sans savoir on ignore l’issue de notre espĂ©rance, sans pouvoir on n’espĂšre que ce qui ne dĂ©pend pas de nous et sans jouir la jouissance est sans cesse ajournĂ©e. Or, tout le dĂ©sir n’est pas espĂ©rance. Il suffit donc d’écarter, dans notre dĂ©sir de bonheur ou dans notre dĂ©sir vers le bonheur, tout ce qui relĂšve de l’espĂ©rance. Ceci distinguĂ©, il est Ă©vident – et mĂȘme souhaitable – qu’on peut dĂ©sirer ce qu’on sait, ce qu’on peut, ce qu’on a, bref, ce qui dĂ©pend de nous, et que nous pouvons nous en rĂ©jouir. C’est donc par lĂ  qu’il y a un bonheur possible en actes. Le bonheur dĂ©sespĂ©rĂ©, c’est donc un bonheur qui enracine son dĂ©sir dans le prĂ©sent en s’étant dĂ©barrassĂ© du tragique de l’espĂ©rance. Atteindre la souveraine fĂ©licitĂ© »[1], chez Descartes, demande de chercher en nous-mĂȘmes. Les Ăąmes vulgaires » se fourvoient en attendant le bonheur de biens extĂ©rieurs. Certes, les honneurs, les richesses ou la santĂ© sont des biens, et les possĂ©der favorise le bonheur. L’homme gĂątĂ© par le sort peut bien ĂȘtre heureux. Mais parce que ces biens ne dĂ©pendent pas de nous, ce n’est qu’un bonheur en sursis. Ayant peut-ĂȘtre moins qu’un autre Ă©tĂ© Lire la suite → Avonsnous le devoir de chercher la verite. Vous aimez cette page ? Partagez-la ! Tweeter; Mon message. En respectant les rĂšgles, je participe librement et gratuitement Ă  cette discussion : Mon email (obligatoire) : Discussions similaires. Le sujet du bac philo 2014 - 1 message. JE VOUDRAIS CONNAITRE LE THÈME SUR LEQUEL PORTERA LE SUJET DU BAC PHILO
ï»żEpreuve corrigĂ©e du BAC S 2012 de philosophie dissertation Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? Au prĂ©alable, il convient d’interroger les notions, les termes de ce sujet. Par devoir, il faut entendre obligation morale », Ă  l’échelle d’un individu comme obligation qu’on se donne Ă  soi-mĂȘme comme aiguillon dans l’existence ou Ă  celle du genre humain. Cette obligation donne sens Ă  notre vie direction et signification. On peut aussi concevoir le devoir en question comme une nĂ©cessitĂ© en vue d’obtenir autre chose que la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. L’obtention de celle-ci serait la condition sine qua non du bonheur, de la sagesse. Une voie obligĂ©e, escarpĂ©e mais bĂ©nĂ©fique vers quelque chose de supĂ©rieur. La vĂ©ritĂ© est une valeur suprĂȘme. Platon place le Vrai sur le mĂȘme plan que le Beau ou le Bien. Ses Ă©quivalents et contraires seront intĂ©ressants Ă  interroger la vĂ©ritĂ© est-elle synonyme de rĂ©alitĂ© ? L’erreur, l’illusion semblent ses contraires. Les domaines Ă  Ă©tudier ne seront pas uniquement Ă©thiques ou mĂ©taphysiques mais bien sĂ»r aussi scientifiques et pourquoi pas politiques. La troisiĂšme notion clĂ© dans cet intitulĂ© rĂ©side dans le verbe chercher. Il faut lui opposer trouver ». Le sujet nous interroge sur la quĂȘte de la vĂ©ritĂ©, comme dynamique. L’enjeu principal n’est donc pas l’obtention de la vĂ©ritĂ© mais le cheminement qui mĂšne Ă  elle avec tout ce que cela peut supposer le chemin peut ĂȘtre douloureux, mais Ă©galement vain. Trouve-t-on un jour la vĂ©ritĂ© ? Qui peut prĂ©tendre la dĂ©couvrir ? La vĂ©ritĂ© est-elle pĂ©renne Ă  l’échelle de l’humanitĂ© ? Que se passe-t-il si nous ne nous soumettons pas Ă  ce devoir ? Sommes- nous encore Ă  la hauteur des attentes de notre condition ? Sommes-nous dignes d’ĂȘtre humains ? Renoncer Ă  cet effort, fĂ»t-il vain, n’est-ce pas se complaire dans l’illusion ? Bien sĂ»r, nous risquons l’erreur Ă  chercher ainsi mais l’erreur serait moins prĂ©judiciable Ă  notre condition que l’illusion, facile, dont nous serions complices. L’erreur n’est donc pas Ă  craindre. Elle constitue souvent une Ă©tape sur le chemin de la vĂ©ritĂ©. Cette quĂȘte de la vĂ©ritĂ© est un exercice difficile, douloureux et qui peut ne pas ĂȘtre couronnĂ© de succĂšs. On peut chercher assidument la vĂ©ritĂ© et ne jamais la trouver. Mais c’est sans doute plus honorable de continuer de la chercher que d’abandonner ce projet et de se contenter d’un ersatz de vĂ©ritĂ©, ce qui d’ailleurs n’aurait pas de sens. Certes et c’est tout le paradoxe, nous serions plus heureux dans l’illusion. C’est un Ă©tat fini, qui singe le bonheur, la plĂ©nitude. Les hommes de la caverne platonicienne croient ce qu’ils voient sur le mur. Ils prennent ces ombres pour la rĂ©alitĂ©, pour le vrai. Or il faut un sage pour guider tout un groupe vers la VĂ©ritĂ©, hors de la caverne, aux rayons du soleil. Une fois la VĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e, les illusions semblent bien fades. Reste un cas de figure une vĂ©ritĂ© qu’il ne serait pas bon ou pas agrĂ©able de dĂ©couvrir. Faut-il s’obstiner Ă  la chercher ? Sans doute pas, pas Ă  tout prix mais cette quĂȘte est souvent un exercice intellectuel insĂ©parable des dĂ©couvertes elles-mĂȘmes. L’esprit humain est ainsi fait qu’il est passionnĂ© par la recherche et ne saurait que difficilement s’imposer, en la matiĂšre, de limites. Vous cherchez un cour de philosophie ? Proposition de plan I- La quĂȘte de la vĂ©ritĂ© est un exercice difficile 1- Un exercice qui exige des qualitĂ©s nombreuses patience, discipline, honnĂȘteté  Ref. possible Descartes, Discours de la mĂ©thode, la dĂ©marche scientifique dans son ensemble ; la dĂ©marche maĂŻeutique de Socrate dans les discours platoniciens 2- Le spectre de l’erreur fausse menace, finalement, mais Ă©tape nĂ©cessaire vers l’obtention de qqc Ref. possible Popper, Conjectures et rĂ©futations, le concept de falsifiabilitĂ© de la science 3- Une vĂ©ritĂ© inaccessible ? Une vĂ©ritĂ© une a-t-elle un sens ? Ref. possible thĂ©orie de la relativitĂ© puis de la relativitĂ© restreinte, aujourd’hui mise Ă  mal par des recherches nouvelles. II- Une obligation morale inhĂ©rente Ă  la condition humaine 1- Les hommes sont les seuls ĂȘtres vivants Ă  pouvoir prĂ©tendre Ă  cette dynamique 2- L’homme ne peut se contenter de l’illusion bien que cette derniĂšre soit apparemment confortable Ref. possible Platon, La RĂ©publique, le mythe de la Caverne 3- La quĂȘte de la vĂ©ritĂ© est la route vers la sagesse, vers la connaissance voire vers le bonheur. 4- Une quĂȘte en toutes circonstances ? Limites morales de la recherche de la vĂ©ritĂ©/ goĂ»t pour l’exercice intellectuel qu’elle constitue.
Pourle mouvement: 1- On peut commencer par donner les arguments de l'opinion qui affirme qu'il n'y a aucun besoin de chercher la vérité parce que, la vérité, on la voit, elle crÚve les yeux selon l'équation: "je l'ai vu une fois, je le connais." a) AprÚs tout le mensonge est partout, "vécu" dans la nature, par exemple par le caméléon
PrĂ©tendre avoir fait le tour de la philosophie, c'est quand mĂȘme faire un appel Ă  l'ignorance. Je pense que la philosophie, comme c'est un domaine rationnel et qui est vouĂ© Ă  gĂ©rer des abstractions, est coincĂ©e dans les mĂȘme problĂšmes mathĂ©matiques ; en mathĂ©matiques, on a conscience de tous les problĂšmes Ă  rĂ©soudre sans les avoir toujours rĂ©solu - on sait qu'on n'en fera jamais le tour, et ce qui permet de savoir cela, c'est simplement la ligne directrice qui donne une sorte de cohĂ©rence universelle Ă  chaque postulat, chaque Ă©quation tout peut ĂȘtre rattachĂ© Ă  tout alors mĂȘme que dans le fond ça n'a peut-ĂȘtre rien Ă  voir. La philosophie est un domaine beaucoup trop brumeux car elle a la seule base du langage et de la logique comme ligne directrice, chaque concept est incernable, puisqu'il a une frontiĂšre qui ne rend jamais quantifiable l'intĂ©gralitĂ© de la pensĂ©e. Chaque pas en avant n'a aucune identitĂ© sur un territoire dont tu n'as qu'une idĂ©e trĂšs vague de ses y a mille façons d'interprĂ©ter un concept et d'en tirer toute une cohĂ©rence - c'est peut-ĂȘtre une prise de position un peu trop facile puisqu'on ne peut pas la contre-argumenter sa vĂ©racitĂ© Ă©tant basĂ©e sur une absence, mais je pense qu'elle a le mĂ©rite d'ĂȘtre Ă  demi vĂ©rifiable... Aristote n'aurait pas pu prĂ©voir Hegel...En revanche, la philosophie apprise au lycĂ©e est une arnaque. Elle est sans cesse dĂ©formĂ©e par le mythe populaire, et la tentative de l'Éducation Nationale de redresser le tableau souffre d'une incompĂ©tence dans le traitement du sujet... tout est trop formel pour la philosophie. Chaque concept, chaque pensĂ©e est apprise comme une entitĂ© mĂ©morielle, la part critique de chaque oeuvre ou thĂ©orie est fondĂ©e sur un exploration et une remise en question systĂ©matiquement faite par le "corps enseignant" cĂ d dans la dichotomie Ă©lĂšve/prof, toute rĂ©flexion vient du parti du professeur, puisqu'on considĂšre que la rĂ©flexion de l'Ă©lĂšve ne puisse valoir celle des "grands philosophes"... en tout cas c'est le portrait que j'en tire Ă  cause de ma professeure de philosophie et elle n'est pourtant pas mauvaise... je suppose qu'il n'y a qu'une minoritĂ© de professeurs qui puisse proprement restituer la vraie part philosophique du cours sans se faire Ă©gratigner par le scolaire...Donc voir la philosophie en tant qu'elle est "une discipline scolaire", si c'est comme ça que le mythe la dĂ©peint, le mythe est doublement on veut partir du point de l'importance de la philosophie actuellement... je n'en sais vraiment rien. Peut-ĂȘtre que la structure populaire de l'Ă©poque l'Ă©loigne des intellectuels pour la rapprocher d'une certaine idĂ©e mass-mĂ©diatique ? C'est ce qu'on peut observer, mais je n'ai aucune idĂ©e de l'indĂ©pendance de la population d'il y a un siĂšcle, aprĂšs tout... et ça serait difficile Ă  prouver mĂȘme par une Ă©tude...De toute Ă©vidence, je trouve la philosophie un peu absente actuellement, on ne vit pas vraiment dans un monde oĂč ce genre de chose puisse ĂȘtre une prioritĂ©, dans un siĂšcle, qui sait ? Je ne sais pas comment tout ça va s'arranger, en tout cas la structure actuelle n'y est pas propice. Elle est dans une sorte de contingence entre l'absence et la prĂ©sence... peut-ĂȘtre endormie ?Il faudrait Ă©viter de penser que tout ce que l'on a dĂ©jĂ  dit peut ĂȘtre rapportĂ© Ă  une Ă©ventuelle thĂ©orie dĂ©jĂ  dite, dĂ©jĂ  Thomas More ya des siĂšcles disait dĂ©jĂ  “An absolutely new idea is one of the rarest things known to man.” Une idĂ©e absolument nouvelle est l'une des plus rares choses qui soient connues de l'homme. Il serait peut-ĂȘtre plus judicieux de ne simplement pas chercher la nouveautĂ©, et garder ses prĂ©tentions personnelles hors d'un but purement philosophique, je pense que travailler Ă  faire naĂźtre une nouvelle thĂ©orie ne peut mener de toute façon qu'Ă  rater sa cible... et ça rend la tentative piteuse...Philosopher uniquement pour remplir un besoin personnel de rationalitĂ©, avoir des intentions uniquement innocentes dans ce genre, c'est le moyen le plus efficace d'aider la philosophie les nouvelles idĂ©es viendront peut-ĂȘtre ou pas en laissant la philosophie remplir un besoin et mener cette plĂ©nitude Ă  fond, cela peut Ă©ventuellement produire des "nouvelles idĂ©es" - de toute Ă©vidence, ça ne nous inscrit pas dans une passivitĂ©... puisque philosopher correctement s'entend ! c'est prĂ©server l'activitĂ© de l'esprit. Ça mĂšnera peut-ĂȘtre Ă  une nouvelle interprĂ©tation des choses, la philosophie ne peut pas ĂȘtre que ce qu'on en a dit jusqu'Ă  maintenant et cela se dĂ©couvre forcĂ©ment par un travail aussi personnel que critique...Il y a un certain seuil de rĂ©flexion Ă  atteindre, simplement pour se rendre compte, et ça se joue autant par un travail de l'esprit critique que de prĂ©server sa propre profondeur d'esprit, me semble. En tout cas, si on prĂ©serve la philosophie Ă  un stade tout Ă  fait personnel donc Ă©goĂŻste ! c'est une façon de penser libĂ©rale certes mais je la trouve valide, rien ne devrait poser certaine familiaritĂ© avec la philosophie par exemple, pas simplement l'approche acadĂ©mique que l'on peut en avoir en voyant les choses sous une nouvelle grille, on est susceptible d'ĂȘtre menĂ© Ă  diffĂ©rentes conclusions - d'oĂč l'intĂ©rĂȘt de voir la philosophie comme une chose personnelle, qu'on prend pour soi d'abord, et puis qu'on partage ensuite ; Ă©videmment...PS Whoah dĂ©solĂ© pour le post long, on se croirait sur PhiloForum... l'Ă©change de pavĂ©s c'est la raison pour laquelle j'ai jamais postĂ© lĂ -bas, j'espĂšre que vous serez capable de dire en 10 mots ce que l'on dit en 100, moi je n'y suis pas encore capable, mais ça viendra.
JĂ©susChrist a dit en Jean 8 v 32, vous connaĂźtrez la vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© vous affranchira. Aujourd’hui, nous savons que nous pouvons crĂ©er un havre de paix oĂč nous pouvons vivre dans le confort. Cessons de faire des dĂ©bats inutiles avec des menteurs, des esprits faibles qui sont dressĂ©s pour combattre la vĂ©ritĂ©.
Le prĂ©sident Edouard Fritch a rĂ©uni la presse ce matin pour exposer en quelques mots ce qui guide la dĂ©lĂ©gation Reko Tika attendue dans les jours prochains Ă  Paris pour parler des consĂ©quences sanitaires, sociales, Ă©conomiques et environnementales des expĂ©rimentations nuclĂ©aires française Ă  Moruroa. Nous voici Ă  la veille du dĂ©part de la dĂ©lĂ©gation polynĂ©sienne Reko Tika pour se prĂ©senter Ă  la table ronde de haut niveau proposĂ©e par Emmanuel Macron qui se tiendra la semaine prochaine Ă  Paris, les 1er et 2 juillet. Cette invitation du PrĂ©sident de la RĂ©publique vient en rĂ©ponse Ă  la demande que je lui formulais par courrier en date du 11 mars 2021 en ces termes J’ai souhaitĂ© attirer votre attention sur le dĂ©sarroi profond que suscite la publication de ces Ă©tudes et sur l’attente lĂ©gitime qui en dĂ©coule de voir l’Etat apporter des clarifications sur cette situation. 
 j’estime que l’Etat a un devoir de vĂ©ritĂ© et de justice vis-Ă -vis des PolynĂ©siens. » La dĂ©lĂ©gation proprement dite que je conduis, se compose finalement de dix-neuf personnalitĂ©s reprĂ©sentant les institutions politiques et civiles auxquelles s’ajoutent notre coordonnateur JoĂ«l Allain et la dĂ©lĂ©guĂ©e polynĂ©sienne au suivi des consĂ©quences des essais nuclĂ©aires, Yolande Vernaudon. La dĂ©lĂ©gation polynĂ©sienne Reko Tika a Ă©tĂ© officiellement mise en place par le conseil des ministres le 12 mai dernier. Nous avons tenu cinq rĂ©unions plĂ©niĂšres, les 18 et 28 mai, les 3, 10 et 22 juin et une session d’ateliers le 8 juin, pour environ cinquante heures de travail et d’échanges. C’est un acte volontaire. Aucune rĂ©munĂ©ration n’a Ă©tĂ© prĂ©vue y compris pour le coordonnateur. Il est Ă  signaler que l’association Moruroa e Tatou Ă©tait prĂ©sente Ă  la premiĂšre rĂ©union. L’association 193 Ă©tait prĂ©sente aux quatre premiĂšres rĂ©unions. La parole Ă©tait libre. L’association 193 a pu faire part, par Ă©crit, de ses propositions au coordonnateur, monsieur JoĂ«l Allain. Et je remercie le prĂ©sident de 193 pour cet exercice utile qui nous a permis de prendre en considĂ©ration leurs propositions. Et nous le ferons fidĂšlement Pendant tout le temps de ces travaux, nous avons souhaitĂ©, tous d’un commun accord, garder le silence au sujet de nos dĂ©bats internes, comme il est de rĂšgle universelle lorsque des sujets essentiels sont Ă©tudiĂ©s par des assemblĂ©es responsables. Cela permet Ă  chacun de s’exprimer avec toute la force de ses convictions et Ă  la rĂ©flexion collective de s’enrichir des divergences et de grandir. Nous nous sommes organisĂ©s en quatre ateliers qui ont chacun apportĂ© sa contribution. Au terme de tous nos travaux, nous sommes arrivĂ©s Ă  un consensus global sur les dolĂ©ances Ă  prĂ©senter Ă  la table ronde et aux objectifs recherchĂ©s au travers de ces requĂȘtes. Vous comprendrez que nous en rĂ©servons la primeur Ă  nos hĂŽtes parisiens. Ces questionnements se rĂ©partissent en trois grandes thĂ©matiques, en accord avec l’Etat qui a organisĂ© cette table ronde en trois sĂ©quences successives ; histoire et mĂ©moire sur toute la journĂ©e de jeudi 1er juillet, consĂ©quences sur la santĂ© vendredi 2 juillet au matin et enfin impacts territoriaux le vendredi aprĂšs-midi. Ces trois sĂ©quences couvrent bien l’ensemble des thĂ©matiques souhaitĂ©es, de son cĂŽtĂ©, par la dĂ©lĂ©gation Reko Tika. Nos rapporteurs, Ă  chacune de ces sĂ©quences, ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s de maniĂšre collĂ©giale Tepuaraurii Teriitahi sur le sujet sociĂ©tal, Patricia Grand et Patrick Galenon pour les consĂ©quences sanitaires, Yseult Butcher, Winiki Sage et Teva Rohfritsch pour l’impact sur les territoires. Je regrette bien sĂ»r que les associations Moruroa e Tatou et 193 n’aient finalement pas voulu se joindre Ă  nous. Les revendications qu’elles portent de longue date sont Ă©videmment lĂ©gitimes et ont leurs sens. Je reste convaincu que la politique de la chaise vide est inefficace. Mais, grĂące Ă  notre esprit ocĂ©anien, je ne dĂ©sespĂšre pas qu’un jour prochain, nous puissions Ă  nouveau nous asseoir autour de la table et s’élever pour faire converger nos forces et nos convictions sur ce sujet du nuclĂ©aire. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir qui est ou non anti-nuclĂ©aire. Les essais ont pris fin, il y a vingt-cinq ans. Il faut s’appuyer sur ce passĂ© pour aller de l’avant, se projeter dans l’avenir et construire l’avenir de maniĂšre sereine. Il n’y a pas de brevet de lĂ©gitimitĂ© pour faire partie de cette dĂ©lĂ©gation Reko Tika, dĂšs lors que nous allons Ă  Paris au nom de la PolynĂ©sie française et pour porter la voix des PolynĂ©siens. Les revendications individuelles n’ont pas leur place ici, mieux elles deviennent des revendications collectives. Cette voix, je le disais, elle est le fruit de nos travaux collectifs. Il n’y a pas de sujet tabou dans ce que va prĂ©senter la dĂ©lĂ©gation. C’est d’ailleurs dans cet Ă©tat d’esprit que le PrĂ©sident de la RĂ©publique a acceptĂ© la tenue de cette table-ronde. Ce qui va ĂȘtre dit Ă  Paris est bien la traduction des revendications de la PolynĂ©sie française, y compris du message portĂ© par les associations qui ne nous accompagneront pas. D’ailleurs, comme je le disais plus haut, 193 a participĂ© pleinement aux ateliers prĂ©paratoires de cette mission et ses dolĂ©ances ont donc Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es. Il ne faut pas nous faire de procĂšs d’intention, ni faire de procĂšs d’intention Ă  l’Etat, ni Ă  qui que ce soit. Nous souhaitons continuer le travail commencĂ© par nos prĂ©dĂ©cesseurs, je pense Ă  Bruno Barillot, ou Roland Oldham
. Soyons comme Saint-Thomas. Il faut attendre de connaitre les rĂ©ponses qui seront formulĂ©es Ă  nos dolĂ©ances avant de prononcer le jugement dernier, comme certains l’ont dĂ©jĂ  fait. Mais il est vrai aussi que c’est la niĂšme rĂ©union tenue depuis trente ans
. Restons mobilisĂ©s. Ne nous lassons pas de chercher la vĂ©ritĂ© de quarante ans d’histoire nuclĂ©aire. Fallait-il ou non aller Ă  Paris pour mener ce dĂ©bat ? Fallait-il que ce dĂ©bat ait lieu Ă  Tahiti ? Je suis tentĂ© de dire que la question du lieu n’est pas dĂ©terminante sur nos chances de rĂ©ussite. La vĂ©ritĂ© ne dĂ©pend pas du lieu de rĂ©union. La vĂ©ritĂ© n’a pas de frontiĂšre. Elle dĂ©pend de la bonne volontĂ© des hommes. Mais je me range aussi Ă  ce qu’a dit le ministre SĂ©bastien Lecornu, lorsqu’il nous a tous rencontrĂ©s avec les associations lors de sa visite Ă  Paris, le retentissement mĂ©diatique sera plus important que si cela s’était dĂ©roulĂ© ici ». Mais ce n’est pas ce qui m’importe. Et je rajouterai aux propos du Ministre, le retentissement ne sera que plus important si les hauts responsables parisiens tendent une oreille attentive Ă  ce sujet qui nous intĂ©resse tous », puisque plusieurs d’entre nous ont pris sur leur temps personnel pour apporter leur contribution Ă  la rĂ©flexion. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique aura sans aucun doute Ă  cƓur de s’exprimer sur ces questions devant les PolynĂ©siens lors de sa prochaine visite. J’ai senti chez lui la volontĂ© de prendre le sujet Ă  bras le corps. Ce qui est certain, c’est que tout ne sera pas rĂ©solu en deux jours de table ronde. Nous en sommes parfaitement conscients. Nous obtiendrons certainement des rĂ©ponses sur certains sujets, durant les deux jours. Nous obtiendrons sans doute des ouvertures de travaux sur des sujets nĂ©cessitant des expertises juridiques ou Ă©conomiques. Nous avançons pas Ă  pas depuis de nombreuses annĂ©es. Mais, les premiĂšres rĂ©ponses qui nous seront donnĂ©es augureront ou non de la sincĂ©ritĂ© et de la volontĂ© de l’Etat Ă  aller de l’avant avec nous. Ce que nous voulons, c’est ouvrir un nouveau chapitre de notre histoire pour que vĂ©ritĂ© et justice soient faites. 1,045 visiteurs total, 3 visiteurs aujourd'hui Continue Reading
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